Une dizaine de pays réalisent 95 % des transactions internationales
Sur les 375 millions de tonnes de céréales vendues dans le monde, une dizaine de pays en exportent 356 Mt, soit 95 % du commerce international. Les pays du bassin de la Mer Noire dominent les trois marchés de céréales, blé, orge, maïs (107 Mt) même si les états-Unis restent les premiers exportateurs de grains (77 Mt).
Durant la campagne 2019-2020, l’ensemble des agriculteurs de la planète aura produit 2 162 millions de tonnes (Mt) de céréales (du blé, de l’orge et du maïs essentiellement). Plus de 85 % des transactions commerciales sont effectuées par sept pays et par l’Union européenne (320 Mt sur 375 Mt). En ajoutant le Brésil et l’Afrique du sud, l’un et l’autre grands exportateurs de maïs, neuf pays et l’Union européenne (UE) expédieront d’ici la fin du mois de juin prochain, 356 Mt de grains, soit 95 % des transactions internationales et près de 17 % de la production mondiale de grains. Le commerce mondial s’est stabilisé depuis trois ans. Les quantités de grains produites en plus dans le monde (18 Mt) approvisionnent essentiellement les marchés intérieurs des pays importateurs. L’Inde et la Chine, les deux principaux producteurs mondiaux de céréales
(544 Mt), sont «des nains commerciaux» à l’échelle de la planète, aussi bien à l’export qu’à l’import. Les deux pays les plus peuplés de la planète produisent avant tout des céréales pour nourrir leur population. Les importations sont marginales (15,6 Mt attendues pour la Chine en 2019-2020, soit 3,5 % de la consommation totale).
Les Etats-Unis en tête
En excluant l’Empire du milieu, le commerce mondial de céréales porte sur 20 % de la production mondiale et non pas sur 17 %. Mais les dix principaux pays exportateurs vendent jusqu’à 30 % de leurs productions de grains, toutes variétés confondues. Les états-Unis restent en tête des pays exportateurs de céréales (77 Mt, soit 21,5 % des ventes mondiales). Mais trois ans auparavant, ils avaient commercialisé 92 Mt.
La montée en puissance de l’Argentine
Aussi, les marchés des céréales sont de plus en plus pilotés par les pays de la Mer Noire (Russie, Ukraine et Kazakhstan) auxquels il faut ajouter la Roumanie et la Bulgarie. Mais membres de l’Union européenne, leurs ventes sont comptabilisées avec celles des vingt-huit pays adhérents. La Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan expédieront jusqu’à 107 Mt de grains, toutes variétés confondues depuis les ports de la Mer Noire. La Russie et le Kazakhstan vendent exclusivement du blé et de l’orge tandis que l’Ukraine excelle sur le marché du maïs. La nouvelle campagne 2019-2020 confirme l’ascension commerciale de l’Argentine. Elle dispute la deuxième place des pays exportateurs mondiaux de grains avec l’Ukraine. L’Argentine a détrôné la Russie (4e exportateur mondial) et a rattrapé l’Ukraine sans avoir, pour autant, à affronter leur concurrence. En effet, elle écoule essentiellement ses grains durant la seconde partie de la campagne céréalière, après les mois de novembre et de décembre de chaque année.
L’Europe, 5e puissance exportatrice
Cinquième puissance exportatrice, l’UE vendra 36 Mt de grains. Mais la France livrera à elle seule un tiers des grains européens auxquels il faut ajouter le blé et l’orge vendus sur le marché européen. Le Canada (32 Mt) et l’Australie (14 Mt) sont les 6e et 7e pays exportateurs de blé et d’orges. Mais l’ile-continent n’est plus en mesure d’approvisionner les pays asiatiques comme par le passé car elle est confrontée depuis plusieurs années à des étés austraux caniculaires. Toutefois, ce repli n’a pas d’incidence sur le fonctionnement des marchés car les quantités de grains commercialisées en moins sont au final, très faibles. Enfin, les marchés mondiaux peuvent compter tous les ans sur les 8 à 10 Mt de blé kazakh. Le Kazakhstan a surmonté son enclavement en en faisant un axe stratégique. Il approvisionne à ses frontières plusieurs régions de la planète : le bassin de la Mer Noire (via l’Ukraine), le Moyen Orient (via la mer Caspienne) et la Chine avec laquelle il partage une frontière commune. Centrés sur le maïs, deux autres pays font partie du cartel des marchés mondiaux des céréales : le Brésil, le deuxième exportateur (33 Mt) et loin derrière, l’Afrique du Sud.
