Déléguer les travaux de plaine pour l’élevage
Dans le cadre des réunions hivernales organisées cette année par Avenir conseil élevage sur la thématique du travail en élevage, Isabelle et Hubert Roisin partagent la réflexion qui les a conduits à déléguer les travaux de plaine.
Le Gaec des Mésanges, à Mazinghien (59), a connu une importante restructuration en 2018 avec le départ de deux associés sur quatre, passant de 330 ha à 185 ha de SAU avec un parc de matériel cédé. Le cheptel laitier et allaitant est resté identique. «Il fallait repenser l’organisation du travail sur l’exploitation. Après concertation avec mon épouse, nous en avons parlé à notre conseiller d’ACE qui nous a mis en relation avec Nicolas Maréchal, responsable du service technico-économique», indique Hubert Roisin. C’est ainsi qu’un accompagnement de projet est mis en place afin d’étudier la situation et les options possibles en tenant compte des objectifs et des aspirations des éleveurs, c’est-à-dire «maîtriser ce que l’on a, garder l’outil de production en bon état et pouvoir en vivre», précise Hubert.
Choisir l’option qui vous convient
Deux choix s’offrent alors à eux : investir dans du matériel et de la main-d’œuvre ou déléguer les travaux de plaine à une entreprise. C’est cette dernière option qui est retenue car «la priorité au niveau du projet était d’abord de garder une vie de famille et on n’avait pas assez de main-d’œuvre sur l’exploitation». Il faut dire que ce qui importe pour lui dans son métier, c’est d’être au contact des animaux et de travailler avec son épouse. Celle-ci est responsable de tout ce qui touche à la traite ; elle est assistée par l’un des salariés pour le deuxième lot d’animaux, tandis que l’autre salarié, à temps partiel, est responsable du raclage/paillage. Hubert Roisin gère, de son côté, la conduite des deux troupeaux, laitier et allaitant : surveillance et soins aux animaux, suivi de la reproduction et l’alimentation. «Je tiens à garder la main-mise sur ce type de travail», affirme-t-il ; ce qui explique le choix fait de privilégier le travail autour de l’élevage et de déléguer les travaux des champs.
De la réflexion à la réalisation
Pour la mise en œuvre concrète, il a fallu définir les critères de choix de l’entreprise qui allait intervenir. Ils ont été les suivants : proposer un maximum de prestations, avoir un seul interlocuteur, faire preuve de réactivité et présenter une solide expérience. Le coût n’est pas ce qui a été déterminant, même si cela reste un critère important. «L’accompagnement de projet nous a aidé à clarifier notre demande auprès des trois entreprises sélectionnées au final», explique Hubert.
Ce qui lui convient dans cette solution, c’est son côté sécurisant et la réactivité de l’entreprise : «on sait que le travail va être fait au bon moment». En revanche, certains points n’avaient pas été prévus, ce qui a occasionné un dépassement d’environ 20 000 € de l’enveloppe dédiée à la délégation qui est passée de 60 à 80 000 €.
Ce différentiel s’explique par la réalisation de deux coupes d’ensilage d’herbe au lieu d’une seule prévue dans le projet et la sous-estimation des volumes de lisier à transporter.
Il s’avère également nécessaire d’être très clair avec l’entrepreneur sur ce qu’on veut ou pas afin d’éviter des déceptions techniques. La délégation demande un minimum de suivi, de recadrage si nécessaire, et de discussions régulières sur les attendus. Il faut savoir faire entendre ses exigences.
Enfin, un minimum de temps a quand même dû être consacré aux cultures, car les semences étaient achetées par les éleveurs et il fallait donc être présent au début des chantiers afin de les fournir aux intervenants extérieurs.
Pour Hubert Roisin, «estimer un tel projet est difficile la première année». Il est certain qu’un changement de ce type ne s’improvise pas et nécessite à la fois une bonne réflexion en amont et un suivi régulier lors de la mise en pratique.
Et il conclut : «Déléguer, c’est renoncer à une forme de maîtrise, l’essentiel étant d’atteindre ses objectifs.» L’accompagnement a permis ici de redéfinir la vision de l’exploitation, d’analyser les choses en profondeur, de prendre un nouveau départ sans partir dans des investissements inconsidérés.
Zoom sur le Gaec des mésanges à Mazinghien (59)
Isabelle et Hubert Roisin
3,7 UTH dont 1,7 UTH salariées
140 VL et 40 VA - 1 250 000 litres de lait
185 ha dont 85 ha de cultures
Réorganisation de l’exploitation suite à l’évolution du Gaec