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Une marche avec des agriculteurs contre les idées reçues

Agriculteur à Bourseville, Frédéric Richard animera l’un des quatre stands prévus sur le parcours de la première édition d’une randonnée pédestre organisée dans le cadre de l’opération Nature en ferme.

Quand on lui parle de biodiversité, Frédéric Richard emmène ses visiteurs dans les pâtures qu’il a semé en 2000 autour de son bâtiment d’élevage, après un déplacement de sa ferme du centre du village de Bourseville vers l’extérieur de la commune.
Quand on lui parle de biodiversité, Frédéric Richard emmène ses visiteurs dans les pâtures qu’il a semé en 2000 autour de son bâtiment d’élevage, après un déplacement de sa ferme du centre du village de Bourseville vers l’extérieur de la commune.
© D. R.



Ce dimanche 13 septembre, entre deux traites, Frédéric Richard ira rejoindre le stand «auxiliaires de cultures» qui lui a été attribué avec deux techniciens de la Chambre d’agriculture sur le parcours de la balade guidée «Nature en ferme». D’habitude, quand l’agriculteur et éleveur sur la commune de Bourseville met ses bottes ou ses chaussures de randonnée, c’est pour parcourir ses champs ou rendre visite à son troupeau de vaches laitières. Cette fois, c’est lui qui attendra que l’on vienne à sa rencontre, prêt à répondre aux questions. Quelques jours avant la tenue de l’événement, Frédéric Richard se confiait sur la manière dont il appréhende ce rendez-vous inédit : «L’idée, explique-t-il, c’est d’aborder un certain nombre de thématiques de manière ludique avec un quizz et rapide». Le thème retenu sur l’atelier qu’il sera chargé d’animer ? «Les auxiliaires de cultures face aux ravageurs, et les méthodes pour favoriser leur présence.» Frédéric Richard y parlera de sa propre expérience, «en tant qu’agriculteur bien sûr, sourit-il. Je ne suis pas naturaliste».  

Des pratiques vertueuses à partager
Si les randonneurs le souhaitent, peut-être qu’ils pourront aussi échanger avec lui sur ses propres pratiques. Installé sur une exploitation de 113 hectares, l’agriculteur cultive principalement des céréales, des betteraves, du maïs pour l’alimentation de son troupeau laitier et entretient des prairies. Même s’il reste peu disert sur le sujet, sans doute par modestie ou parce qu’il estime cela «normal», Frédéric Richard travaille sur une ferme exemplaire à plus d’un titre. Depuis plusieurs années, il a ainsi recours à la protection intégrée pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires dans ses champs. Le principe ? «Être plus dans une démarche préventive que curative», explique M. Richard. Depuis un an, il s’essaie au semis direct et s’intéresse à l’agriculture de conservation des sols (ACS) ; d’abord sur des cultures de printemps et pour le semis des couverts d’interculture, avant de songer à élargir au reste de l’assolement.
En ce qui concerne les auxiliaires, «la première chose à faire, c’est d’avoir des pratiques qui ne leur font pas de tort». Frédéric Richard participe ensuite au bulletin biovigilance dans le cadre du plan Ecophyto en lien avec la Chambre départementale d’agriculture et en participant sur certaines de ses parcelles à des comptages de vers de terre. Dimanche, en présence de grand public, il ne sera pas forcément question d’entrer trop dans les détails de ces observations et expérimentations : «On doit faire simple si l’on veut que les participants en retiennent quelque chose.»

Une agriculture à expliquer
En participant à cette initiative, Frédéric Richard espère ainsi «casser» certaines idées reçues. L’agribashing ? «Évidemment, qu’on le prend mal et qu’on en souffre, soupire-t-il. Et tout cela parce que les gens ne connaissent pas ce que l’on fait.» La période de confinement lié au Covid-19 s’est révélée particulièrement sensible : «Beaucoup de personnes venaient s’aérer (entre guillemets) à la campagne pendant que nous, nous étions au travail. On a vu des gens nous regarder de travers quand nous étions dans les champs avec nos pulvérisateurs par exemple ou se boucher le nez. Pour beaucoup, dès qu’on croise un pulvérisateur, il y a forcément un mauvais produit dedans alors que ce peut être aussi une solution de biocontrôle...»
L’agriculteur s’inquiète également de la poursuite du «consommer local» : «Les gens ont besoin de nous pendant le confinement, mais est-ce que cela va durer ?» Pour éviter de lire un flot régulier de critiques, il prend également soin de se tenir loin des réseaux sociaux : «Je laisse ça à d’autres..., esquisse-t-il en rigolant. C’est à s’en rendre malade. Si on veut s’y mettre et répondre à toutes les bêtises qu’on lit, on ne s’arrête jamais.» Mais quoi qu’il en soit, Frédéric Richard comme les autres agriculteurs du canton qui participeront à l’organisation de Nature en ferme en sont convaincus : «Il faut communiquer et expliquer ce que l’on fait.» La randonnée de 6 kilomètres prévue autour du village de Woignarue devrait sans aucun leur donner l’occasion de le faire dans un cadre idyllique, sous un soleil radieux.


Un événement familial pour fêter la biodiversité tous ensemble

Dans le cadre de l’année de la biodiversité, la FRSEA Hauts-de-France et la FDSEA de la Somme organisent une randonnée nature le dimanche 13 septembre à partir de 9h, rue du Moulin à Woignarue, chez Stéphane Henocque, agriculteur/éleveur de la commune. L’idée : faire découvrir ou redécouvrir aux randonneurs la biodiversité qui réside dans les champs et la complémentarité qui existe entre agriculture et environnement. Une balade de 1h/1h30 en plaine et dans les bas-champs de 6km, en compagnie d’agriculteur(s) du Vimeu. Au départ, un café et du pain perdu aux participants sera offert aux participants par la commission des agricultrices. Sur la route, les promeneurs découvriront quatre stands thématiques : «Élevage et biodiversité» ; «Réseau Dephy» ; «Bas champs et biodiversité» ; «auxiliaires de cultures». Sur le retour, un marché fermier se tiendra dans la ferme de Stéphane. L’événement se déroule en partenariat avec la chambre d’agriculture de la Somme, le Syndicat mixte Baie de Somme et Picardie Lait.

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