Une grande attention pour de petits oiseaux
L’association OrnithoNature et la fédération régionale des chasseurs Hauts-de-France ont lancé le 14 février une opération de suivi et de renforcement des populations nicheuses d’hirondelles avec le soutien du Conseil régional.
L’ornithologue Eric Gallet était visiblement ému, le vendredi 14 février dernier à Saint-Laurent-Blangy (62), au moment de lancer officiellement le projet «Hirondelles des Hauts-de-France» qu’il porte avec son association OrnithoNature. Grâce à un partenariat passé avec la fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France et le soutien financier du Conseil régional, une vaste enquête - il s’agit d’un suivi participatif -, va être lancée pour mieux connaître la situation des populations d’hirondelles dans la région. Le second volet de ce projet va consister en la mise en œuvre d’actions pour favoriser la nidification. En l’espace de vingt ans, selon le Muséum national d’histoire naturelle, les populations d’hirondelles auraient diminué de 40 %. Parmi les causes de ce déclin, les observateurs pointent du doigt l’architecture moderne, les changements environnementaux et climatique, ainsi que la baisse des ressources trophiques.
Mieux connaître et aider l’espèce
Dans sa globalité, «ce projet s’adresse à tous les citoyens de la région, habitants, usagers, collectivités, entreprises, associations, établissements scolaires... désireux de contribuer à la sauvegarde des hirondelles», détaille Eric Gallet. Dès le printemps prochain, des actions de sensibilisation en milieu scolaire seront proposées. Elles seront l’occasion d’aborder avec un jeune public l’hirondelle dans ses différents états, mais aussi de construire des nids artificiels et de faire la promotion d’un site Internet dédié au recensement participatif des nids. Pour Franck Demazure, le président de la fédération régionale des chasseurs qui justifie l’implication des fédérations de chasseurs dans le projet par leur mission d’éducation à la nature, «les hirondelles n’auront plus aucun secret». Enfin, des journées de sensibilisation à destination d’un public adulte seront également proposées au cours desquelles des bacs à boue seront implantés ; la boue étant une matière première indispensable à la construction de leurs nids.
Les contacts pris entre OrnithoNature et la fédération nationale des chasseurs font quant à eux qu’une attention y est également portée à l’échelle nationale. Et Willy Schraen, le président national des chasseurs, de conclure : «la rencontre entre nos deux mondes peut paraître improbable, mais je suis convaincu que nous avons validé un programme assez extraordinaire pour la biodiversité qui nous est chère, que l’on soit chasseur ou pas».
Une initiative qui déplaît chez d'autres naturalistes
Plus on en fait pour la biodiversité et plus il devrait y avoir matière à se réjouir. Le Groupe ornithologique et naturaliste du Nord-Pas de Calais (GON) lui, n'est pas de cet avis. Sitôt le lancement de l'opération Hirondelles des Hauts-de-France officialisé, l'association a réagi sur sa page Facebook en dénonçant un plagiat de la part de la Région Hauts-de-France et du monde cynégétique «pour s’acheter une conscience environnementale». L'opération lancée le 14 février n'est pas la seule à s'attirer les foudres du GON. Celui-ci critique aussi la mise en place de l’opération « Des oiseaux dans mon jardin », présentée comme la « pâle copie de l’opération « Oiseaux des jardins » menée depuis 10 ans par la Ligue pour la Protection des Oiseaux et le Muséum National d’Histoire Naturelle », ou encore l'opération conduite par les fédérations départementales des chasseurs et des pêcheurs, parrainée par la Région Hauts-de-France, «Hauts-de-France Propres». Pour le GON, chacune de ces animations n’aurait comme objectif «que de redorer le blason d’un monde cynégétique de plus en plus décrié par l’opinion publique».