Week-ends et vacances dans le viseur des anti-chasse
Les prises de position et les initiatives contre une pratique de la chasse tous les jours de la semaine se
multiplient après la proposition d’un candidat à l’élection présidentielle et une actualité récente marquée par plusieurs accidents graves.
Les prises de position et les initiatives contre une pratique de la chasse tous les jours de la semaine se
multiplient après la proposition d’un candidat à l’élection présidentielle et une actualité récente marquée par plusieurs accidents graves.
On ne peut pas vraiment dire que la déclaration du candidat écologiste à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, le 29 octobre, sur la pratique de la chasse les week-ends et les vacances scolaires ait contribué à faire redescendre la pression dans les rangs des chasseurs de France. Il y a quelques jours, le candidat défendait en effet sur BFMTV et RMC l’interdiction de la chasse certains jours de la semaine et à certaines périodes de l’année pour, affirme-t-il, «qu’on puisse se balader dans la nature». Il justifie cette proposition par les nombreux accidents de chasse touchant les particuliers, prenant l’exemple d’un «promeneur hier en Haute-Savoie, qui a pris une balle à côté d’un cimetière». «Les trois quarts des personnes qui vivent dans la ruralité n’osent pas aller se promener le dimanche quand il y a des tirs de fusil, ce n’est pas normal», a-t-il ajouté.
Pour Pompili, un débat s’impose
Si la déclaration du candidat écologiste a fait bondir le président des chasseurs de France, Willy Schraen, la proposition ne déplait pas en revanche à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Sur un sujet aussi sensible, la ministre fait toutefois l’objet d’une certaine réserve face à la radicalité de la proposition du candidat Jadot. Pour elle, le sujet est matière à débat, comme elle l’a souligné sur France Info le 3 novembre dernier : «Ça fait partie des débats qui existent depuis longtemps sur la question du partage de l’espace» et «c’est une idée qui, à un moment, se pose et sur laquelle on doit avoir un débat», a-t-elle dit. Alors qu’une journée hebdomadaire sans chasse avait déjà été imposée au niveau national en 2000 avant que la mesure soit abrogée en 2003 – la mesure était issue de la Loi Voynet –, Barbara Pompili assure ne pas avoir de position arrêtée : «Tout peut être fait. Il faut aussi regarder territoire par territoire (…) S’il faut un encadrement au niveau national, encore une fois, il y a des débats aujourd’hui. Je n’ai pas peur du débat politique, que le débat s’engage et qu’on regarde jusqu’où on peut aller.»
Dans le même laps de temps, Willy Schraen a qualifié, pour sa part, de «débiles» les propos de Yannick Jadot. «Si vous voulez interdire quelque chose, qu’ils interdisent la chasse tout court, parce que les gens qui chassent sont des gens qui travaillent.» Autrement dit, selon le patron des chasseurs, interdire la pratique de la chasse le week-end serait synonyme de petite mort pour un loisir pratiqué majoritairement les fins de semaine par des retraités, mais qui compte aussi un grand nombre d’actifs.
Des sondages défavorables
Les Français, quant à eux, qu’en pensent-ils ? En réalité, il n’est pas vraiment facile de le savoir. Si plusieurs sondages ont été lancés par des médias nationaux sur le thème «faut-il encore autoriser ou non la chasse le week-end», les résultats sont variables. Selon un sondage Ifop réalisé pour le Journal du dimanche (JDD) paru le 7 novembre, 69 % des Français seraient favorables à l’interdiction de la chasse le week-end et pendant les périodes de vacances». D’autres sondages – Le Figaro, Libération – ont été lancés ces derniers jours avec des résultats différents. D’après celui lancé par Le Figaro le 31 octobre, et toujours accessible en ligne, 57 % des participants déclarent ne pas être opposés à une pratique de la chasse le week-end et pendant les vacances. Il faut toutefois souligner que le sondage avait fait l’objet d’un grand nombre de partages au sein de communauté cynégétique pour tenter d’inverser une tendance mal engagée…
Après une succession d’accidents de chasse au cours des dernières semaines – une mauvaise loi des sériés –, la tension n’est pas près de baisser. Malgré les appels réguliers à faire preuve de prudence lors de l’organisation de battues, la formation obligatoire des chasseurs ou la mise en place de modules complémentaires, le port de vêtements fluos…, chaque accident est à chaque fois un accident de trop. Début novembre, au micro de Sud Radio, le président de la fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a présenté ses «excuses» après deux accidents mettant en cause des chasseurs et ayant entraîné la mort des victimes. Pas plus tard que le 7 novembre dernier, un nouvel accident est venu défrayer la chronique. Dans le département voisin de l’Aisne, un chasseur de 29 ans a été gravement blessé au thorax par la balle d’un autre chasseur lors d’une journée de chasse au grand gibier dans la forêt de Landricourt. La victime avait alors été prise en charge par l’hôpital de Reims sans que son pronostic vital ne soit engagé.
Une accidentologie en baisse
Au niveau national, on tente toutefois de relativiser, chiffres à l’appui. Selon les dernières statistiques de l’Office français de la biodiversité (OFB) et de la Fédération nationale des chasseurs, en l’espace de vingt ans, la tendance globale des accidents de chasse est à la baisse. Le nombre d’accidents en 2020 a ainsi diminué de 41 % comparé à son niveau de 1999 et reste inférieur à la moyenne générale de ces vingt dernières années qui est de 158 victimes par an. La saison 2019-2020 a été malgré tout plus accidentogène que la précédente, avec 141 victimes contre 131. En 2019-2020, 11 accidents mortels ont eu lieu contre 7 durant la saison précédente. Le nombre d’accidents mortels a toutefois chuté de 71 % comparé à 1999. Il n’en reste pas moins que chaque accident, qu’il soit mortel ou non, donne du grain à moudre aux détracteurs de la chasse qui s’en donnent à cœur joie pour demander l’interdiction pure et simple de la chasse sur le territoire national.