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Crise porcine : le ministre s’engage sur quelques mesures

Le marché au cadran a repris malgré l’absence de Cooperl et de Bigard. Le ministre a fini par s’engager à soumettre le dossier des distorsions de concurrence fiscales et sociales au Conseil des ministres européens du 7 septembre.

Paul Auffray, président de la FNP (au centre), et Guillaume Roué, président d'Inaporc (à droite), à la sortie de la table ronde.
Paul Auffray, président de la FNP (au centre), et Guillaume Roué, président d'Inaporc (à droite), à la sortie de la table ronde.
© Actuagri

Manifestation du profond malaise qui règne au sein de la filière porcine, le marché au cadran de Plérin, dans les Côtes d’Armor, a été suspendu durant la semaine du 15 août. Et ce, en raison de l’absence de deux des principaux opérateurs que sont Bigard et la coopérative Cooperl. Le président de la Fédération nationale porcine (FNP) Paul Auffray dénonçait le 10 août un «chantage et une prise en otage des éleveurs». Alors que dans un communiqué du même jour, le Syndicat des abatteurs (Sniv), dont fait partie Bigard, expliquait que cette situation était «inévitable». Et le Sniv appelait la filière à «sortir du carcan du MPB et, a minima, remettre à plat son règlement qui ne vise qu’à obtenir les cours les plus élevés d’Europe, sans autre considération pour les abattoirs qui en meurent».

Table ronde
Les éleveurs en appelaient alors aux pouvoirs publics pour dénouer la crise. C’est ainsi qu’une table ronde réunissant les acteurs du marché au cadran s’est tenue lundi 17 août au ministère de l’Agriculture, à Paris, en présence de Stéphane Le Foll. Mais sans la Cooperl, ni Bigard. Leurs dirigeants respectifs ont toutefois été reçus successivement par le ministre le 18 et le 19 août. «Nous ne reviendrons pas tant que des discussions au marché n’auront pas lieu et qu’on ne sera pas tombé d’accord», a déclaré Patrice Drillet, le président de la Cooperl, à l’issue de son rendez-vous, rue de Varennes. Jean-Paul Bigard est sur la même longueur d’ondes.
Les deux abatteurs dénoncent la barre de retrait du marché qui limite les variations à 5 cts, ainsi que les modalités d’attribution des invendus. Ceux-ci sont cédés au prix moyen du marché aux différents opérateurs en fonction de leurs achats. «Nous continuons d’affirmer qu’une cotation politique complètement décalée du prix européen constitue un désastre économique pour le secteur de l’abattage-découpe et pour toute la filière. Nous perdons chaque jour de nouvelles parts de marché à l’exportation, comme sur notre propre territoire», a insisté Paul Rouche du Sniv/Sncp.

Distorsions de concurrence
A l’issue de la table ronde au ministère, les professionnels se montraient plutôt satisfaits. «Nous avons des éléments positifs», «nous avons des pistes pour des solutions pérennes», ont déclaré respectivement Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine (FNP) et Guillaume Roué, président de l’interprofession porcine (Inaporc).. Stéphane Le Foll a, de son coté, évoqué «une volonté collective de trouver des solutions». Avec la reprise du marché au cadran, la reconnaissance par le ministre de l’Agriculture de distorsions fiscales et sociales avec nos partenaires européens a été bien accueilli par les professionnels.
Stéphane Le Foll a fini par accepter de porter le dossier au niveau européen, notamment lors du conseil des ministres exceptionnel de l’Agriculture, le 7 septembre. Alors que quelques jours plus tôt, il récusait tout différentiel de charges et qu’il s’était évertué à démontrer que les écarts de coûts entre la France et l’Allemagne étaient en train de se résorber grâce à la mise en place du Smic de l’autre coté du Rhin et du Cice chez nous. Selon Guillaume Roué, il reste néanmoins un flou juridique sur la prise en compte des travailleurs détachés qui aboutit à ce que le coût horaire soit de 5 à 6 €/heure en Allemagne contre 17 à 18 € en France.

Réforme du cadran
Les professionnels ont aussi accueilli la réforme du marché au cadran pour mieux prendre compte les évolutions à court terme du marché, ainsi que la mise en place de la contractualisation dans la filière. Une première réunion est prévue le 27 août avec les acteurs du marché de Plérin pour «envisager des pistes de commercialisation plus sécurisantes», notamment via la contractualisation.
Stéphane Le Foll serait également déterminé à valoriser l’origine française. Certes, des progrès ont été faits en ce sens dans la grande distribution, mais le ministre le reconnaît lui-même, l’étiquetage d’origine laisse à désirer dans la charcuterie salaison. Comme d’ail­leurs dans la restauration collective. Sur ce sujet, il est prévu la mise en place d’un seuil de 25 000 € en-deçà duquel il sera possible de s’affranchir des appels d’offre. Un décret concrétisera cet engagement en septembre. Dans la grande distribution, une réunion de travail aura lieu également le 27 août afin de travailler les modalités pratiques de mise en œuvre des promotions et de leur encadrement «pour stimuler la consommation».

Coop de France et les industriels : le salut passe par la compétitivité

Reçue également par Stéphane Le Foll le 18 août, Coop de France avance quatre propositions face à la crise porcine. Il s’agit de retrouver une balance commerciale positive, en musclant les stratégies export et via l’information sur l’origine des produits. Il faut revoir la fixation des prix, via une rénovation du cadran, et développer la contractualisation, deux points «supposant une importante restructuration des groupements de producteurs, trop atomisés». Il faut enfin accélérer le plan de modernisation industrielle et favoriser la compétitivité de toute la filière (soutien à l’investissement, fiscalité, réglementation, assurances).
Le Sniv-Sncp (industriels de la viande), réaffirme dans un communiqué du 18 août que le remède à la crise ne réside pas dans «la reprise d'une cotation du marché du porc breton» ni dans de «nouveaux modes de commercialisation et de relations commerciales entre les acteurs». Le Sniv demande un allègement exceptionnel des charges salariales, l'indication claire de l'origine de la viande, une campagne de communication sur le Porc français, un rééquilibrage des «contraintes législatives et réglementaires» françaises sur celles des autres pays européens, et une reprise des négociations pour l'exportation de gras et d'abats de porcs vers la Russie.

Cotation en baisse de 1,5 ct/kg

A la reprise du marché du porc breton à Plérin, le mardi 18 août, la cotation de 1,404 €/kg n’a pu être tenue. En raison de l’absence de Bigard et de Cooperl, les transactions se sont déroulées dans une ambiance assez lourde et la cotation moyenne s’est établie à 1,389 €/kg, en baisse de 1,5 ct/kg. Sur les quelque 49 400 porcs présentés, 15 700 n’ont pas trouvé preneurs.

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