Betteraves : vers une indemnisation totale en cas de jaunisse
Les acteurs de la filière betteraves-sucre avaient rendez-vous le 9 février au ministère de l’Agriculture. Les discussions ont abouti au principe d’une indemnisation totale en cas d’attaque massive des pucerons sur la betterave.
Les acteurs de la filière betteraves-sucre avaient rendez-vous le 9 février au ministère de l’Agriculture. Les discussions ont abouti au principe d’une indemnisation totale en cas d’attaque massive des pucerons sur la betterave.
Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a réuni les acteurs de la filière sucre le 9 février pour évoquer les conséquences de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 19 janvier dernier qui interdit l’usage des néonicotinoïdes. Comme l’avait laissé entendre le président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), Franck Sander, à l’occasion de la manifestation du 8 février aux Invalides (Paris), le ministre s’oriente vers une «indemnisation sans plafond et sans franchise», en cas d’attaque massive des pucerons qui provoquent la jaunisse de la betterave. «À court et moyen terme, il est important d’apporter des garanties pour permettre aux agriculteurs de semer des betteraves dès le 15 mars (…) grâce à cette assurance publique», a indiqué Franck Sander. L’objectif est aussi, à travers les planteurs de betteraves, de rassurer la filière qui concerne plus de 400 000 ha et près de 24 000 planteurs dans sept régions de France auxquels s’ajoutent 21 sucreries qui génèrent 6 000 emplois directs.
Pas d’engagement sur le montant
Franck Sander, Alain Carré, président de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) et Christian Spiegeleer, président du Syndicat national des fabricants de sucre de France (SNFS) ont salué la «réactivité du ministère» dans la gestion de ce dossier puis la décision de la CJUE.
Attaques des pucerons en 2023
Il reste maintenant à peaufiner les détails de ce plan d’action, notamment les périodes de référence sur lesquelles cette indemnisation pourrait se baser. Plusieurs réunions entre la filière et le ministère sont prévues dans les prochaines semaines.
Interrogé sur une possible référence comprenant les années 2017-2018-2019, le ministre de l’Agriculture a répondu que c’était très certainement «à discuter». Il s’est, en tout cas, refusé à évoquer une quelconque enveloppe, «ne connaissant pas l’ampleur des possibles attaques de pucerons» et, par conséquent, les volumes potentiellement détruits. Il a toutefois reconnu que le système des minimis n’avait pas suffisamment indemnisé les betteraviers en 2020.
Une pression virale encore floue
Selon un outil de prédiction mis au point grâce au Plan national de recherche et d’innovation (PNRI), la filière s’attend à des attaques pour la campagne 2023, «dans une fourchette plutôt basse, (…) avec une pression moins forte que celle de 2020 qui avait été une année exceptionnelle». Certains producteurs avaient alors perdu jusqu’à 70 % de leur récolte. Si ces prévisions devaient se confirmer, les betteraviers pourraient contrer les attaques avec les produits phytosanitaires à leur disposition : le Teppeki® et le Movento®. «Mais ils resteront insuffisants en cas d’attaque massive», a précisé le président de la CGB.
Enfin, Marc Fesneau a annoncé vouloir accélérer la recherche à travers le PNRI pour trouver des solutions alternatives. Celles comme le biocontrôle et les plantes auxiliaires (avoine notamment) sont en test et ne donnent, pour l’heure, pas toutes les garanties aux agriculteurs. Cette annonce «sans laquelle nous aurions vu disparaître un quart de la production française», a précisé Franck Sander, devrait permettre d’éclaircir un peu plus l’horizon planteurs de betteraves sur leurs choix d’assolement. Avec le secret espoir de faire perdurer la filière betteraves-sucre française.