Bovins viande
Eleveurs bovins (6/10). Un Label rouge pour une meilleure valorisation
Épisode 6/10. Ils sont éleveurs bovins par choix, et leur professionnalisme leur permet de vivre de leur métier. Chaque semaine, nous allons à la rencontre de l’un de ces passionnés de la Somme. À Hornoy-le-Bourg, Nicolas Sangnier et Francis Pruvot élèvent des Blondes d’Aquitaine haut de gamme, sous Label rouge.
Épisode 6/10. Ils sont éleveurs bovins par choix, et leur professionnalisme leur permet de vivre de leur métier. Chaque semaine, nous allons à la rencontre de l’un de ces passionnés de la Somme. À Hornoy-le-Bourg, Nicolas Sangnier et Francis Pruvot élèvent des Blondes d’Aquitaine haut de gamme, sous Label rouge.
Des vaches nées et élevées à la ferme, nourries à 80 % minimum de produits issus de l’exploitation, sans OGM, le plus possible à l’herbe, finies aux tourteaux de lin extrudé, qui ont entre 28 et 120 mois à l’abattage… Le haut de gamme de la viande de Blonde d’Aquitaine, certifié par le Label rouge depuis juin 2020, est élevé chez Nicolas Sangnier et Francis Pruvot.
Les exploitants installés à Boisrault et à Aumont, deux hameaux d’Hornoy-le-Bourg, ont choisi de regrouper leurs 80 mères ainsi que les 267 ha de plaine au total (blé, colza, betteraves, graminées fourragères et surfaces fourragères) pour une charge de travail mieux répartie. «Être éleveur seul, c’est de l’esclavage, s’accordent-ils à dire. On a régulièrement besoin d’être deux, pour manipuler les bêtes, ou en cas de vêlage compliqué. Ainsi, on peut se relayer pour souffler un week-end de temps en temps.» Ce fonctionnement en commun est gagnant surtout parce que les deux professionnels ont la même vision de l’élevage : «du travail bien fait, pour un produit de qualité.»
Les premières allaitantes, des Normandes pleines d’un taureau Blond d’Aquitaine sont arrivées à la ferme en 1984. «J’aimais les Blondes, parce qu’elles s’élèvent bien et parce qu’elles étaient mieux valorisées que la Charolaise, alors j’ai poursuivi avec cette race», raconte Francis, autrefois associé en Gaec avec la mère de Nicolas. À son installation en novembre 2017, ce dernier a fait le choix de poursuivre la collaboration bien que les exploitations soient individuelles. Le troupeau a intégré depuis quelques années la filière Bleu blanc cœur (Omega-3) de leur coopérative, NatUp. «Les techniciens nous ont incité à aller plus loin avec le Label rouge. Nous répondions déjà aux critères du cahier des charges», assurent-ils.
Parmi les exigences : la ration. Le pâturage est optimisé et prolongé à l’automne, notamment grâce à l’implantation de dérobées après la récolte. En dehors des périodes de pâturage, le troupeau est principalement nourri au foin de luzerne. 14 ha de dactyle et de luzerne sont d’ailleurs déclarés en MAE depuis 2020 et trois à quatre coupes y sont réalisées. En période d’engraissement, la ration est composée de pulpes surpressées, d’Amyplus, de foin de luzerne, d’enrubannage et d’1 kg de tourteaux de lin extrudé par bête pendant quatre-vingt-dix-jours.
Une valorisation mais des contraintes
Ce label leur apporte une meilleure rémunération. Comptez entre 4,60 €/kg et 5,20 €/kg de carcasse. Depuis 2020, une à deux vaches sont aussi vendues à Sébastien Pocholle, boucher amiénois. Ce nouveau débouché offre le même prix, et une valorisation supplémentaire : celle du travail d’excellence du pré à l’assiette. «Il sait mettre en valeur tous les morceaux. La coupe est toujours impeccable.» Ce prix compense (à peine) les contraintes. Par exemple, bien que le cahier des charges autorise la vente de vaches sous label jusqu’à
120 mois, difficile de faire partir celles de plus de huit ans. «Du coup, on fait beaucoup de renouvellement. On garde toutes les femelles.» Trois taureaux assurent ce renouvellement, choisis pour trois critères principaux : ils font naître des vaches qui donnent du lait, qui vêlent facilement et qui ne sont pas trop lourdes, mais bien formées.
Les naissances sont groupées à l’automne, de septembre à début octobre, et au printemps, du début du mois de mars à la mi-mai. Les génisses vêlent en général à deux ans et demi, et quelques unes vêlent à deux ans. «Le vêlage deux ans est un gain de rentabilité, mais c’est technique. Il faut que la bête pèse 480 kg. Avec la sécheresse et donc le manque d’herbe que nous subissons depuis trois ans, elles font en général 30 kg de moins.» Ces conditions climatiques poussent d’ailleurs les éleveurs à repenser leur organisation. «On a toujours eu plus de veaux au printemps, pour les élever à moindre coût à l’herbe l’été. Avec moins d’herbe, il faudrait privilégier les vêlages d’automne pour mettre au pré les vaches sans veau, donc avec moins de besoins.» Cette solution nécessiterait cependant davantage d’espace dans le bâtiment d’élevage.
Un nouveau bâtiment pourraient aussi permettre la création d’un atelier d’engraissement de la trentaine de mâles qui naissent chaque année, aujourd’hui vendus en broutards. «Mais c’est un sacré investissement et une organisation à trouver lors des pics d’activité.» Nicolas et Francis concentrent pour l’instant leur énergie à la meilleure gestion possible de leur troupeau.
Un équilibre assuré
L’élevage est ensuite cohérent avec la gestion du reste de l’exploitation. Le poste d’engrais est réduit grâce à l’apport de fumier. Les bêtes permettent aussi la valorisation totale de certaines cultures. «Je cultive notamment du ray grass d’Italie pour SFP (Semences fourragères de Picardie, ndlr), confie Nicolas. Une coupe est faite en mai et une centaine de ballots sont alors réalisés pour les vaches.»
Les bovins permettent enfin à Francis d’avoir embauché un salarié à temps plein. «J’ai besoin de lui lors des semis et de la récolte. Le reste de l’année, il est d’une grande aide pour la gestion du troupeau : tri des vaches, vaccinations… Nous pouvons compter sur lui s’il y a un problème occasionnel la nuit ou le week-end. Une vraie assurance.»