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Bovin viande : cinq scenarii pour l'avenir de la filière

A quoi ressemblera la filière française de viande bovine en 2040 ? Pour répondre à cette question, FranceAgriMer a conduit un travail prospectif.

Les acheteurs français se tournent principalement vers l’offre nationale pour fournir un marché hexagonal en contraction.
Les acheteurs français se tournent principalement vers l’offre nationale pour fournir un marché hexagonal en contraction.
© François d'Alteroche



A la demande d’Interbev, la Mission prospective de FranceAgriMer a mené pendant vingt mois un travail de prospection afin de déterminer quel pourrait être l’avenir de la filière viande bovine à l’horizon 2040. Fin 2018, un rapport a été publié. Il présente cinq scenarii qui prennent en compte les inquiétudes liées au changement climatique, la politique et les orientations de la distribution, l’évolution des systèmes de production, les impacts des accords commerciaux, la pression sociétale sur le bien-être animal et, enfin, la modification des comportements alimentaires.
Le premier scénario prévoit un repli national dans le cadre d’une crise globale, tant économique qu’énergétique. Dans cette optique, la consommation mondiale de viande bovine diminue au profit des protéines végétales, plus compétitives. Pour ne pas attenter au pouvoir d’achat du citoyen-consommateur, la réglementation n’est pas durcie, car la société accepte le système en place. Le changement climatique favorisant l’émergence de nouvelles maladies bovines, des crises sanitaires apparaissent et les acheteurs français se tournent principalement vers l’offre nationale pour fournir un marché hexagonal en contraction.
De son côté, le marché de l’Union européenne se contracte également, affectant ainsi les exportations françaises. Dans un premier temps, l’élevage bovin s’intensifie dans les zones riches en sous-produits alimentaires et la pollution augmente. Des voix s’élèvent donc contre ce système d’élevage et la filière se tourne alors vers un modèle plus extensif et qualitatif.

Emergence de viande à bas coût
Le deuxième scénario présenté par FranceAgriMer envisage, dans un contexte de crise économique mondial et de limitation des gaz à effet de serre, l’émergence de viande à bas coût et importée. La consommation de viande bovine diminue fortement en France en raison de la diminution du pouvoir d’achat. Dans ce scénario aussi, la réglementation ne se durcit pas, car le citoyen-consommateur est prioritairement préoccupé par la chute de son pouvoir d’achat. Il accepte donc la pérennité des systèmes actuels d’élevage et de transport des animaux vivants. Compte tenu du faible consentement à payer des consommateurs, les importations de viandes à forte compétitivité, notamment en provenance d’Amérique du Sud, augmentent. Grâce à la rémunération des services environnementaux rendus par l’élevage et la diversification des activités, les exploitations extensives sont maintenues de manière résiduelle.
Le troisième scénario présage que les contraintes sociétales et sanitaires poussent la filière à monter en gamme. Dans cette prospective, la situation économique mondiale est stable. La demande mondiale en viande bovine augmente davantage en qualité qu’en quantité, notamment sous l’impulsion des pays émergents. En matière de bien-être animal, la réglementation se durcit, limitant ainsi les itinéraires techniques possibles. Ce durcissement a pour effet bénéfique de permettre à la vision française et européenne, vis-à-vis de la qualité, de s’imposer au niveau international. Le pourcentage de viande française vendue en RHF augmente donc. Les exploitations écologiquement intensives, basées sur la valorisation de l’herbe, captent ainsi une part significative de la valeur ajoutée. La filière innove et s’organise.
Dans l’avant-dernier scénario, le coût de l’énergie freine la compétitivité et la différenciation de l’élevage bovin. Là encore, la situation financière mondiale est stabilisée. La population mondiale augmentant, la demande en viande bovine progresse. L’augmentation du prix des énergies fossiles pénalise les échanges internationaux et, donc, les exportations françaises qui sont également victimes de normes plus strictes en matière de transport d’animaux. Grâce aux progrès génétiques et aux soutiens publics, l’élevage allaitant, basé sur l’utilisation intensive de l’herbe, gagne en compétitivité. Grâce à une organisation de la filière, la qualité est rémunérée et l’offre s’étoffe.
Le cinquième et dernier scénario envisage une organisation de la filière qui innove et qui segmente l’offre dans un marché mondial porteur. La découverte de nouvelles sources d’énergie permet aux échanges internationaux de croître. La France et l’Union européenne parviennent à se mobiliser contre la diffusion des épizooties, favorisées par les changements climatiques et l’accroissement des échanges. Elles réussissent donc à imposer au niveau mondial leur vision de la qualité sanitaire tout au long de la chaîne de production. En raison de la pression sociétale croissante, cette démarche est même transposée à la construction de la qualité collective dans la filière française. Elle s’organise ainsi pour communiquer des informations précises aux consommateurs. Cette offre française de viande bovine, segmentée et innovante, s’impose auprès des consommateurs et permet aux éleveurs de se rémunérer.
Pour conclure sa synthèse, FranceAgriMer précise que ces cinq scenarii ne sont pas des prévisions, mais seulement des visions possibles du futur, qui peuvent amener la filière à réfléchir, mais aussi à proposer des axes de travail.

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