Machinisme
2024 et 2025 s’annoncent moroses pour l’agroéquipement
Le syndicat français des acteurs industriels de l'agroéquipement et de l'agroenvironnement, Axema, a organisé le 10 juin une conférence de presse à Paris pour présenter le bilan de l’année écoulée et présenter les perspectives pour l’année en cours. Les responsables d’Axema s’attendent à une baisse d’activité assez prononcée.
Le syndicat français des acteurs industriels de l'agroéquipement et de l'agroenvironnement, Axema, a organisé le 10 juin une conférence de presse à Paris pour présenter le bilan de l’année écoulée et présenter les perspectives pour l’année en cours. Les responsables d’Axema s’attendent à une baisse d’activité assez prononcée.
De l’avis des dirigeants d’Axema, l’année 2023 a été une «année record» avec, cependant, des situations contrastées en fonction des matériels. «Une année schizophrène», a ajouté le trésorier du syndicat, Jean-Christophe Régnier. Dans les chiffres, le marché français des équipements agricoles a atteint 9,115 milliards d’euros (Md€) en 2023 contre 8,175 Md€, soit une hausse de + 10,31 % (ventes en neuf). En volume, les ventes ont peu augmenté (+ 4 700 unités/+3,6 %) pour atteindre 132 500 unités. C’est surtout la hausse des prix de matériels (qui tient compte de celle de l’inflation) qui a dynamisé le marché. «Le prix des matériels a augmenté de 26 % sur les trois dernières années», a ainsi précisé Damien Dubrule, président d’Axema. Les catégories de matériel qui ont un bel essor l’an dernier sont notamment les pulvérisateurs traînés (+ 45 %) et automoteurs (+ 35 %), les tonnes à eau (9,4 %) et les bétaillères (+ 9,1 %). Les tracteurs standards (26 200 unités vendues/+ 4,2 %) et les moissonneuses-batteuses (1 695 unités/+ 6,6 %) tirent leur épingle du jeu.
En revanche, en bas de classement, les ensileuses automotrices (- 28 %), les machines à vendanger (- 25,8 %) et les semoirs (- 20,1 %), plombent quelque peu les chiffres. Les tracteurs (54 %) représentent toujours plus de la moitié du marché des premières immatriculations de matériel agricole (73 337) soit une quasi-stabilité par rapport à 2022 (76 439), devant les matériels de transport (16 %) et les matériels de fenaison (9 %).
Un Sima en 2026
C’est surtout le retournement de marché constaté à partir du 3e trimestre 2023 qui inquiète plus les dirigeants d’Axema, même si ces derniers se sont faits une raison depuis longtemps. «Nous sommes dans un cycle classique, avec deux ou trois années de hausse, puis autant de baisse, avant de redécoller. Depuis 2019, nous avons progressé pendant six années consécutives. C’est du jamais vu», a expliqué Jean-Christophe Régnier. Ce retour à la normale leur paraît donc «attendu», d’autant qu’on ne parle pas de crise généralisée. Toutefois, il est probable, selon le syndicat, que le marché français connaisse une baisse de 15 % au cours de l’année 2024.
Entre janvier à avril 2024, les ventes affichent déjà une perte de - 11 % en volume par rapport à janvier-avril 2023. Les prises de commande sont également en recul (- 7 % en avril). Seul un peu plus d’un tiers des chefs d’entreprises du secteur estime que son carnet de commande est bon (25 %), voire très bon (9 %). Un autre tiers (33 %) le considère «moyen» et un petit tiers restant faible (18 %), voire «très faible» (14 %). Déjà la chute des ventes s’est faite ressentir sur les tracteurs standards en avril 2024 par rapport à avril 2023 (- 13 %), sur les tracteurs vignes et vergers (- 17 %) ou encore les chargeurs télescopiques (- 7 %). En revanche, les ensileuses automotrices repartent à la hausse (+ 27 %).
Parce que le marché sera morose jusqu’en 2025 et qu’il «ne reprendra certainement qu’à partir de 2026», selon Damien Dubrule, les dirigeants d’Axema avaient annoncé l’annulation du Salon international du machinisme agricoles (Sima) prévu en novembre 2024. Les dirigeants d’Axema ont d’ailleurs été un peu surpris de la vitesse à laquelle Comexposium a annoncé l’arrivée de Sia Pro en février 2025, en même temps que le prochain Salon de l’agriculture. «Il n’y a eu aucune concertation avec les constructeurs», s’est étonné le président d’Axema. Il a assuré que l’édition 2026 aurait bien lieu, sur un format «sans doute refondu».