Coopération betteravière
Une très bonne année 2023 pour Tereos
Le groupe sucrier Tereos a présenté ses chiffres annuels à Paris le 29 mai. Il affiche un bénéfice annuel net de 448 millions d’euros. Son endettement structurel s’est considérablement réduit au cours du dernier exercice.
Le groupe sucrier Tereos a présenté ses chiffres annuels à Paris le 29 mai. Il affiche un bénéfice annuel net de 448 millions d’euros. Son endettement structurel s’est considérablement réduit au cours du dernier exercice.
Gérard Clay, président du conseil d’administration de Tereos, pouvait avoir le sourire aux lèvres quand il a introduit son exposé sur les chiffres du groupe qui rassemble 10 700 agriculteurs-coopérateurs et 15 800 collaborateurs. «Nous sommes dans une dynamique très positive», a-t-il indiqué, relatant un chiffre d’affaires en hausse de + 9 % et une marge opérationnelle brute de + 11,7 % «quand l’objectif était de 5 %». Plus concrètement, le groupe sucrier a réalisé un chiffre d’affaires de 7,1 milliards d’euros (Md€) dans un environnement économique toujours variable. En effet, si le taux de change entre dollar et euro a peu varié, les cours des céréales (- 22 %) et de l’éthanol (- 25 %) ont fortement diminué et ceux du gaz ont chuté (- 70 %) quand, dans le même temps, le marché du sucre a fortement augmenté en 2023 (+ 26,6 %) au plan mondial. Tereos a naturellement bénéficié de cette conjoncture somme toute favorable pour dégager un bénéfice opérationnel à 836 millions d'euros (M€), en progression de + 26 % par rapport à l’exercice précédent (664 M€ en 2022-2023*). Son résultat net affiche, quant à lui, 448 M€ contre 161 M€ l’exercice précédent.
Décarbonation
Grâce à ses bons résultats, le premier groupe sucrier français dont le sucre ne représente finalement que 45 % du chiffre d’affaires global (lire encadré) poursuit son désendettement structurel. Au plus haut en 2021, avec 1,814 Md€, il ne représente plus, trois ans plus tard, qu’1,034 Md€, soit - 780 M€ en trois ans. L’endettement global reste toutefois élevé à 2,37 Md€ contre 2,7 Md€ en 2022-2023. Mais sa structuration a changé : le besoin en fonds de roulement reste important avec 1,337 Md€ (719 M€ en 2021, 709 M€ en 2022). «Mais il est plus facile de négocier cette dette conjoncturelle (…) Cette dette reste acceptable», a indiqué le directeur financier, Gwenaël Elies. «Ces performances sont aussi le fruit des transformations et des réorganisations industrielles», a commenté Olivier Leducq, directeur général depuis le mois de septembre 2023. Le groupe a en effet annoncé, ces derniers mois, la fermeture de trois sites en France : une distillerie (Morains-Marne), une sucrerie (Escaudœuvres-Marne) et une féculerie (Haussimont-Marne). Le groupe, propriétaire des marques Béghin Say et La Perruche, entend poursuivre sa feuille de route de décarbonation. Olivier Leducq a ainsi confirmé les annonces faites en mars dernier, c’est-à-dire un investissement de 800 M€ «pour réduire de 65 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2033, par rapport à son exercice 2022-2023». Le bilan carbone global du groupe s’élevait à 8,7 millions de tonnes équivalent CO2, en 2023. Tereos s'est fixé pour objectif de déployer des pratiques agricoles régénératrices sur 20 % des surfaces cultivées en betteraves par ses associés coopérateurs d'ici neuf ans. Le groupe financera 1 000 bilans carbone qui seront réalisés sur les exploitations de ces associés. Au total, ce sont 78 projets majeurs qui seront déployés avant 2033 sur seize sites industriels du groupe. En somme, la grave crise interne en 2020 qui avait conduit au départ de la direction historique du groupe semble aujourd’hui très loin.
* L’exercice de Tereos couvre la période du 1er avril N-1 au 31 mars N.
Un groupe diversifié
Le groupe Tereos n’est pas qu’un producteur de sucre. Cette activité ne représente que 45 % de son chiffre d’affaires. Les 55 % restant sont constitués de la production d’alcool et d’éthanol (17 %), de produits sucrants (15 %), d’énergies renouvelables (8 %/notamment au Brésil), de protéines (6 %), d’amidon (5 %) et de nutrition animale. À propos de la production d’alcool, Olivier Leducq, directeur général, s’est inquiété de la perte de souveraineté de l’Europe dans ce domaine : «On importait 2 à 3 % de notre alcool il y encore quatre ou cinq ans. Mais depuis la crise Covid, ces importations représentent maintenant 20 %, principalement en provenance du Pakistan et à des prix bradés. C’est pour nous un point de vigilance», a-t-il dit.