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Une bonne année 2022 pour préparer 2023 ?

Le Cerfrance Picardie Nord de Seine a dévoilé le 20 septembre à Amiens les premiers résultats de la récolte 2022 dans la Somme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la performance économique est au rendez-vous, mais il faudra être prudent quant à l’utilisation de ces bénéfices. 

Les céréales – tous types confondus – sont les productions qui enregistrent la plus forte progression des marges.
Les céréales – tous types confondus – sont les productions qui enregistrent la plus forte progression des marges.
© A. P.

«C’est du jamais atteint». Qu’il s’agisse du blé, de l’escourgeon ou encore du colza, c’est la formule qui a été retenue à plusieurs reprises par les responsables du Cerfrance Picardie Nord de Seine qui présentaient le 20 septembre les premiers chiffres de la récolte 2022. Comme de coutume, contexte pédo-climatique, marchés, rendements, coûts de production, marges brutes ou encore capacité de financement ont été passés au crible par les experts du centre de gestion, Sébastien Daguenet et Christian Boddaert. 

 

Ceux qui gagnent, ceux qui perdent 

D’après les chiffres de Cerfrance, pas une production végétale n’échappe cette année à l’amélioration de la marge brute par hectare : + 150 €/ha pour les pois verts (1 400 €/ha) ; + 517 €/ha pour la betterave (2 105 €/ha) ; + 414 €/ha
pour la fécule (1 956 €/ha) ; + 75 € pour la pomme de terre de consommation (5 133 €/ha) ou encore + 136 €/ha pour le lin (2 751 €/ha). Les céréales – tous types confondus – sont les productions qui enregistrent la plus forte progression :
+ 573 €/ha pour le blé (1 952 €/ha) ; + 510 €/ha pour l’escourgeon (1 640 €/ha) ; + 416 €/ha pour le pois protéagineux (940 €/ha) ; + 202 €/ha pour l’orge de printemps et + 696 €/ha pour le colza.

Côté productions animales, l’élevage laitier, qui souvent est «à la traîne» selon les mots de Christian Boddaert, retrouve lui aussi des couleurs. «Cette année, les chiffres sont meilleurs et c’est tant mieux», a-t-il dit, dévoilant une marge brute de 248 €/1 000 l, avec un pic chez certains éleveurs pouvant atteindre 270 à 280 €/1 000 l. Comparé à la moyenne des marges brutes des dix dernières années, la marge 2022 est supérieure de 25 %. «On est à un niveau jamais atteint, mais cela est nécessaire compte tenu d’un niveau de charges de structure et d’un coût alimentaire qui ont augmenté.» Par système de production, la ferme à dominante «pommes de terre de consommation» est celle qui dégage l’EBE le plus important (277 000 €). Derrière, on trouve le système «plantes sarclées» (227 000 €), le système «laitier»
(201 000 €) et le système «céréales» (180 000 €). En définitive, seules les productions avicole et porcine ne profitent pas des bons chiffres 2022. En porc, par exemple, le revenu 2022 par animal est négatif (- 7 €), plombé par la hausse du prix de l’aliment. «Malgré une hausse du prix de vente du porc, cela ne suffit pas à avoir une marge positive», constate ainsi M. Boddaert. 

 

Un EBE en progression 

En augmentation de 50 000 € par rapport à 2021, l’excédent brut d’exploitation (EBE) moyen se chiffre en 2022 à 208 000 €, «ce qui va permettre de payer les annuités, d’améliorer le revenu des exploitants, d’améliorer la capacité d’autofinancement, mais aussi d’augmenter le fonds de roulement pour faire face à l’envolée de certaines charges», détaille Sébastien Daguenet. Et si d’une manière générale, les chiffres de la Ferme Somme sont «bons», chez Cerfrance Picardie Nord de Seine, on rappelle toutefois qu’il s’agit de «moyennes» qui peuvent par conséquent cacher de grandes disparités : «Le problème pour les entreprises déjà en difficulté, c’est qu’elles n’ont pas les moyens de se positionner tôt aux achats et les choses peuvent donc vite déraper dans un contexte haussier. Elles sont enfermées dans une sorte de cercle vicieux.»

 

Crainte de l’effet ciseaux 

De quoi sera fait 2023 ? Pour l’heure, il est bien évidemment trop tôt pour avancer de quelconques chiffres, hormis en céréales. La prévision de Cerfrance table sur une marge brute à l’hectare de 1 391 € pour le blé, compte tenu d’un rendement équivalent et d’un prix identique. Si cette marge est inférieure à celle de 2022, c’est bien en raison d’un niveau de charges proportionnelles plus élevé, celui-ci passant de 559 € par hectare à 1 039 € par hectare en 2023. À elle seule, cette estimation appelle la prudence : «2023 ne sera pas 2022, indique ainsi Sébastien Daguenet. Ce ne devrait pas être une année catastrophique, mais on peut déjà s’attendre à un résultat moindre.» Pour le président de Cerfrance Picardie Nord de Seine, Vincent Loisel, malgré des chiffres plutôt flatteurs, l’enthousiasme est aussi contenu : «Les résultats de la récolte 2022 sont souvent très bons, mais ils n’intègrent pas la hausse des charges à venir.» Face à cette hypothèse, pas de solution-miracle, comme l’a souligné Christian Boddaert : «La priorité va être de constituer des réserves financières à partir de cette récolte pour faire face à la hausse des charges de la récolte 2023 ainsi qu’aux prélèvements obligatoires qui vont en découler.» Enfin, cerise sur le gâteau, il faudra compter aussi avec la mise en œuvre d’une nouvelle Pac même si le sujet semble être mis à l’écart… du moins temporairement.

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