Dates et densités de semis : appuyer ses choix sur une analyse pluriannuelle
Les variations climatiques observables d’une année sur l’autre ne doivent pas être à objectifs.
Passé l’enjeu de la récolte du précédent et de la préparation du sol, la date de semis doit être décidée en fonction du type variétal et d’un climat «probable». Ce dernier prend en compte à la fois une moyenne, mais aussi une variabilité observée sur une série climatique de vingt ans minimum. Il s’agit d’éviter de se laisser influencer par les accidents climatiques de l’année précédente. Le raisonnement de la date de semis va donc s’appuyer sur un ensemble de contraintes climatiques à éviter ou à minimiser.
En cas de gel précoce (avant le tallage), il faut, pour les espèces sensibles, s’assurer que la culture ait dépassé la phase de forte sensibilité avant l’arrivée du froid (ce qui explique pourquoi il est déconseillé de semer des orges d’hiver après le 1er novembre sur une grande partie du Centre et de l’Est).
En cas de gel tardif (au début de la montaison), en intégrant la précocité variétale, l’objectif est de veiller à ce que la culture ne démarre pas son redressement et sa montaison à une période où des gels tardifs sont encore possibles (cas de l’hiver 2011-2012).
De même, plus particulièrement dans les zones chaudes du Sud et du Centre, le risque d’échaudage (courant remplissage) doit être évalué. L’apparition de températures élevées pendant le remplissage du grain peut perturber cette étape. Il faut donc rechercher des couples, variétés x date de semis, qui permettent une floraison précoce, tout en tenant compte, selon la situation et, dans la mesure du possible, de la sensibilité au gel.
Puisque chaque variété a son rythme de développement propre, nos préconisations régionales (en blé tendre, orge d’hiver, triticale, blé dur) intègrent ces différents critères climatiques et proposent des combinaisons, date de semis x précocité variétale, qui limitent les risques présents dans chaque région. Il est ainsi déconseillé de semer tôt des variétés trop précoces à montaison dans les secteurs où les gelées tardives sont fréquentes, ou de semer tardivement une variété à cycle long pour éviter le risque accru d’échaudage.
Moduler la densité de semis
La densité de semis doit être raisonnée par rapport à la date d’implantation. Elle doit être plus faible en semis précoce, pour éviter des excès de tallage en sortie d’hiver. Et, au contraire, elle doit être significativement plus élevée pour les semis tardifs, où des pertes de plantes et des tallages réduits sont à craindre. Or, les enquêtes démontrent que les producteurs ne modulent pas assez leur densité de semis selon la période d’implantation.
De plus, la densité de semis doit être raisonnée en fonction du type de sol : dans des milieux caillouteux, les pertes à la levée ou pendant l’hiver sont plus importantes et le tallage ou la montée à épi affectés. Les recommandations d’Arvalis - Institut du végétal tiennent compte de ces particularités.
Pas d’effet variété sur la densité de semis
Par contre, à date de semis identique, il n’y a pas de justification à moduler la densité de semis selon la variété. Les synthèses d’essais en blé tendre le démontrent : sur une gamme de densité de semis réaliste (préconisation régionale ± 50 %), les variétés se comportent de manière sensiblement identique, qu’il s’agisse de lignées ou d’hybrides (cf. graphique). Seul le coût de la semence justifie une adaptation de la densité de semis pour ces derniers. Toutes les variétés testées atteignent leur meilleur rendement des densités proches des recommandations régionales. Cependant, l’excès de densité est particulièrement pénalisant en cas de verse pour les variétés très sensibles. Ces conclusions sont également valables en escourgeon (hybrides ou lignées). Il ne sert donc à rien de semer dense une variété «qui ne talle pas» ; une éventuelle augmentation de la densité d’épis se fera au détriment de la fertilité épi, pour aboutir à un rendement similaire.