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Loisirs
Ça coasse à tout va dans le marais de Long

Tanguy Ladrière connait les marais de Long comme sa poche. Ce samedi 14 mai, de 20h30 à 23h, il emmène les curieux à la découverte des amphibiens qui y habitent. 

Elle est une des plus bruyantes de son espèce. Le coassement de la grenouille verte est même nommé «chant». «C’est un son assez long et saccadé, comme un rire. Pour la reconnaître, je dis aux gens qu’on dirait qu’elle se moque de nous», explique Tanguy Ladrière, conservateur bénévole (du conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France) au marais de Long. Dans ce site naturel de la vallée de la Somme, celle-ci cohabite avec sa cousine, la grenouille rousse, dont le coassement ressemble plutôt à un ronronnement sourd, semblable au bruit d'un train. Le jeune homme propose de partir à leur rencontre ce samedi 14 mai, au coucher de soleil. «C’est le moment de la journée le plus propice à leur observation», note-t-il.

À vingt-sept ans, Tanguy Ladrière a passé une bonne partie de son temps libre dans ce marais. «Ma famille est passionnée de pêche. À trois ans, j’avais déjà une canne dans les mains», raconte-t-il. Il s’investit désormais pleinement dans la conservation de ce lieu dont il est tombé amoureux, riche d’une valeur patrimoniale d’intérêt européen. «C’est un ancien site d’extraction de tourbe. Au XIXe siècle, ce dur travail a même fait de Long l'un des villages les plus riches de France.» Les dernières tonnes de tourbes ont été extraites en 1962. Aujourd’hui, le site présente plus de douze habitats naturels de la Directive européenne «habitats» abritant une flore et une faune patrimoniales typiques des marais tourbeux alcalins. 

Il y a quelques années, il a notamment eu l’idée de créer des micro-mares destinées à sauvegarder les amphibiens du marais. Elles sont un habitat précieux pour les grenouilles rousses et vertes. «Ce sont des mares temporaires que l’on espère garder en eau jusque mi-juin. Date à laquelle les grenouilles sont suffisamment grandes pour rejoindre les étangs. Malheureusement, avec le printemps sec, il n’y a déjà plus d’eau», regrette-t-il. Deux chantiers bénévoles sont prévus en août et en septembre pour creuser davantage ces mares. «Le but est de les façonner de manière à attirer d’autres espèces, comme les tritons.» 

 

De l’écopâturage pour entretenir

Pour lutter contre la fermeture du lieu, le Conservatoire d’espaces naturels a misé sur l’écopâturage, avec une dizaine de chevaux camarguais. «Ils font du bon travail, mais ça ne suffit pas. Des travaux d’abattage et dessouchage sont en cours dans le cadre des travaux du programme LIFE Anthropofens. Comme un arbre pousse à une vitesse folle dans le marais, nous allons diversifier les espèces qui y pâturent, avec des moutons notamment.» 

Les efforts payent. À Long, une flore rare, typique des marais tourbeux alcalins, est préservée. «Une de nos espèces emblématiques est le menyanthe trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata)», explique Tanguy. Aussi appelée trèfle des marais ou trèfle à la fièvre, la vivace aquatique ou semi-aquatique rhizomateuse pousse dans les eaux calmes et peu profondes des étangs et berges vaseuses. La renoncule langue ou grande douve, est un autre exemple. Ses fleurs, qui commencent à s’épanouir ces jours-ci, sont solitaires à cinq pétales d'un jaune d'or très brillant. «C’est une espèce de plante herbacée de la famille des Renonculacées, protégée en France à l'échelle nationale.» Ne reste qu’à chausser les bottes pour aller les découvrir.

 

Prévoir des bottes et une lampe torche. Inscription auprès de Tanguy Ladrière : 07 64 02 39 97

Toutes les dates de sorties sont à retrouver sur cen-hautsdefrance.org/agenda

 

 

 

Conservateur bénévole : les yeux des professionnels

Les missions du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) des Hauts-de-France seraient bien difficiles à tenir sans l’aide précieuse des quatre-vingts amoureux des sites naturels régionaux. Gestion, sensibilisation, surveillance, animation… «Nous sommes les yeux du conservatoire», assure Yvon Decayeux, conservateur bénévole en charge du site du Larris du Berger, à Gauville. «Les Conservateurs bénévoles participent activement aux actions de gestion et de sensibilisation du Conservatoire sur le site dont ils s’occupent. Cette fonction est l’aboutissement d’un parcours riche de contacts et d’expériences au sein du Conservatoire», précise le CEN Hauts-de-France. Le statut s’adresse à un adhérent «tout particulièrement attaché à un site naturel qu’il connait bien, parce qu’il habite à proximité et qu’il s’y rend pour s’y promener.» Il faut être sensible à l’importance de préserver le patrimoine naturel régional et curieux de nature, avoir des compétences et des connaissances naturalistes. Le contact humain est aussi important, car la sensibilisation du grand public est primordiale. 

Contact : Clémence Lambert, 03 22 89 63 96, c.lambert@cen-hautsdefrance.org ou Franck Lecocq, 03 22 89 63 96, f.lecocq@cen-hautsdefrance.org
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