Une campagne fructueuse pour la plupart des agriculteurs de la région
Pour bénéficier rapidement d’une analyse économique de la campagne céréalière locale, le Groupe Carré a recours à son enquête Experts céréales, réalisée auprès de quarante agriculteurs, soit un peu plus de 1 400 ha. Le négoce livrait son résultat ce 15 septembre.
Pour bénéficier rapidement d’une analyse économique de la campagne céréalière locale, le Groupe Carré a recours à son enquête Experts céréales, réalisée auprès de quarante agriculteurs, soit un peu plus de 1 400 ha. Le négoce livrait son résultat ce 15 septembre.
Avec 103 quintaux de rendement et une marge brute de 208 €/t, soit 2 144 €/ha (en moyenne), on peut qualifier 2022 de bonne campagne de blé 2022. C’est en tout cas les chiffres qui ressortent de l’enquête Experts céréales du Groupe Carré. «Nous menons cette enquête chaque année pour bénéficier d’une analyse économique rapide. Cette année, 40 agriculteurs ont répondu à nos questions, pour 146 parcelles soit 1 433 ha, répartis sur toute notre zone de collecte», présente Philippe Touchais. Le directeur innovation et développement précise tout de même : «Ces résultats peuvent faire sursauter certains d’entre vous car, si la moyenne est bonne, l’hétérogénéité des rendements était élevée cette année. Des agriculteurs ont subi des résultats bien en-dessous.»
Plusieurs critères sont passés au peigne fin. Celui des coûts de production, qui font grincer les dents des céréaliers, en font partie. «Ils s’élèvent à 135 €/t, soit 3 € de plus qu’en 2021.» Les performances technico économiques auraient compensé la hausse des prix des intrants de 20 %. «Beaucoup sont aussi parvenus à répercuter cette hausse avec une bonne stratégie d’achat et d’apport. Moins de fumure a été apporté quand la parcelle présentait un bon précédent, par exemple.»
Ce coût est composé à 26 % par les charges mécaniques. «Ceux-ci ont été calculés via les itinéraires culturaux des agriculteurs, selon la technique du travail du sol (labour, TCS, semis direct) et le nombre de passages (engrais, traitements). On y a intégré les tarifs du barème d’entraide, avec hausse de 20 % sur le matériel, et un prix moyen du GNR à 1,4 €/l. Les déplacements moyens entre la ferme et la parcelle de 10 km, ainsi que des temps morts représentant 10 % des travaux, ont été considérés», justifie Philippe Touchais.
Quelle parcelle type ?
La parcelle type de cette enquête 2022 fait près de 10 ha de bonne terre (limon ou limon argileux), semée au 22 octobre avec une variété type Chevignon à 120 kg/ha. Pas de labour pour les trois quarts des parcelles, au moins un déchaumage pour 65 %, un semis avec rotative pour 17 % et 5 % avec un faux semis. 190 unités d’azote ont été apportés en moyenne en quatre apports (mixte azote liquide et ammonitrate). Deux passages d’herbicide ont été réalisés à l’automne, ainsi qu’un insecticide, un régulateur, deux fongicides, et un biocontrôle ou biostimulant. Résultat : un rendement à un peu plus que 100 qx/ha, à 11 de protéine et 81 de PS.
«Les précédents blé sur blé, maïs grain, betteraves arrachées tardivement et endives ont donné les moins bons rendements et les plus hauts coûts de production», note Philippe Touchais. Le choix de la date de semis a été déterminant. «Les semis avant le 15 octobre ont offert un gain de performance, et ceux après le 1er novembre ont permis une réduction des IFT.» Le choix de la variété a aussi joué. «Positiv, LG Audace et LG Appolo ont donné les meilleurs rendements. La marge nette a suivi.» Les OAD, eux, ont confirmé leur intérêt. «Ils ont permis d’ajuster la dose d’azote à 5 kg/ha près, ce qui aboutit à + 4 qx/ha et une économie de 9 €/ha de phyto.» La tendance a été aussi positive pour les biostimulants, avec 8 qx/ha de plus et 300 €/ha de marge nette supplémentaire.
Primordiale fertilisation
La fertilisation, justement, a été un point clé de la campagne. «On peut retenir que l’azote ne se raisonne pas en dose unique. L’optimum est dans la parcelle et les stratégies de fractionnement se questionnent.» Celles d’apports limités, à moins de 185 U, ont bien fonctionné en deux ou trois apports mais entraînent généralement des taux de protéine faibles. Celles d’apports élevés, à plus de 200 U, ont marché en bonne terre et très bonne terre avec des charges d’engrais maîtrisées (250 à 350 €/ha). Les agriculteurs du panel n’ont cependant pas été tous logés à la même enseigne quant au prix des engrais (x2 ou x3 selon les produits), mais n’ont pas pour autant opté pour des stratégies d’impasse, de fractionnement ni de différenciation des engrais.
Et en 2023, à quoi faut-il s’attendre ?
«Selon nos estimations, il faudra encaisser la facture des engrais multipliée par deux, une augmentation de 20 % des prix des phyto et des semences, et de 15 % des autres charges. Mais les prix de vente devraient rester hauts», projette Philippe Touchais. Si les rendements étaient correct, la marge brute serait réduite mais «resterait confortable», autour de 1 600 €/ha.
Pour le Groupe Carré, les agriculteurs doivent intégrer ces nouveaux chiffres des coûts de production, même s’ils peuvent faire peur. «Il y avait avant l’explosion des prix. Il y a maintenant. C’est une réalité qui est partie pour devenir la norme. Il faut changer de cadre de référence.»