Gestion
Vérifier sa capacité de financement avant d'investir
Avant d’investir, il est nécessaire de bien étudier sa situation financière. Lorsque vous décidez de faire un premier investissement ou le remplacement d’un matériel sur votre exploitation, quelques calculs et réflexions sont nécessaires, avant de passer à l’acte.
Avant d’investir, il est nécessaire de bien étudier sa situation financière. Lorsque vous décidez de faire un premier investissement ou le remplacement d’un matériel sur votre exploitation, quelques calculs et réflexions sont nécessaires, avant de passer à l’acte.
Si vous ne disposez pas de ressources financières suffisantes pour effectuer l’investissement, vous devrez puiser dans votre trésorerie à court terme. Il s’en suivra un déséquilibre financier. C’est pourquoi, il est nécessaire de respecter et rappeler certaines règles qui sont les bases à la gestion financière de l’exploitation :
D’abord financer son besoin en fonds de roulement au maximum, c’est-à-dire les avances aux cultures (engrais, semences, phyto), les charges d’approvisionnement (GNR…), le paiement des cotisations sociales … ;
Financer une marge de sécurité de votre système exploitation à hauteur de 10 à 15 % de votre valeur ajoutée, pour permettre de supporter la volatilité des prix, les imprévus, par exemple une grosse réparation de matériel ;
Financer la croissance de l’exploitation si elle est dans ce cas (reprise de terres, développement d’une nouvelle activité…).
Les financements à court terme sont en principe à un taux plus élevé que le financement à moyen terme.
Dois-je emprunter en totalité ?
Si vous décidez de faire un emprunt, le plus souvent et le mieux, un apport de fonds propres à hauteur de 20 % à 30 % permet de rendre compatible, dans beaucoup de situations, votre capacité de remboursement avec votre niveau global d’endettement. Dans le cas d’un renouvellement, cet apport est fait avec le montant de la reprise de l’ancien matériel. Un indicateur comme le ratio «annuité/EBE» ou le taux d’endettement permet de déterminer à quel niveau de remboursement et d’endettement se situe votre entreprise. Les annuités de l’exploitation doivent respecter, en principe, un ratio inférieur à 45 % par rapport à l’excédent brut de votre exploitation (EBE), voire 60 % pour les jeunes agriculteurs. Le taux d’endettement doit être inférieur à 60 %, au-delà de ces taux, le risque financier devient important et la banque risque d’être «gelé». C’est pourquoi, le risque en cas de «mauvaise année» sera certainement plus préjudiciable aux éventuels remboursements.
Votre capacité de remboursement de nouvelles annuités peut également être estimée en calculant la différence entre l’EBE et les besoins privés et les annuités existantes. Il est essentiel de laisser une marge de sécurité satisfaisante en cas d’imprévus. L’autofinancement de l’investissement est à étudier uniquement si les réserves de trésorerie sont largement suffisantes. On pourrait même dire que le matériel de renouvellement soit auto-financer, car on a passé en charge les amortissements au fil des ans et l’on aurait recours que pour les investissements sur le développement de l’exploitation, par exemple, reprise à l’extérieur, création d’une nouvelle production…
Toujours est-il, consulter votre banquier pour connaître les possibilités qui vous sont offertes en termes de taux et de durée, notamment le taux effectif global qui prend en compte le taux d’intérêt, les frais de dossiers et l’assurance. Les garanties sollicitées par votre banque seront aussi importantes que le financement lui-même.
Chercher la rentabilité de l’investissement
C’est la première chose à regarder avant d’investir. L’investissement doit correspondre à son exploitation et ne pas être surdimensionner. Il faut qu’il soit adapté. Et c’est bien souvent ce qui pénalise la plupart des exploitations, car elles n’ont pas forcément la capacité à rembourser et la nécessité d’un tel matériel.
Donc, il faut vérifier avant tout, la faisabilité de l’investissement. Ce qui implique de connaître la rentabilité de l’investissement que l’on envisage de faire pour savoir son coût horaire ou son coût à l’hectare.
Les conséquences liées à cet investissement doivent également être évaluées. L’investissement réalisé peut induire d’autres investissements en chaîne. Par exemple, du matériel de travail de sol mieux adapté, suite, à l’achat d’un tracteur plus puissant… C’est pourquoi, tous les paramètres collatéraux d’un investissement doivent être mesurés, et c’est avant que ce travail soit être réalisé pour ne pas avoir de mauvaises surprises après.
Pourquoi pas intégrer une Cuma, qui permettrait de limiter son investissement et d’avoir le matériel à sa disposition avec quelques contraintes.
Au même titre, si l’exploitant décide de faire des prestations de services à l’extérieur, pour amortir plus rapidement un investissement, il faudra regarder si cette nouvelle activité modifiera l’organisation du travail et comment dans ce cas faire face aux pointes de travail.
Impact fiscal doit être mesuré
Pour mesurer l’impact de votre financement, il faut intégrer les aspects sociaux et fiscaux. Si vous réalisez votre investissement sous la forme d’un autofinancement, seuls les amortissements seront déductibles de votre revenu agricole. Si vous sollicitez un financement bancaire, les intérêts des emprunts seront déduits de votre revenu imposable en plus des amortissements. Cela influencera automatiquement sur vos cotisations sociales et votre impôt sur le revenu.
L’impact fiscal peut être tout à fait différent si vous achetez du matériel neuf ou d’occasion, notamment sur le calcul des amortissements (charges déductibles) dégagés par l’investissement. Pour un matériel neuf, vous pourrez amortir selon le système dégressif qui permet de bénéficier de charges plus importantes au début. Par exemple un achat de 100 000 € amorti sur 5 années favorisera des charges déductibles à hauteur de 35 000 € la première année (taux de 35 %) au lieu de 20 000 € dans un mode linéaire (taux de 20 %). Mais attention, l’application du dégressif ne peut se faire que sur du matériel neuf. Si c’est de l’occasion ou du matériel de démonstration, c’est le système linéaire y est applicable obligatoirement, donc moins de marge de manœuvre dans le choix des amortissements.
En dégressif, durant les années suivantes, vous pourrez piloter et optimiser votre revenu en choisissant votre montant d’amortissement entre un minimum et un maximum, chose qui n’est pas réalisable en mode linéaire, qui lui, reste constant.
Garder sa trésorerie
L’autofinancement n’apparaît pas dans beaucoup de situations comme la meilleure formule. Il convient plutôt de faire financer ses équipements matériels et autres, sur des durées plus courtes et de conserver sa trésorerie court terme, qui est un élément indispensable et crucial de la gestion d’une exploitation, voire garder une poire pour la soif qui vous met à l’abri des imprévus quelque qui soit.
Autre élément important et primordial, ne pas oublier la capacité de remboursement de votre exploitation actuelle et celle pour vos investissements futurs. Ce calcul est indispensable pour savoir si vous pouvez réaliser votre investissement.
N’hésitez pas à prendre contact avec votre conseiller, même de manière ponctuelle, pour qu’il vous éclaire sur la stratégie à adopter sur votre exploitation, de faire des simulations et de déterminer les limites à ne pas dépasser afin de garder un bon «volant» de trésorerie pour votre exploitation.