Alimentation des bovins : différentes formes de maïs
Le maïs ensilage est très connu en élevage, mais il existe aussi sous forme de maïs grain, maïs grain humide
ou épi. C’était l’un des thèmes abordé par Bovins croissance lors de sa journée, le 23 mai.
La récolte du maïs plante entière dilue la quantité d’amidon pour atteindre un taux de 30 %. Les charges opérationnelles s’élèvent autour de 350 €. Avec le coût de transport, de récolte et de tassage, on arrive à 600 €/ha et on peut y ajouter 3 €/t pour le stockage en silo couloir si on considère qu’il est opérationnel sur vingt ans. Si la culture du maïs se substitue à un blé, on se prive d’une marge blé d’environ 900 € (2018). Le coût final s’établit à 1 600 €/ha, soit pour un rendement de 15 t de MS rendu au silo 106 €/t MS ou 37 €/t brute (43 t).
Le maïs grain sec
Il est imbattable avec ses 1,22 UF/kg et ses 70 % d’amidon qui en font un aliment d’excellence pour l’engraissement. Pour un rendement plante entière de 15 t de MS, on estimera le rendement en grain à 9 t brutes ou 7,5 t de MS récoltées. Les cours du maïs grain sont d’environ 165 €/t (en baisse actuellement), avec un aplatissage à 30 €. Le coût final est de 195 €/t brute, 230 €/t de MS, et cela, sans compter le coût du stockage.
Le maïs grain humide
Le maïs récolté à 63 % de MS conservé sous forme humide constitue un aliment dont le comportement est très différent par rapport au maïs grain sec. Le fait qu’il soit conservé sous forme humide et fermenté permet à l’amidon du maïs humide d’être beaucoup plus facilement accessible aux bactéries du rumen, et sa digestibilité ruminale tend à être plus élevée que celle du maïs sec. Par conséquent, son broyage est beaucoup moins crucial pour une bonne digestibilité, mais on veillera à un avancement de plus de 10 cm par jour pour éviter la détérioration du front d’attaque qui, par forte chaleur, sera quand même un problème. Le principe de conservation est le même que pour le maïs ensilage avec le développement de l’acide lactique et une stabilisation des fermentations avec l’atteinte du PH à 4,5 - 5.
Le broyage et le stockage peut se faire en silo classique de faible largeur. En reprenant le principe de calcul du coût du maïs sur pied et de son stockage en silo, et en faisant l’économie du séchage, le prix du maïs grain humide est évalué à 123 €/t brute 194 €/t de MS.
Le maïs grain inerté est un maïs grain humide non broyé. Cela se fait en silo tour ou silo souple, et même en big bag étanche de 800 kg. L’étanchéité doit être absolue pour que l’oxygène soit épuisé en quinze heures par la respiration du grain et remplacé par du CO2 qui se chargera de stabiliser la conservation.
Le maïs grain épi
Le battage se fait autour de 57 % de MS avec l’avantage d’un broyage en direct par la batteuse. L’ensilage de l’épi broyé avec la rafle et les spathes (feuilles qui entourent l’épi) augmente le rendement de 20 %, ce qui diminue le taux d’amidon (60 %), multiplie le taux de cellulose (6,7 %) par quatre et baisse l’effet acidogène. Le prix de maïs grain épi est estimé à 91 €/t brute et 158 €/t de MS.
La technique de stockage en boudin
Le coût est d’environ 30 € le mètre linéaire pour un diamètre de 1,6 m.
Selon le taux d’humidité, il sera possible de stocker 1,3 t de maïs grain humide ou épi au mètre. Cette technique apportera satisfaction pour les faibles quantités ou pour des bâtiments d’élevage isolés sans silo, etc. La qualité de la conservation est indiscutable, car il n’y a pas de perte, mais la reprise mécanique n’est pas toujours aisée par rapport au petit diamètre du silo.
Quelles sont les croissances espérées en engraissement de taurillons ?
La ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woevre a testé les différentes formes de maïs sur des lots de taurillons charolais. Les croissances restent identiques, quelle que soit la forme de maïs utilisée, à condition, bien entendu, de respecter le même niveau de complémentation azotée et de concentration énergétique. La ration étalon était la ration maïs plante entière avec 2,5 kg d’orge aplatie et 1,750 kg de tourteau de colza pour un coût de 1,45 €/jour.
Les croissances étaient toutes voisines de 1 800 g par jour ou 1 065 g de GMQ carcasse sachant, cependant, que le mois d’adaptation n’est pas pris en compte dans ce calcul. L’abattage a été réalisé au poids carcasse de 426 kg pour un classement en U-.
Quelle est la ration la plus économique ?
Il est évident qu’entre la récolte de la plante entière ou uniquement celle du grain, on laisse au champ 50 % du fourrage, ce qui augmente considérablement le coût du produit. D’autre part, les frais d’aplatissage et de séchage, sont des charges supplémentaires par rapport à l’ensilage plante entière. Au final, c’est donc la ration avec le maïs ensilage classique qui reste la plus compétitive à 1,47 €/t. La ration maïs épi, stockée en silo classique avec un complémentaire azoté, revient à 1,70 €, soit 15 % plus cher. Comme les croissances sont équivalentes, le choix est vite fait.
Concernant le maïs grain, on peut dire qu’une ration sèche fera économiser du temps de travail et nécessitera peu de mécanisation et sera même facile à automatiser avec des vis de distribution. Néanmoins, à près de 2 € la ration journalière, le coût alimentaire mange une bonne partie de la marge, et il ne faut surtout pas chercher à produire des carcasses lourdes, puisque l’indice de consommation se dégrade avec l’âge.
Les maïs grains ou en épi sont des concentrés à haute valeur énergétique qui viendront compenser des rations défaillantes sur ce critère. C’est le cas des rations qui intègrent de l’herbe ou de la luzerne. La pulpe surpressée qui est dépourvue d’amidon, verra aussi son efficacité alimentaire augmenter avec le maïs grain ou épi. Les chiffres sont toujours discutables, l’essentiel est de faire son propre calcul et de vérifier ce qui est le plus intéressant par rapport à son système, sachant que l’important n’est pas la performance, mais la marge.