Bien connaître chaque espèce fourragère : le trèfle violet
L’intérêt des éleveurs pour les légumineuses se confirme depuis quelques années. Il est pertinent, à la vue des atouts zootechniques, agronomiques et économiques
de cette famille de plantes appelées fabacées.
L’engouement des éleveurs pour les légumineuses peut parfois orienter les éleveurs vers des espèces mal choisies face à un type de sol et à un objectif d’utilisation. C’est pourquoi il est fondamental de se pencher sur chacune de ces espèces disponibles sur le marché et d’en connaître la biologie.
Ces dernières années, le trèfle violet est l’espèce qui avait le plus régressé. Il pourrait à nouveau se développer à la vue de ses qualités, tant en espèce pure qu’en association, ou au sein d’un mélange. Le trèfle violet se distingue tout d’abord par sa facilité d’installation : rapidité de levée puis, une fois la plante installée, sa rusticité et son adaptation face aux contrastes hydriques du sol. Cette espèce tolère les pH bas et l’excès temporaire d’humidité. En cas de période sèche, la production s’arrête mais la plante ne meurt pas.
Rendement et choix variétal
Le potentiel de rendement de la plante est de 13 à 14 tonnes, avec une répartition de production favorisée par la longueur du jour. Sa valeur alimentaire est intéressante en protéines et sa valeur en «sucres» lui permet facilement d’être ensilée après un ressuyage de deux ou trois jours au champ, vu la richesse en eau de la plante. Mais la récolte en foin reste difficile en espèce pure car le trèfle violet est difficile à sécher.
Vingt-quatre variétés sont inscrites au catalogue officiel français des variétés. Les critères variétaux qui sont à prendre en compte sont le rendement et sa répartition, la ploïdie, le départ en végétation, la précocité, la pérennité, les résistances à la verse, à l’oïdium et aux maladies diverses. Les variétés et leurs caractéristiques sont consultables sur www.herbe-book.org. Ce site permet au visiteur d’ordonner ses priorités quant aux critères variétaux. Le logiciel classe pour l’éleveur les variétés par ordre d’intérêt face une situation bien précise.
Intéressant pour les prairies de fauche
Le trèfle violet est un véritable moteur des prairies de fauche. Son utilisation est particulièrement intéressante en association ou en mélange multi-espèces. On peut utiliser le trèfle violet associé même avec de la luzerne. Les deux légumineuses se trouvent ainsi complémentaires face aux contrastes climatiques, le trèfle résistant mieux aux zones plus humides, aux périodes plus froides et aux endroits plus tassés par les passages de tracteurs. La luzerne assurera une production en cas de période chaude et sèche.
On peut bien sûr associer le trèfle violet avec une graminée. Le ray-grass hybride, lui, est particulièrement adapté. Ces deux plantes ont, en effet, la même pérennité et sont tout à fait complémentaires.
Mélange multi espèces pour le pâturage
L’utilisation du trèfle violet est difficilement envisageable en pâturage à cause du risque de météorisation, sauf en cas de mélange multi-espèces. Dans ce cas, on peut envisager une proportion de trèfle (en peuplement) de 20 à 30 % maximum. Pour aider à la conception d’un mélange, un convertisseur a été mis en ligne par le Gnis sur www.herbe-actifs.org. Celui-ci permet de traduire une proportion de graines dans un mélange en proportion de plantes car toutes les fourragères n’ont pas le même PMG (poids de mille grains). Ce tableur existe aussi en application pour les Smartphones : le calculateur pour les mélanges prairiaux du Gnis.
Le trèfle violet est donc une espèce très intéressante tant au point de vue alimentaire qu’agronomique avec une facilité d’implantation. Il est particulièrement intéressant en association ou en mélange multi-espèces pour une utilisation en ensilage, enrubannage ou affourragement en vert.