Adventices en bio : quels leviers agronomiques ?
Est-il envisageable de faire du désherbage mécanique en toute circonstance ? Quelle place peut-on lui attribuer ? Les réponses tiennent à la manière dont sont pris en compte les leviers agronomiques.
Si la gestion des adventices est un point crucial pour la réussite des cultures biologiques, la réussite repose sur des moyens trop rarement considérés comme déterminants. Ainsi, malgré ce que l’on peut penser, le désherbage mécanique n’est que la dernière intervention permettant de gérer les adventices. Le point le plus important à prendre en compte est la rotation.
La rotation : levier essentiel
C’est l’axe le plus important sur lequel s’appuyer. Les maîtres mots sont diversifier et alterner. L’augmentation du nombre de cultures et de familles différentes permet de maintenir une densité d’adventices gérable.
Quand, dans une rotation à trois cultures, on peut retrouver 140 plantes/m², une rotation à six cultures permet de maintenir une pression à 35 plantes/m² (cf. graphique). L’autre levier mobilisable est l’alternance entre des cultures nettoyantes (seigle, associations de céréales et de légumineuses, prairies…) et d’autres plus vulnérables (comme le pois qui gagne à être associé ou les plantes sarclées qui occasionnent davantage de passages…).
L’alternance des cultures d’hiver et de printemps est un levier particulièrement efficace contre les adventices qui ont des plages préférentielles de levée en automne (vulpin, ray-grass, brome…). En effet, cela introduit une perturbation vis-à-vis des périodes de levée préférentielle des adventices. Elle est moins efficace contre les adventices qui germent toute l’année (pâturin, matricaire…).
La succession des cultures annuelles et pluriannuelles a le même effet de perturbation des plages de levée préférentielle, avec une augmentation de la concurrence et la sélection d’une flore différente. Enfin, la pratique de couverts en interculture a également un effet sur les adventices grâce à leur pouvoir couvrant et la croissance rapide de certaines espèces qui les composent.
Travail du sol et désherbage mécanique
Si la rotation est le premier pilier d’une gestion performante de l’enherbement, d’autres pratiques sont à mobiliser pour maintenir une pression d’adventices acceptable. Parmi les méthodes utilisées, se trouvent le travail du sol, les faux-semis, le choix de variétés couvrantes, etc.
Le désherbage mécanique n’arrive qu’après avoir tout mis en place pour limiter le peuplement adventice. Son efficacité est conditionnée par des passages réalisés au plus près de la levée de la culture. Les outils utilisés, houe rotative ou herse étrille, interviennent sur le rang et dans l’inter rang avec des efficacités qui obligent souvent à renouveler les passages jusqu’au recouvrement du sol par la culture.
Depuis quelques années, les outils, dans un contexte de réduction de l’utilisation des herbicides, ont évolué pour permettre aux utilisateurs en apprentissage davantage de souplesse dans les réglages et élargir les périodes d’intervention. Le recours au binage avec des outils de plus en plus précis (guidage et débit de chantier) permet également d’améliorer la performance du travail en culture.
Formation
Les Chambres d’agriculture de l’Oise et de la Somme proposent une formation «utiliser les outils de désherbage mécanique en grandes cultures biologiques», le 4 mai,
à Beauvais (le matin) puis sur le terrain (l’après-midi). Au programme : comment gérer les adventices en agriculture biologique ; houe, herse étrille et binage, quelle place dans un système de culture ? Et démonstration au champ et témoignage d’un agriculteur biologique expérimenté.
Renseignements auprès de Nathalie Devillers au 03 44 11 44 55, Chambre d’agriculture de l’Oise