Lapins : une nouvelle génération de bâtiment pour un jeune éleveur
À l’ouest de la Somme, Pierre Carton vient d’investir dans un bâtiment d’élevage de lapins qui permet une meilleure prise en compte du bien-être animal. Un outil qu’il compte bien utiliser pour défendre une production marginale.
À l’ouest de la Somme, Pierre Carton vient d’investir dans un bâtiment d’élevage de lapins qui permet une meilleure prise en compte du bien-être animal. Un outil qu’il compte bien utiliser pour défendre une production marginale.
Les élevages de lapins dans les Hauts-de-France ne sont pas monnaie courante et la filière, quoique discrète, est souvent associée à un mode de production intensive. C’est pour casser cette image et redonner à l’élevage de lapin de chair des lettres de noblesse que Pierre Carton a investi dans un bâtiment de nouvelle génération. Dans son village, l’installation qu’il a inauguré en ce milieu de semaine avec ses proches, ceux qui l’ont aidé dans ce projet, ses clients et fournisseurs ne ressemble pas à celle que l’on peut visiter d’ordinaire. Si le jeune éleveur s’est lancé dans la production cunicole, c’est à la fois parce qu’elle requiert de la technicité, qu’elle n’est pas courante, et «parce qu’il s’agit d’une viande noble et très bonne», sourit-il. Bien qu’il s’agisse d’un nouveau bâtiment et malgré son jeune âge (24 ans), Pierre Carton n’en est pas pour autant au stade découverte du métier d’éleveur de lapins. En effet, jusqu’en janvier 2020, Pierre et son père exploitait déjà un bâtiment d’un autre type, vieux de 35 ans, où ils ne faisaient que de l’engraissement. Avec celui-ci, ils entrent dans une nouvelle ère : «Le but est de viser moins de productivité et de mettre plus l’accent sur le bien-être animal en ayant une meilleure qualité sur la viande», explique Pierre.
En post-sevrage, espace et liberté
À l’intérieur, la structure de 1344 m2 se divise en deux espaces : une maternité où sont logées les femelles reproductrices – la capacité est de 650 mères – et leur suite ; de l’autre, un espace «engraissement» plutôt ouvert. Dans la première partie du bâtiment, des combi-parc sont installées pour accueillir les femelles gestantes. «Il s’agit de combi-parc, et ils sont plus grands que dans un élevage classique, ne dispose plus de grillage au sol mais du plastique ainsi qu’une mezzanine pour apporter de la surface en plus. De plus, il n’y a plus de plafond, ce qui permet à la lapine de reproduire un comportement similaire à la nature», explique Pierre Carton. L’idée de ce type de logement est de recréer à peu de choses près l’ambiance d’une mise bas le plus confortable possible. L’espace y serait, selon l’éleveur, «deux fois plus grand que dans des cages classiques». L’éclairage, naturel grâce à de larges ouvertures sur les flancs du bâtiment, se complète par un système de lampes à leds dont l’intensité peut être contrôlée afin de recréer l’aube et le crépuscule.
Après la période de sevrage, les lapereaux rejoignent la seconde aile du bâtiment où ils sont logés dans des parcs. Chacune mesure 3,5 m de largeur pour une longueur de 5,40 m et peut contenir jusqu’à 250 individus. Un terrier y a été construit afin d’avoir une zone d’ombre comme au naturel, le tout complété par huit mezzanines mobiles. Dans ces boxes qui ressemblent à s’y méprendre aux cases que l’on trouve dans les bâtiments d’élevage porcin post-sevrage, les lapins sont en liberté, permettant leur mouvement et les contacts sociaux. Là encore, une autre manière de faire que celle que l’on connait d’habitude : «Certains éleveurs restent perplexes sur la méthode, rapporte Pierre Carton, et appréhendent la cohabitation entre tous les animaux. Mais le fait de les laisser se balader librement dans les parcs donne un tout nouveau style d’élevage auxquels les résultats sont ressortis positifs.» Pour être abattus, les lapins doivent atteindre un poids de 2,5 kilos en moyenne. C’est l’abattoir Socla, installé à Vaudringhem (62) qui réalise la prestation et commercialise la viande.
Une production d’avenir
Les premières femelles reproductrices devraient être installées courant juillet. Elles seront inséminées et mettront bas environ
trente jours plus tard. Ce sera le début d’un nouveau challenge pour Pierre Carton qui a déjà réussi celui de construire son bâtiment dans un contexte particulier, marqué par la Covid-19 et la flambée des matériaux de construction. En ouvrant les portes de son bâtiment cette semaine, Pierre espère changer l’image et montrer qu’il s’agit d’une production d’avenir. Selon différentes sources, la Chine resterait le premier pays éleveur de lapins pour leur chair. Avec environ 600 éleveurs, la France occuperait, quant à elle, le rang de 4e plus gros pays producteur mondial, derrière l’Italie et de l’Espagne.
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V. B.