Ces éleveurs ont choisi la technologie pour plus de souplesse
Les hivernales d’Avenir conseil élevage abordent la thématique du travail en élevage. Retour d’expérience et témoignage d’un couple d’éleveurs sur le volet «équipement» pour faire face à la charge de travail.
Débâcher, découper, acheminer dans l’auge mobile : en 2h15, la ration est distribuée pour cinq jours !
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«On a toujours voulu travailler ensemble, à deux, et concilier notre métier avec notre vie de famille», assurent Séverine et Florian Renard, éleveurs à Limont-Fontaine (59). Cet objectif clair et simple se heurte parfois à la charge de travail liée à l’élevage laitier. Le couple s’est installé en Gaec avec Pierre-Yves Renard, le père de Florian. Le troupeau voit alors son effectif augmenter et avec lui le temps passé en salle de traite, à l’alimentation, aux soins des veaux...
«Dès 2012, nous avons cherché des solutions pour anticiper le départ en retraite de mon père. Nous avons assez rapidement écarté l’idée du salariat, nous ne sommes pas manager. Nous avons étudié la piste robot de traite. À cette époque, nous avions 140 vaches, il fallait donc deux robots, mais avec le contexte du prix du lait, ça n’a pas pu se faire», précise Florian.
Des aménagements pour gagner du temps
Pour améliorer le temps de travail, les associés investissent à cette époque dans un Cornacub, système d’auges en libre-service. Ce matériel permet aux éleveurs de réduire fortement le temps nécessaire à l’alimentation des vaches en lactation. En effet, tous les cinq jours, 2h15 suffisent pour débâcher les silos et disposer l’aliment dans l’auge. Autre avantage relevé par le couple, il est facile de prévoir ce travail dans son planning et donc de le réaliser à l’heure qui convient le mieux. En revanche, ce système nécessite une très grande vigilance sur la qualité des fourrages récoltés et, notamment, leur appétence. Et Florian d’ajouter : «Si l’ensilage est de qualité médiocre, on l’a“en direct live“ au niveau de la production, alors que la mélangeuse permettait d’en réduire l’impact.»
Malgré ce gain de temps, la traite reste un point à améliorer. «En 2018, nous passions trois heures en salle de traite le matin et trois heures le soir. Nous sa- vions que la main-d’œuvre allait être un problème lorsque nous ne serions plus que deux sur la ferme.» Le projet de robotisation refait alors surface et la possibilité de béné cier de subventions dans le cadre du PCAE permet de le rendre plus «supportable» nancièrement. L’aide est d’autant plus appréciable que l’effectif a poursuivi son augmentation. Il faut désormais prévoir trois stalles pour assurer la traite des 180 à 200 vaches.
Les éleveurs ont réalisé une partie des aménagements eux-mêmes en enlevant un Dac, en mettant en place les tapis de logettes et en assurant la mise en route du robot racleur aspirateur. Ce dernier a été une solution alternative au racleur à câble qui aurait nécessité davantage de travaux de maçonnerie et induit un coût supérieur.
Souplesse et qualité de vie
Depuis la mise en route des robots en 2018, Séverine et Florian ont trouvé leur rythme et leur organisation. «Nous n’avions pas vraiment anticipé le fait qu’il n’y aurait plus de traite à assurer, mais en quelques semaines, nous nous sommes réorganisés.» C’est en effet une autre façon de travailler qu’il a fallu intégrer. Selon les éleveurs, le principal inconvénient de cette solution reste son coût. Le passage en système «tout lisier» implique également de bien veiller aux capacités de stockage et aux périodes d’épandage du lisier. «Nous n’avons pas encore eu l’occasion de partir en vacances depuis la mise en place des robots. Nous savons qu’il va être un peu plus compliqué de se faire remplacer. Il faut trouver quelqu’un qui connaît et maîtrise les outils. C’est un point qu’il faut prendre en compte. Mais nous avons tout de même énormément gagné en souplesse au pro t de la vie de famille», concluent Séverine et Florian.