Comment bien valoriser ses produits organiques ?
Utilisables en alternative ou en compléments des engrais minéraux, les produits organiques sont une source d’éléments fertilisants non négligeable. Avec le coût élevé des engrais, leur bonne valorisation est encore plus cruciale et permet de faire des économies sur votre fertilisation.
Utilisables en alternative ou en compléments des engrais minéraux, les produits organiques sont une source d’éléments fertilisants non négligeable. Avec le coût élevé des engrais, leur bonne valorisation est encore plus cruciale et permet de faire des économies sur votre fertilisation.
La difficulté avec les produits organiques, c’est que leur composition varie. La conduite d’un élevage (niveau de paillage, type d’alimentation...) va par exemple influencer la composition des fumiers, même pour leurs conditions de stockage (durée bord de champs…). Ainsi, les valeurs moyennes annoncées dans le tableau ci-après montrent dans certains cas, une certaine disparité (la teneur en azote total d’un fumier de bovin oscille entre 4,8 et 7,8 kg N/t – un apport de 30 t/ha peut donc varier entre 144 et 234 kg d’azote). La variabilité est moindre pour des produits stabilisés, comme les composts. Pour bien prendre en compte un produit organique, il peut donc s’avérer opportun de réaliser de temps en temps une analyse, à condition, bien évidemment, d’effectuer un prélèvement représentatif. L’analyse agronomique complète coûte environ 50 € et permettra ainsi une optimisation de vos effluents.
Apprécier la vitesse de minéralisation de l’azote
L’azote contenu dans les produits organiques est à la fois sous forme organique et minérale, dans des proportions qui varient selon les produits. L’azote minéral, présent généralement sous forme ammoniacale (NH4), sera disponible immédiatement pour la culture, mais très volatile. La forme organique ne sera, quant à elle, disponible qu’après minéralisation dans le sol. Cette vitesse de minéralisation varie selon les produits (cf. figure 1). Un compost de déchets verts très stable (qui comporte pourtant environ 14 kg N/t) ne fournira pas d’azote pour la culture. Cet azote organique viendra en grande partie enrichir le pool de matière organique du sol (arrière-effets). Des phénomènes d’organisation (faims d’azote) peuvent même exister pour les produits très ligneux si l’apport est réalisé trop proche du semis. Le fumier de bovin minéralise de son côté progressivement. On peut tabler sur une minéralisation potentielle de l’azote de 20 à 40 % selon son niveau de paillage. Les produits à base d’effluents avicoles (même compostés) minéralisent, quant à eux, généralement assez vite (30 à 40 %) et contiennent en plus une part d’azote ammoniacale directement assimilable. Tout comme les lisiers et digestats liquides.
L’efficacité de fertilisation azotée des produits organiques dépendra aussi de leur date d’apport. Pour bien valoriser les effluents riches en azote ammoniacal ou qui minéralisent vite (lisiers, digestats liquides, effluents avicoles), il est préférable de les épandre au plus près des besoins des cultures et donc de privilégier les apports de printemps. S’ils sont apportés en été/automne, ils contribueront beaucoup moins pour la culture de printemps. Dans ce cas, l’azote sera surtout valorisé par la culture intermédiaire piège à nitrate (Cipan) et restitué en partie par la biomasse du couvert hivernal.
Même s’ils sont parfois plus délicats (tassements de sols potentiellement importants), ces apports en sortie d’hiver s’avèrent donc plus efficaces pour les cultures fertilisées. Les lisiers ou digestats, riches en azote ammoniacal peuvent également être épandus sur céréales en place en 1er ou 2e apport grâce à l'évolution du matériel.
Les coefficients d’équivalent minéral à prendre en compte dans les plans de fumure azotée sont fixés par le référentiel régional GREN (cf. extrait dans le tableau ci-dessous). Ainsi par exemple, un épandage au printemps de 30 t/ha
de fumier de bovin permettra un apport de 180 kg d’azote dont 54 u N/ha en effet direct assimilable pour la culture (30 %). S’il est apporté en été/automne devant la culture de printemps, c’est 15 % (27 u N/ha) qui bénéficiera pour la culture (une autre partie sera restituée par la Cipan). Cet écart est encore plus important pour les produits qui minéralisent vite (disponibilité de l’azote par effet direct de 60 % pour les fientes apportées au printemps et 10 % si apport d’été/automne).
Éviter la volatilisation, enfouissez rapidement !
Bien gérer les produits organiques passe également par une maîtrise de l’épandage. N’hésitez pas à réaliser quelques pesées d’épandeur pour extrapoler la quantité épandue car les densités des produits sont variables. De même, utilisez un matériel adapté. Les hérissons verticaux, épandeurs à porte ou à table, permettent souvent une meilleure répartition, de même que les rampes à pendillards ou enfouisseurs.
En période de forte chaleur et présence de vent, on peut perdre plus de 80 % de l’azote ammoniacal dès l’épandage. Ceci concerne notamment les produits à forte proportion de NH4 (lisier, digestat liquide, effluents avicoles). En général, sans dispositif d’atténuation, c’est ainsi, environ 25 kg d’azote qui peuvent être perdus sur un apport de 30 m3 de lisier de bovin (60 % de l’azote ammoniacal). Il convient donc de réunir des conditions favorables au moment d’épandre. Outre l’utilisation de matériel pour épandre au plus près du sol ou enfouir le produit, les techniques culturales, comme le travail préalable du sol ou l’épandage sur culture en place, permettent également de limiter cette volatilisation. Ainsi, si j’enfouis immédiatement ou si j’épands avec un pendillard sur un sol pré-travaillé ou avec un épandeur à disques, les pertes seront réduites d’environ 70 % (18 kg N économisés).
Très bonne disponibilité en fumure de fond
Tous les produits organiques apportent également une fumure de fond (P, K, Mg…) dans des proportions variables, mais bien souvent non négligeables. N’oubliez pas que ces éléments sont très vite disponibles pour les cultures (cf. tableau ci-après). Leurs apports permettront de couvrir dans certains cas tout ou partie des besoins de la culture fertilisée et ce, quel que soit leur période d’apport.