Dans les coulisses de la laiterie Lactinov
Dans le cadre de la 17e édition de la Journée mondiale du lait, le 1er juin dernier, la laiterie Lactinov, à Abbeville, ouvrira ses portes au public le samedi 10 juin.
Deux ans déjà que la crise laitière frappe de plein fouet les éleveurs laitiers. A cela s’ajoute une consommation de lait UHT en France en baisse constante. Une fois cela précisé, 63 % des Français consomment encore du lait liquide environ 4,5 fois par semaine (enquête du Cniel de janvier 2017).
La réponse aux besoins reste donc un enjeu de taille, d’autant que le produit bénéficie d’une image positive. Pour la majorité des consommateurs, l’origine française est un gage de qualité.
Pour partager ce savoir-faire français et faire comprendre l’intégralité du parcours «de la vache au lait», la laiterie Lactinov, à Abbeville, ouvrira ses portes au public le samedi 10 juin, de 9h à 16h50. Au menu : le travail de la ferme laitière, la visite des installations de la laiterie, des échanges avec les professionnels, le recyclage des emballages, l’atelier de traite avec un animateur du Cniel et des dégustations de lait.
L’occasion aussi pour le public de découvrir l’histoire de la coopérative laitière, présente en Baie de Somme depuis 1943 (ex-VPM pour coopérative beurrière du Vimeu, Ponthieu, Marquenterre), ses activités, le groupe, ses usines (dont Lactinov Abbeville et Lactinov Braine, filiales de Lact’Union), et ses évolutions depuis cette date.
Un ancrage territorial fort
Les 255 millions de litres de lait conditionnés et transformés dans les usines de Lactinov et de Baby Drink, à Abbeville, ainsi que dans l’usine de Braine (briques de lait), dans l’Aisne, sont collectés auprès de 650 éleveurs laitiers par la coopérative Lact’Union, essentiellement en Picardie. Les deux tiers sont situés à l’ouest de la Somme, dans un périmètre de 50 km autour du site d’Abbeville (320 exploitations), le reste dans l’Aisne, et dans une bien moindre proportion dans l’Oise, le Nord, le Pas-de-Calais, à cheval entre le Loiret et l’Yonne, et les Ardennes. Soit un ancrage territorial fort.
A l’instar d’autres coopératives, le lait de consommation et les produits laitiers fabriqués sont donc 100 % français, garantis par les deux logos, «Lait collecté et conditionné en France» et «Lait collecté et transformé en France». Enfin, tous les éleveurs sont adhérents de la «Charte des bonnes pratiques», ainsi que de la charte de Lact’Union certifiée Afnor, «Au fil du lait».
Sur les 255 millions de litres de lait collectés dans les 460 points de collecte, 2,3 millions de litres de lait sont collectés auprès de neuf éleveurs (coopérateurs de Lact’Union) qui font du lait bio. Cinq autres millions de litres de lait bio sont également collectés par Lact’Union dans la Somme, le Pas-de-Calais et l’Oise pour le compte de la Prospérité Fermière et Sodiaal.
Face à la progression de la consommation du lait bio (+ 5,2 % en France en 2016), «la coopérative s’est donné comme objectif, à échéance 2018, de collecter 5 millions de litres de lait bio auprès de ses adhérents. C’est un marché en pleine croissance, qui s’est traduit sur notre site par une augmentation d’activité de 10 % en 2016, alors que le marché de consommation de lait UHT diminue», explique Sébastien Grymonpon, responsable amont chez Lact’Union.
Un site en perpétuelle évolution
C’est en 1992 que la coopérative change d’orientation en créant un atelier de conditionnement de lait UHT en bouteilles à Abbeville, soit l’usine Lactinov. Dès lors, le site ne va cesser de se développer. En 1998, y démarre une deuxième ligne de conditionnement de bouteilles multi-formats et de produits plus élaborés. Idem en 2004. Puis, en 2008-2009, y est construit un magasin automatique de stockage (11 000 places palettes).
C’est dans ce même lieu que s’élabore aussi la transformation de matières grasses, et qu’une activité de production de crèmes et de beurre s’y déploie. Le dernier investissement, en 2015, porte sur le stockage frigo et un nouveau hall de recherche et de développement. Chaque année, la laiterie produit 160 millions de bouteilles, ainsi que 10 000 tonnes de beurres.
Si la production de bouteilles de lait et de beurre est l’activité première de la coopérative Lact’Union, pour répondre aux évolutions des attentes des consommateurs, celle-ci a développé également deux nouveaux pôles. Le premier est l’activité de laits infantiles, «Baby Drink», depuis 2011, sur le site d’Abbeville. Sur site sont fabriqués les laits infantiles de 1er et 2nd âge, du lait de croissance, du lait avec des céréales, du lait bio, ainsi que des laits pour les populations sensibles. La coopérative détient 65 % de cet outil industriel, les 35 % restants étant entre les mains de Global Baby. Le second pôle, développé dernièrement, est le pôle diététique adulte, orienté, lui, sur des produits spécifiques pour les sportifs et les personnes en fin de vie.
Dernier produit créé l’an dernier ? Milk Kiss, un brassé contenu dans une gourde à emporter partout. Un produit en droite ligne de la consommation alimentaire nomade en plein développement dans notre pays. Toujours dans la perspective de diversifier ses produits laitiers, Lact’Union détient depuis 2016 la société Yabon, à Verneuil-sur-Avre, spécialisée dans les crèmes dessert, les desserts lactés et les gâteaux de riz.
Inscriptions obligatoires pour la visite du site sur www.lactunion.com
Places limitées à 720 personnes
Lact’Union : sa stratégie pour demain
Si la stratégie de la coopérative est de consolider son expertise dans l’élaboration et le conditionnement aseptique de laits de consommation et de produits dérivés (crèmes culinaires, laits aromatisés, etc.), «le gros challenge est de développer des produits pour compenser la baisse de consommation de lait UHT tant au national qu’à l’export», précise Sébastien Grymonpon, responsable amont chez Lact’Union. Et de développer sa gamme, comme ses produits tous azimuts, en investissant fortement sur la recherche et le développement, tant au niveau formulation des produits que du packaging.
Dans cette stratégie de développement, Lact’Union s’est lancée depuis trois ans dans le marché de grand export avec ses laits standards et aromatisés, touchant ainsi une cinquantaine de pays, particulièrement l’Asie avec la Chine, mais aussi l’Afrique, le Moyen-Orient et, dans une moindre mesure, l’Europe, particulièrement au Royaume-Uni et au Portugal. «L’activité porte essentiellement sur l’export de formats briques», précise Sébastien Grymonpon. En 2016, ce sont plus de mille conteneurs qui ont été exportés sur l’ensemble de ces destinations.
Dernier axe de développement : la production de lait bio, avec l’objectif d’atteindre 5 millions de litres de lait bio collectés à échéance 2018. Objectif possible avec la reconversion en cours de dix éleveurs laitiers de la coopérative. Il en faudra cependant un peu plus. «On peut encore accueillir une dizaine de producteurs tentés par une reconversion en bio. Si cette démarche induit des changements lourds pour eux, et très techniques, remettant en cause leurs pratiques d’exploitation, nous sommes confiants», ajoute-t-il.