D. Froment : «Je préfère vendre ma production localement»
L’éleveur de poules pondeuses en cage a décidé de changer son fusil d’épaule, en passant à la production d’œufs plein air extra-frais des Hauts-de-France, sous la marque Mas d’Auge.
Si Hervé Vilard chantait en son temps, «Capri, c’est fini», Dominique Froment pourrait lui donner le change en chantant «Les œufs de cage, c’est fini». Inutile d’insister auprès de lui sur le sujet. Il n’en dira rien, si ce n’est que depuis trois générations sa famille a toujours fait des œufs de poules pondeuses en cage, à Marestmontiers. Et donc, que tout naturellement, quand il s’est installé voilà trente ans, il a suivi le même chemin, travaillant pour Matines, dont son père a été l’un des fondateurs. Combien d’œufs fournissait-il ? Combien de poules dans son poulailler ? Inutile d’insister. Les consommateurs ne veulent plus d’œufs standards. Alors, Dominique non plus. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura moins de poules dans son nouveau projet que ce qu’il avait jusqu’ici.
Ce qu’il veut vraiment ? Un système d’exploitation pérenne pouvant être transmis à sa descendance quand l’heure viendra de passer la main. Et la pérennité, c’est de suivre les attentes des consommateurs. «Je souhaite vendre des œufs qui se vendent correctement et accompagner le marché dans ses évolutions», commente-t-il. Dont acte. Il se lance dans la production d’œufs de plein air, et emboîtera, pour ce faire, la démarche régionale de Matines avec sa nouvelle marque «Mas d’Auge, œufs plein air extra-frais des Hauts-de-France». Et avec d’autant plus de facilité que «Mas d’Auge reste une marque connue par beaucoup de monde, même si la marque a été mise en sommeil depuis son rachat par Matines. Il n’en reste pas moins qu’elle est, dans l’esprit des gens, une marque qui met à l’honneur le savoir-faire des régions. Or, du savoir-faire dans l’élevage de poules pondeuses dans les Hauts-de-France, on n’en manque pas. C’est une vraie opportunité pour notre région, d’autant que nous avons à proximité un marché important, comme en l’Ile-de-France, juste à côté de chez nous. Puis, en ce qui me concerne, je préfère vendre ma production localement plutôt que de la faire traverser toute la France», ajoute-t-il.
Son projet
Il compte se lancer en montant un bâtiment de 1 700 m2 pour accueillir 12 000 poules pondeuses en plein air. «Au total, avec le chemin d’accès et le parcours de plein air équivalent à 4 m2 par poule, j’aurais besoin de 4,80 ha de terre. Soit un total de 5 ha. Ce qui signifie que sur ces terres, sur lesquelles je cultive du blé, du maïs et des betteraves, je ne pourrai plus le faire», indique Dominique Froment.
Pour son bâtiment, le projet est d’installer un pondoir central avec des poules qui restent au sol. Avec un tel système, le bâtiment pourra accueillir jusqu’à 16 000 poules pondeuses, si l’aviculteur souhaite monter en puissance. Mais que ce soit 12 000 ou 16 000 poules, le bâtiment répondra aux normes de confort réglementaires. Le projet pourrait être en piste à compter de 2019, avec une production annuelle attendue de 300 000 œufs.
Quant au coût global, il est estimé à 400 000 €. Certes, il n’en a pas encore fini de payer les annuités, à la suite des investissements réalisés pour les mises aux normes imposées par l’Europe en 2012. Et les banques ne sont pas facilement prêteuses. Sans compter qu’il faut aussi obtenir le permis de construire qui, pour l’heure, n’a pas été encore déposé. «Mais c’est du développement. Puis, le bilan positif de l’exploitation devrait aider à faciliter l’acceptation du projet par les banques. L’autre aspect rassurant pour elles, c’est que le contrat signé avec Matines garantit le débouché de la production d’œufs dans son intégralité. Enfin, Matines et Mas d’Auge sont des marques reconnues», analyse l’agriculteur. Mais rien n’est jamais gagné d’avance, sait-il aussi.
Changement de pratiques
Si l’élevage de poules pondeuses fait partie de l’ADN de la famille Froment, le changement de pratiques n’est pas non plus gagné d’avance. «Les poules pondeuses en plein air nécessitent plus de surveillance et plus de technicité. Il va falloir s’adapter aux poules et être encore plus vigilants sur les risques liés aux maladies. Une fois cela dit, on ne démarre pas de zéro non plus», conclut-il. En revanche, ce qui est gagné d’avance, selon lui, c’est que les contrats proposés pour le plein air permettent de rémunérer les éleveurs et de rembourser les annuités, à la condition, bien sûr, que les poules pondent bien. En avant toute…