Une attention particulière à la destruction des couverts
Le premier modèle du rotavator Geohobel de la marque Rath vendu en France pour la destruction de couverts végétaux est chez un agriculteur de la Somme. Son propriétaire, Vincent Rimette, en proposait une démonstration, le week-end dernier dans le Santerre.
Le premier modèle du rotavator Geohobel de la marque Rath vendu en France pour la destruction de couverts végétaux est chez un agriculteur de la Somme. Son propriétaire, Vincent Rimette, en proposait une démonstration, le week-end dernier dans le Santerre.
Un broyeur à l’avant d’un tracteur et un rotavator à l’arrière, puis un bruit de bombardier au décollage avant que l’ensemble ne se mette à avaler ses premiers mètres d’un couvert végétal bien épais. Samedi dernier, sur la commune d’Offoy, à l’est de la Somme, Vincent Rimette proposait une démonstration de l’outil qu’il a acheté à l’automne 2020 pour la destruction de ses couverts. Il s’agit du modèle Geohobel 300 XL construit par le fabricant autrichien Rath Maschinen. L’engin est nouveau en France puisque Vincent Rimette est le premier à l’utiliser, après avoir découvert son fonctionnement un peu plus tôt, en vidéo. Pourtant, assure le jeune homme, ailleurs en Europe, les preuves de son efficacité ne sont plus à démontrer : «C’est un outil qui existe depuis 2015. Il en existe une cinquantaine en fonctionnement entre l’Autriche, la Suisse et l’Allemagne».
Une coupe franche et précise
D’une largeur de travail de 3 mètres, le rotavator Geohobel 300 XL permet de travailler le sol de manière superficielle – maximum
5 centimètres – tout en scalpant, puis en enfouissant dans le sol les restes d’un couvert végétal. Pour plus d’efficacité, celui-ci peut être préalablement broyé. Comparé à d’autres outils, le rotavator de Rath permet «une coupe franche et précise, en un seul passage», explique son utilisateur. Et d’inviter à se pencher sur le système de lames : «Grâce à un chevauchement de 3,3 centimètres, les lames peuvent bien faire leur action sur les plantes. La coupe est nette». L’usure de ces pièces serait aussi moins rapide avec une durée de vie estimée entre 300 et 400 hectares d’utilisation. La suite du travail ? C’est aux vers de terre et autres micro-organismes présents dans le sol de le faire. À la clé, un taux de matière organique augmenté. «Avec le couvert broyé, l’idée est de reproduire ce qui se passe sur un sol forestier. Sauf que dans une parcelle agricole cultivée, on n’a pas le temps de laisser les choses se faire, alors il faut aider en donnant un coup de pouce. D’où l’idée de faire un mulch avec un mélange de terre, de végétaux et d’oxygène», sourit l’agriculteur.
Limiter le recours au désherbant
Sur la parcelle occupée par la démonstration, il s’agissait d’un couvert multi-espèces «d’hiver» ; autrement dit avec des espèces non gélives : navette, seigle, triticale, trèfle incarnat et féveroles. «Dans l’idéal, j’essaie d’utiliser un maximum d’espèces que je peux produire moi-même ou acheter en semences de ferme». Le coût du couvert est ainsi réduit, ce qui permet à Vincent Rimette d’être plus «généreux» en termes de densité de semis : «Pour que le couvert joue véritablement un rôle sur la structure du sol, je cherche d’abord à avoir un couvert avec un fort développement racinaire. Ce n’est pas tout d’avoir une forte biomasse aérienne. Faut-il encore que les racines soient nombreuses et qu’elles se développent».
Pour aller jusqu’au bout de cette démarche, Vincent Rimette va jusqu’à faire se succéder deux semis de couverts entre une culture de céréales et celle de pommes de terre : «L’idée, détaille-t-il, c’est d’implanter un premier couvert tout de suite après la moisson, avec un mélange d’été qui sera composté fin septembre. Puis on implante un second couvert autour de mi-octobre qui restera en place jusqu’à cette période». L’étape d’après, c’est celle qui s’est déroulée la semaine dernière. Une fois que la vie microbienne et souterraine aura fait son œuvre sur les restes du couvert détruit – il faut compter une dizaine de jours, selon l’agriculteur –, Vincent Rimette y plantera donc bien des pommes de terre avec un ensemble fraise-planteuse. Sur l’autre parcelle en bio où le rotavator doit être également utilisé, il y sèmera des haricots. «Cela marche aussi sur des cultures semées avec des petites graines, comme le lin», ajoute-t-il, enthousiaste. Le rotavator peut en effet être employé à la fois sur des parcelles converties en agriculture bio, comme sur celles conduites en agriculture conventionnelle ; avec, dans ce second cas une volonté de réduire le recours à un désherbant pour détruire le couvert. «On peut tout à fait s’affranchir d’un passage de glyphosate, explique-t-il. Je me vois mal utiliser un désherbant total après avoir cherché à améliorer la vie du sol…»