Connaître ses produits organiques pour mieux les valoriser
Après la moisson, viendront les travaux d’épandage des produits organiques. Pour bien connaître leur composition agronomique, il est encore temps de réaliser une analyse. Christelle Dehaine, responsable du service Satège à la chambre d’agriculture vous donne quelques conseils.
Après la moisson, viendront les travaux d’épandage des produits organiques. Pour bien connaître leur composition agronomique, il est encore temps de réaliser une analyse. Christelle Dehaine, responsable du service Satège à la chambre d’agriculture vous donne quelques conseils.
Les produits épandus sont divers et ont des compositions très variables. Un compost qui reste plusieurs mois aux champs peut, par exemple, évoluer en fonction des conditions météorologiques. De même pour les effluents d’élevage, la composition peut varier selon le type d’animaux, le mode de logement, l’alimentation et les conditions de stockage. Ainsi, réaliser de temps en temps des analyses agronomiques des produits organiques que vous épandez peut parfois s’avérer pertinent, à condition bien sûr que l’échantillon soit représentatif !
Quel type d’analyses et quel tarif ?
L’analyse agronomique ne coûte pas cher et peut rapporter gros ! Pour 30 à 40 € HT, on dispose d’une analyse complète des principaux paramètres agronomiques : matière sèche, matière organique, azote total kjeldahl, azote ammoniacal, phosphore, potassium, magnésium, calcium, pH, C/N, soufre. Cela permet d’ajuster au mieux la dose et la fertilisation complémentaire. L’azote total Kjeldahl (NTK) correspond à l’azote organique et ammoniacal. Ainsi, par déduction, on peut estimer l’azote organique contenu dans le produit. La part d’azote ammoniacal et le rapport C/N sont des indicateurs simples qui permettent d’apprécier la vitesse de minéralisation et l’efficacité en azote du produit. Généralement, des produits comme des lisiers, digestats liquides, fientes, sont riches en azote ammoniacal qui sera directement assimilable pour la plante (attention aux risques de volatilisation).
A contrario, les composts et fumiers sont de véritables amendements organiques. Ils apportent de la matière organique stable (humus) et l’azote sera libéré beaucoup plus progressivement. La part d’azote ammoniacal y est faible (moins de 10 %). Ils joueront davantage sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques des sols et l’effet «azote» l’année de l’épandage sera plus limité.
Quel que soit le produit organique apporté, les fertilisants de fond (phosphore, potasse, magnésie) seront, quant à eux, disponibles très rapidement (100 % pour la potasse et de 80 à 100 % pour le phosphore). Selon les produits, cela peut couvrir en partie les besoins des cultures.
Pour certains produits du commerce (produits normalisés) ou encore autres effluents d’industries ou de collectivités soumis à plan d’épandage, le producteur (ou distributeur) doit vérifier également le respect de seuils d’innocuité (éléments traces métalliques et composés traces organiques). L’analyse de ces paramètres d’innocuité coûte environ 130 E HT. Les produits normalisés doivent également respecter des seuils en microbio (E. Coli, salmonella, œufs d’Helminthe, entérocoques). Ces analyses sont obligatoires. Alors, n’hésitez pas à demander à vos fournisseurs de vous les fournir lorsque vous achetez des produits organiques qui, pour la plupart, peuvent venir de Belgique ou des Pays-Bas (produits transformés à base de fientes de volailles).
Quelles précautions prendre pour faire ces analyses ?
Quitte à faire une analyse, autant qu’elle soit la plus représentative possible ! De nombreux biais peuvent en effet fausser les résultats (mauvais prélèvement ou mauvaise conservation de l’échantillon…). Pour les fumiers ou composts, l’idéal est de faire le prélèvement au moment des épandages (mettre une bâche ou des bacs au passage de l’épandeur). Si le prélèvement se fait sur dépôt, il est important de réaliser une dizaine de pelletées à différentes hauteurs et profondeurs du tas. Après avoir bien mélangé, prélever 2 kg maximum et placer l’échantillon dans un emballage propre. Les laboratoires fournissent les contenants (sacs ou bidons). Pour les effluents liquides (lisiers, digestats…) l’important est de brasser la fosse avant de prélever et de faire si possible plusieurs sous échantillons à différents endroits de la fosse. Bien homogénéiser ces sous échantillons avant de mettre dans le bidon (1 à 2 litres suffit pour une analyse agronomique). Quel que soit le produit, l’échantillon doit être conservé au frais, et transmis rapidement au laboratoire. Toutes ces prescriptions d’usage sont précisées par les laboratoires.
Rendez-vous le 23 septembre à Epand’Agri day !
Le Satège : un contact pour toutes vos questions sur les produits organiques
Dans le cadre de ses activités, ce Service d’assistance technique de la gestion des épandages réalise plus de 120 analyses par an d’effluents et produits organiques épandus sur le département. Grâce aux aides de l’Agence de l’eau, cela permet aux producteurs de produits organiques du département (composts, digestats, boues, effluents industriels..) de bénéficier de tarifs analytiques attractifs. Cette activité permet ainsi d’avoir des références sur les caractéristiques des divers produits épandus sur le département et de vérifier l’innocuité de certains produits urbains, industriels ou encore de divers composts importés.
En complément, notre service peut également gérer la logistique pour les agriculteurs qui souhaitent réaliser leur propre analyse d’effluents d’élevage ou de composts du commerce, en leur fournissant les bidons et sacs de conditionnement et en gérant l’acheminement de leurs échantillons au laboratoire.
Contacts Satège : Christelle Dehaine : 06 86 37 56 82 ; Maximilien Ladeuze : 06 23 88 06 59