Arnaud Bazin, metteur en scène des concours de saut d’obstacles
Dans un concours hippique, c’est lui qui amène le décor. Il fait en sorte que les acteurs, couples cheval-cavalier, puissent y jouer leur meilleur rôle. Chef de piste est un rôle clé. Rencontre avec Arnaud Bazin, un samarien qui exerce cette fonction depuis dix ans.
Dans un concours hippique, c’est lui qui amène le décor. Il fait en sorte que les acteurs, couples cheval-cavalier, puissent y jouer leur meilleur rôle. Chef de piste est un rôle clé. Rencontre avec Arnaud Bazin, un samarien qui exerce cette fonction depuis dix ans.
La compétition a toujours été un moteur pour Arnaud Bazin. «Ma mère m’a transmis son amour pour le cheval. Depuis tout jeune, j’ai été compétitif», confie le fils d’agriculteurs de Saint-Aubin-Rivière, dans la vallée de la Bresle. Le mordu a décidé assez tôt de suivre un cursus professionnel dans le milieu : BEPA, Bac pro, Monitorat… «Et à chaque fois que j’allais en concours, je donnais un coup de main au chef de piste. Les notions de construction de parcours, de distances entre les obstacles, d’alignement des combinaisons, m’ont toujours plu.»
Depuis dix ans, la fonction de chef de piste officiel s’ajoute à ses activités. Arnaud est aussi à la tête de sa microentreprise (micro BA) de pension de chevaux, et responsable de la partie équestre du centre des Papillons blancs des vallées de Foucarmont, en Seine-Maritime. «Tout est complémentaire», assure-t-il. En tant que chef de piste, son évolution est constante. «C’est un long cursus. Il faut pratiquer chaque niveau pour pouvoir monter les pistes d’un niveau supérieur.» Lui acquiert son expérience auprès de chefs de pistes chevronnés et à force de pratique. Il est désormais candidat au niveau national élite, le plus élevé pour un chef de piste en France. Sa prochaine mission est d’imaginer les parcours du concours Super As de Villers-Vicomte (60) le week-end du 20 novembre, qui rassemblera les meilleurs cavaliers Poney de France (cf. encadré).
Une grosse responsabilité
Avec Arnaud Bazin, chaque parcours est mûrement réfléchi. «J’élabore mes plans bien en avance. Je n’aime pas l’improvisation.» Il faut dire que la responsabilité est énorme. «Je suis un peu le metteur en scène du film, dans lequel les acteurs sont les cavaliers et leur cheval. On amène le décor dans lequel ils évoluent.» Pour imaginer son tracé, le perfectionniste part toujours du cheval. «Je ne veux pas créer de grosse faute, avec des barres qui claquent dans les membres. Je bannis les obstacles juges de paix. Pour moi, ce sont des pièges.» Un bon parcours est à ses yeux construit et aéré, un peu fautif partout si le cavalier ne pilote pas parfaitement. La difficulté doit être amenée sereinement. Les combinaisons, doubles ou triples, sont toujours faciles à aborder, parce qu’elles mettent déjà suffisamment le cheval à l’effort.
«Un parcours parfait, c’est une poignée de sans fautes, et une ribambelle de 4 points (une barre tombée par terre, ndlr)», sourit-il. Une multitude de facteurs entrent en compte. «Il faut faire attention au dévers d’une carrière, à la qualité du sol, aux obstacles eux-mêmes, à l’organisation…» Arnaud Bazin joue sur les distances entre deux obstacles, sur la largeur frontale des obstacles. Mais ce qui fait la finalité de l’épreuve est le chronomètre. «Le temps accordé au cavalier pour réaliser son tour est le plus difficile à déterminer. S’il est trop long, ce sera trop facile. S’il est trop court, les cavaliers vont devoir serrer leurs courbes trop fort et ce sera trop difficile.» Avec sa roue métrique, le chef de piste connait la longueur de son parcours au mètre près. Des références sont données par niveau, comme 375 m par minute en épreuves professionnelles. «Mais il faut toujours l’adapter. Les trois premiers cavaliers sont un peu les cobayes. On a la possibilité d’ajuster ce temps accordé après leur passage.»
Des concours internationaux aux locaux
Pour ces cavaliers, Arnaud tient à rester le plus abordable possible. «Je vais toujours à leur contact. Recueillir leur ressenti est enrichissant. Je peux aussi leur apporter une aide.» Cette communication est d’ailleurs primordiale pour Arnaud Bazin. «C’est l’équipe toute entière qui fait la qualité du concours. Je suis sans cesse en relation avec les membres du jury, les organisateurs, le chef de paddock…» L’humilité du passionné paye. Arnaud a été appelé pour assister Cédric Longis, un des chefs de piste internationaux les plus demandés, lors du CSI3* de Valences du
24 au 27 novembre (Concours international de niveau 3*). «C’est une vraie chance d’être appelé pour ça. C’est hyper gratifiant.» Pour autant, Arnaud reste disponible pour les «plus petits» concours locaux qui l’ont aidé à se lancer, comme celui d’Abbeville. «Toutes les catégories sont intéressantes. Je suis heureux de participer au plaisir des cavaliers, peu importe leur niveau.»
Super As : les meilleurs cavaliers Poney à Villers-Vicomte
La crème de la crème des cavaliers Poney se retrouvent à l’écurie Lambert de Villers-Vicomte (60), le week-end du 20 novembre, pour une étape Super As. Cette étape est une des dix organisées en France, adressées aux meilleurs cavaliers de moins de dix-huit ans sur des poneys D maximum (1,50 m au garrot), qui participent au circuit Tournée des As Poney. Mis en place pour la saison 2017-2018, les Super As participent à l’élaboration d’un projet sportif et éducatif. «Elles ont pour but d’améliorer le niveau technique des cavaliers et poneys. Elles servent surtout de support de détection pour l’équipe de France Poney, qui participé à des épreuves internationales», explique la FFE (Fédération française d’équitation). Les cavaliers devront piloter au mieux leur poney sur un parcours imaginé par… Arnaud Bazin. «La famille Lambert est une des premières à m’avoir fait confiance, se souvient-il. Continuer de travailler avec cet organisateur me tient à cœur.»