Chasse
Agriculteurs aujourd’hui, ils seront chasseurs demain
Une vingtaine d’agriculteurs du département de la Somme ont suivi la semaine dernière une formation de deux jours qui leur permet désormais de se présenter en confiance à l’examen du permis de chasser.
Une vingtaine d’agriculteurs du département de la Somme ont suivi la semaine dernière une formation de deux jours qui leur permet désormais de se présenter en confiance à l’examen du permis de chasser.
Parmi la vingtaine d’agriculteurs présents en début de semaine dernière au centre de formation de la fédération départementale des chasseurs de la Somme à Lamotte-Brebière, il y avait ceux qui sont venus «pour voir» à l’image de Laurent Lefebvre, ceux qui y voient le côté «utile» et d’autres clairement décidés à passer l’examen qui leur permettra de partager des moments de plaisir en plaine, au bois ou au marais avec des amis. Agriculteur à Tilloloy, dans le canton de Montdidier-Roye, Benoît Vansteenkiste est de ceux-là : «Quand j’ai reçu le SMS proposant cette formation, je n’ai pas hésité à m’inscrire. Apprendre à manipuler une arme, c’est important. D’ici quelques temps, j’espère que je décrocherai le permis de chasser. Je pourrais m’investir dans la société de chasse locale et ne plus être un simple spectateur». Comme dans quelques (rares) autres départements de France, la fédération départementale des chasseurs et la FDSEA 80 se sont mises d’accord sur un calendrier pour proposer aux agriculteurs une session de formation dédiée à l’examen du permis de chasser. En l’espace de deux journées, ces futurs chasseurs ont abordé de manière théorique puis pratique les conditions de réussite du permis de chasser.
Focus sur la sécurité
Pour un chasseur d’expérience – comprenez pour celui qui a passé son permis il y a quelques dizaines d’années –, la version 2022 du permis de chasser et la préparation à l’examen n’ont plus vraiment grand-chose à voir. L’attention est clairement mise sur la sécurité, avec une présentation d’un certain nombre de «bons gestes». Pour accompagner les futurs chasseurs, deux agents de la fédération des chasseurs sont mis à disposition. Germain Beaumont est l’un d’eux. Depuis cinq ans, il distille ses (précieux) conseils aux candidats : «J’épaule, je vise, le tire, j’enlève mon doigt de la queue de détente, je désépaule… Pas la peine de se précipiter.» Si le geste peut d’abord sembler mécanique, c’est à force d’être répété qu’il est approprié avec justesse. «Il faut y aller doucement pour que tous les gestes deviennent naturels», explique-t-il. Comme s’ils étaient en train de battre la plaine, les candidats sont confrontés à diverses situations : franchissement d’une clôture, présence de promeneurs ou d’autres chasseurs, passage d’un gué, rangement de l’arme dans un véhicule… «Lorsque l’on arrive à l’arrière du véhicule – en l’occurrence, il s’agit d’un C15 –, on vérifie les alentours, on jette un coup d’œil aux canons puis on range l’arme dans une mallette ou un fourreau… et on referme. Si on ne le fait pas, c’est un point perdu !, glisse le formateur. Dans la vraie vie, c’est une amende…»
Sur les différents pas de tir – les candidats tirent à l’arme lisse puis à l’arme rayée –, un plateau en argile noir représente une espèce chassable ; s’il est de couleur orange, c’est une espèce interdite. Avant de prendre place derrière un poste matérialisé pour l’épreuve du sanglier courant, on prend le temps de signaler sa présence à ses voisins, puis de matérialiser avec deux jalons l’angle de sécurité de 30°. Le sanglier courant – une forme noire sur un rail –, est alors lancé. Une fois les cartouches tirées, on n’oublie pas de ramasser les douilles vides éjectées au sol.
Convocation en février 2023
Le jour J de L’examen, celui-ci se déroule ensuite en deux temps : un premier volet «pratique» suivi d’une séquence théorique destinée à tester les connaissances du candidat. «On commence par la partie pratique qui sert à évaluer le comportement du candidat avec une arme, décrit Germain Beaumont. Si cette première partie est validée, on revient en salle pour passer à la théorie.» Le candidat doit répondre à une série de dix questions choisies de manière aléatoire (dont une éliminatoire) parmi 440 questions possibles. Sur le web ou dans les livres, on trouve aussi une série de tutos et de fiches pratique pour réviser. En temps normal, il faut compter entre «deux et trois mois» entre la formation et la convocation à l’examen. Les candidats agriculteurs formés ces derniers jours devraient, quant à eux, être convoqués «en février prochain».
À l’issue des deux journées de formation, Germain Beaumont assure avoir eu à faire à «un bon groupe». «Je pensais rencontrer des personnes inscrites un peu par hasard, mais finalement, je les ai trouvés très motivées et attentives», assure le formateur. À n’en pas douter, ils feront de bons chasseurs. La formation reçue n’est sans doute pas étrangère au degré de satisfaction des candidats de cette promotion puisqu’avec un taux de réussite à l’examen de 77 %, la fédération des chasseurs de la Somme se place parmi les meilleures de France (71 % de réussite au niveau national). Chaque année, ce ne sont pas moins de 800 candidats qui tentent l’examen du permis de chasser, avec une proportion croissante de femmes.