En bovin viande, le manque de rentabilité accentue la décapitalisation
Depuis trois ans, la décapitalisation du cheptel allaitant s’accélère, principalement sous l’effet d’une faible rentabilité. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Idele (Institut de l’élevage), présentée lors de la conférence Grand angle viande, le 5 décembre. Entre décembre 2016 et décembre 2018, la France a perdu 151 000 têtes, soit une baisse de 4 %. Une «décapitalisation très rapide» qui s’est «poursuivie en 2019», alerte Hélène Fuchey, économiste à l’Idele. Ce constat alarmant s’aggrave quand on analyse le nombre de détenteurs de plus de vingt vaches allaitantes. Régulière entre 2007 et 2016 (- 800 éleveurs par an), l’érosion a vu son rythme doubler depuis 2017, à - 1 500 éleveurs par an. «Le manque de rentabilité est ressorti comme le principal facteur des arrêts dans toutes les régions», explique Hélène Fuchey, suivi par la charge de travail et le manque de main-d’œuvre. Un phénomène persistant en bovins viande, et aggravé par les sécheresses de 2018 et 2019. Ces difficultés économiques viennent alourdir la baisse démographique «naturelle» du nombre d’éleveurs. D’après les chiffres d’Agreste, la classe des 50-60 ans concentre 55 % des chefs d’exploitation et 49 % du cheptel de vaches allaitantes. L’Idele, qui a étudié les dynamiques d’élevages dans quatre bassins de production, observe aussi des «contextes locaux contrastés». L’Ouest (Vendée, Mayenne, Maine-et-Loire) semble le plus marqué, suivi par les zones historiques du Limousin et du Charolais, qui se situent dans la moyenne nationale. Comme partout ailleurs, la Lozère et le Cantal font face à des pertes d’éleveurs, mais leur cheptel progresse toujours. Des différences qui peuvent s’expliquer par «le contexte d’emploi local et la possibilité ou non de changer de production», avance Hélène Fuchey. Combinée à l’incertitude sur les aides de la future Pac, cette évolution soulève des interrogations sur l’avenir de la filière. Une question qui concerne tout le secteur de l’élevage : pour Emmanuel Bernard, président du comité de filière bovins viande de l’Idele, «les chiffres ne montrent pas un transfert évident de la viande vers le lait et le cheptel laitier est aussi en érosion structurelle.»
La France laitière retrouve sa compétitivité
En 2018, la France a retrouvé la première place du classement des filières laitières les plus compétitives à travers le monde, annonce FranceAgriMer le 31 décembre, à l’occasion de la cinquième édition de la veille concurrentielle internationale sur le lait réalisée par le cabinet Agrex Consulting. La France avait perdu sa place en 2017, et succède aux Pays-Bas, relégués à la deuxième place de ce classement qui combine quarante critères (macroéconomie, maîtrise des facteurs naturels et durabilité des ressources, potentiel de production laitière...). «La France reste un producteur de lait de premier plan, mais dont les avantages comparatifs (production et demande très diversifiées, bonne image de marque et qualité des produits, bon niveau de recherche et sanitaire...) sont de moins en moins décisifs dans un contexte international plus compétitif», nuancent toutefois les auteurs de l’étude. «Ceci s’illustre notamment par la dégradation du solde du commerce extérieur de produits laitiers.» De son côté, les Pays-Bas ont connu en 2018 une seconde baisse consécutive de la production, marquée notamment par le poids croissant de la gestion des effluents d’élevage et l’apport d’engrais sur les parcelles, notent les auteurs.