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Bovins viande : l’engraissement des taurillons XXL

Les engraisseurs de taurillons de la Somme sont allés à la découverte d’ateliers d’engraissement de grande taille dans la Vienne.

Dans la Vienne, terre difficile, avec une présence forte de l’élevage, l’énergie solaire s’est imposée comme revenu 
complémentaire de l’élevage ou inversement…
Dans la Vienne, terre difficile, avec une présence forte de l’élevage, l’énergie solaire s’est imposée comme revenu
complémentaire de l’élevage ou inversement…
© © D. P.



2017 restera une bonne année concernant les résultats économiques des ateliers d’engraissement avec un prix de vente des taurillons à 3,84 € par kg carcasse.  Le poids carcasse est de 458 kg en 331 jours, et le coût alimentaire très maîtrisé, avec  seulement 1,17 € par jour pour une croissance de 1 430 g. Les ventes sont composées de 50 % de Charolais, 25 % de Blonds et 25 % de races diverses.
Si la production 2017 est globalement en baisse de 3 % en France, les producteurs de la Somme, qui continuent dans cette production, se spécialisent et augmentent la taille de leurs ateliers. On le sait, le marché est dépendant à 50 % de l’exportation, et il y a des fluctuations importantes des cours et des marges, comme actuellement avec un effondrement des cours. L’analyse de groupe, calculée sur douze ans, indique une marge brute moyenne de 200 € par taurillon, calculée sur trente élevages et 6 000 taurillons. Merci encore aux éleveurs qui participent à ce travail, seul moyen de mesurer et de situer les performances de cette production sur le long terme et de donner des bases sérieuses de réflexion aux futurs producteurs.

4 millions d’euros d’investissement
Cette année, trente-cinq personnes ont fait le déplacement pour se rendre dans le département de la Vienne afin d’y découvrir des pratiques et des marchés différents. D’ailleurs, la visite du marché au cadran d’Hérolle a suscité beaucoup de curiosité sur le principe de la mise en marché avec une mise en concurrence des acheteurs favorable aux vendeurs et à la transparence du marché.
Les éleveurs y amènent leurs broutards ou autres animaux pour une vente en vif. Ce type de vente tire la qualité vers le haut, car les animaux moyens sont très dévalorisés. La vente au kilo vif est aussi un atout pour plus de précision dans les enchères mais, au dire des engraisseurs du secteur, c’est le marché Italien qui fait la pluie et le beau temps ici…

Trois élevages de taille XXL
La visite de trois élevages de 350 places, 1 000 places et 2 500 places n’a, au final, pas émerveillé les visiteurs, car ces grands élevages ne sont qu’une succession de bâtiments classiques, et parfois pas très originaux sur le plan organisation du travail. Le système d’alimentation repose généralement sur le maïs et les céréales avec une mention particulière pour le domaine de Berneuil, qui est passé en alimentation sèche pour diminuer les charges de main-d’œuvre et avoir une régularité sur les performances et une croissance élevée.
Cependant, avec un coût alimentaire de 2,17 € par jour, le système reste précaire, d’autant que, selon le manager, le broutard limousin est passé de 2,85 €/kg à 3,10 € depuis février. L’utilisation massive du maïs grain épi a relancé la discussion sur l’intérêt de ce type d’alimentation assez peu répandu chez nous, et des précisions et simulations de rationnement sont demandées. On retiendra que les broutards arrivent généralement entre 350 à 415 kg de poids vif dans les élevages visités contre 300 kg chez nous.
Au final, les animaux sont plus résistants au démarrage et font ensuite de meilleures croissances du fait d’une capacité d’ingestion bien préparée et sans excès de croissance avant la vente. D’autre part, la qualité des broutards, généralement de race limousine, était remarquable.
Un tri est fait au préalable et les broutards «tordus» sont exclus de la vente et dirigés sur d’autres créneaux. C’est encore une belle différence avec ce qui existe sur notre territoire, dont les lots sont souvent très hétérogènes pour ne pas dire autre chose. Pour exonérer en partie les structures commerciales, on dira que la Somme, ce sont 27 000 vaches allaitantes contre 93 000 dans la Vienne. Chez nous, trop d’éleveurs naisseurs se soucient encore peu des progrès génétiques à faire dans leur cheptel à partir du moment où le revenu principal est issu des cultures. Le commerce de broutards, tant qu’il ne se fera pas au poids selon l’âge, restera trop empirique et à l’avantage du naisseur.
Ce déplacement aura eu l’avantage d’éclairer un peu plus les engraisseurs sur leur approvisionnement en broutards et de se dire que si on avait la même qualité d’approvisionnement, la marge serait nettement supérieure. Si chez nous on cherche du lourd, il n’en est pas de même dans les élevages visités avec des poids carcasse à 377 kg pour le premier élevage visité, 413 kg pour le deuxième et 380 kg pour le dernier, et cela, par rapport à la demande imposée.

Le solaire : une production à part entière
L’ensemble des élevages visités ont tous fait partie des premiers investisseurs dans l’énergie solaire sous une impulsion mise en place collectivement par quelques leaders. Avec des surfaces importantes, dont un hectare de panneaux photovoltaïques pour le dernier élevage visité, il apparaît que leur revenu est aujourd’hui très favorisé par ce pari sur l’énergie solaire. Aujourd’hui, une étape supplémentaire est en cours avec des projets de méthanisation. C’est là que certains d’entre nous admettrons que, focalisés par nos cultures qui étaient à l’époque plus rémunératrices, nous sommes passés à côté de cette opportunité de diversifier nos revenus.
D’un autre côté, il semble que, sécurisée par ce revenu permis par l’énergie solaire, la recherche de productivité des élevages visités semble d’une préoccupation moins grande que chez nous. De ce côté-là, les engraisseurs de notre département cherchent plutôt à charger au maximum leurs bâtiments et à les avoir pleins en permanence, quelle que soit la conjoncture. L’objectif est de gagner encore, même si on gagne moins, plutôt que d’avoir des travées vides et être absent à la reprise des cours. Chercher à augmenter la marge, c’est aussi augmenter le même nombre de taurillons sortis sur une surface donnée. Entre 5 m2 par taurillon, comme parfois vu dans la Vienne, ou 4 m² comme chez nous, il y a 20 % de marge en jeu.
Au final, le dicton, «les voyages forment la jeunesse» est assez restrictif, car ce déplacement dans la Vienne aura permis à chacun de comprendre, d’apprendre, de se situer, et d’échanger sur deux jours. De quoi créer une certaine émulation et reprendre un peu d’énergie.

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