Culturales 2015 : l’innovation agricole a tenu salon
Les 24 et 25 juin derniers, à Villers-Saint-Christophe, le Salon de plein champ destiné aux producteurs agricoles et aux passionnés d’agronomie, avait pour thème produire plus et mieux.
C’est un petit groupe d’amis que l’on repère vite par son exubérance et son verbe haut et fort. Pour venir aux Culturales, ces Espagnols de Huesca, Valladolid, Tolède et Barcelone ont traversé une grande partie de la France. Tous travaillent dans des exploitations agricoles. S’ils sont venus, c’est parce qu’ils voulaient se faire leur propre idée sur les nouvelles variétés de céréales, mais aussi les produits phytosanitaires, les nouveaux matériels agricoles et le bio-contrôle. Comme les 15 000 visiteurs accueillis sur les deux jours du Salon, soit 5 000 de plus que lors de la précédente édition en 2013.
«La France, dit Miguel Angel Lopez, de Huesca, a trois pas en avance sur l’Espagne. Il faut dire que le climat n’est pas le même que chez nous, ni la terre. Dès que tu commences à travailler la terre chez nous, tu trouves tout de suite des pierres. Ici, c’est vraiment un autre monde. C’est pour cela que nous sommes venus.»
Un autre monde, c’est aussi cela qu’a voulu faire découvrir Arvalis-Institut du végétal, ou plutôt les céréales du futur. Avec, pour thème central, cette année : comment produire plus et mieux, tout en préservant l’environnement et en s’adaptant au climat, qui n’a de cesse de jouer les perturbateurs sur les rendements agricoles.
«Show must go on»
Outre les classiques du Salon, soit des stands dédiés aux céréales à paille, maïs, oléagineux, protéagineux, betteraves, pommes de terre, lins fibres, chanvres, tabac, couverts végétaux et plantes à biomasse, et d’autres dédiés au produits phytosanitaires et au machinisme (200 exposants au total, soit 40 de plus qu’en 2013, ndlr), les Culturales sont entrées dans un nouveau «monde» avec l’organisation du show des innovations.
«C’était une première, mais une vraie réussite», dixit Xavier Gautier, en charge de la communication pour Arvalis-Institut du végétal. Entre l’intérêt et la variété des sujets (nouvelles technologies, progrès génétiques, biodiversité, bio-contrôle…), ainsi que la mise en scène des shows à la façon américaine, il était difficile de passer à côté sans avoir la curiosité titillée. Musique à fond, écran géant, compte à rebours, interactivité entre le public et l’animateur du show, vidéos et experts sur place, les shows ont fait un tabac.
Guillemette Garry, enseignante en protection de cultures, à Rouen, a suivi quasiment tous les shows sur les innovations. «L’évolution des outils et techniques agricoles est vertigineuse, ainsi que l’amélioration des plantes. Un champ énorme s’ouvre dans l’agriculture et toute une révolution est en train de s’opérer jusque dans la façon de travailler», constate-t-elle.
La star : les céréales
Mais le clou du spectacle pour la plupart des visiteurs est et reste les différentes variétés de céréales. Aucun hasard d’ailleurs dans le calendrier pour l’organisation du Salon, puisque c’est le moment précis où les agriculteurs choisissent leurs céréales.
C’est par cars entiers que sont arrivés les Calaisiens à Villers-Saint-Christophe.L’un d’eux, Patrick Demilly, agriculteur polyvalent à Fiennes, vient pour la deuxième fois aux Culturales. «Ce que j’ai trouvé intéressant, cette année, c’est que beaucoup plus d’essais variétaux dans les différentes cultures ont été présentés. Mon attention a été particulièrement retenue par des variétés de blé qui peuvent avoir une forte teneur en protéines.» Il en testera d’ailleurs une cette année sur un demi-hectare.
Prochain rendez-vous dans deux ans. Où ? L’organisateur n’en sait rien encore mais, promis-juré, vous n’avez pas fini d’être étonné par tout ce qu’il présentera, le moment venu.
Fongicides : pas facile de bien positionner le traitement
Comment bien positionner les traitements ? C'est la question qui revenait le plus souvent à l'atelier «fongicides blé».
La réponse n'est pas évidente. Il existe aujourd'hui des modèles qui permettent de prévoir l'apparition des maladies. Et les outils d'aide à la décision dont on dispose donnent des indications précises sur le déclenchement du traitement. «Mais on a ici affaire à du vivant, et il reste toujours une part d'impondérable, explique Jean-Yves Maufras, spécialiste fongicides céréales chez Arvalis-Institut du végétal. Cette année, le modèle déclenchait le traitement contre la septoriose à la sortie de la dernière feuille pointante. La maladie s'étant développée un peu plus tard, le stade dernière feuille étalée était le stade idéal pour traiter, car toute la feuille est alors protégée. Ainsi, entre un traitement du 12 mai et un du 18 mai, on constate une grande différence d'efficacité. Fallait-il traiter deux fois ? Difficile de prévoir... »
Autre exemple, le cas de la rouille jaune. «Sur une variété comme Trapez, poursuit Jean-Yves Maufras, le modèle indique trois traitements, respectivement aux stades deux nœuds, dernière feuille et épiaison. L'an dernier, cela ne fonctionnait pas. II fallait faire cinq traitements, on gagnait ainsi 15 q par rapport aux trois traitements. Cette année, par contre, alors que l'on s'attendait à avoir encore beaucoup de rouille jaune, trois traitements ont suffi. Tout dépend aussi de la variété. Avec Cellule, variété la moins sensible à la rouille jaune, deux traitements suffisaient cette année.»
Bref, l'exactitude n'est pas de mise en la matière. Parfois on sur-traite, parfois on sous-traite. «Le conseil, conclut le spécialiste, c'est d'être le plus près possible de la réalité. Et, pour cela, bien observer, se référer au BSV. Admettre parfois qu'il faut retraiter.»
Gérald Le Page