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Des chasseurs de gibier d’eau plombés de tous les côtés

S’il est bien un mode de chasse qui a souffert – et souffre encore – du contexte sanitaire, c’est bien la chasse du gibier d’eau qui passionne bon nombre de pratiquants dans la Somme. Le point avec Nicolas Portois, agriculteur et nouveau président de la commission «gibier d’eau» de la fédération départementale des chasseurs samariens.

Président de la commission «agriculture, environnement et territoire», attaché à sa délégation «historique», Nicolas Portois est depuis peu le président de la commission «gibier d’eau» de la fédération des chasseurs de la Somme. 
Président de la commission «agriculture, environnement et territoire», attaché à sa délégation «historique», Nicolas Portois est depuis peu le président de la commission «gibier d’eau» de la fédération des chasseurs de la Somme.
© V. F.

À l’heure qu’il est, les chasseurs de gibier d’eau goûtent leurs dernières heures passées à attendre le passage d’oiseaux migrateurs ou leur pose sur leurs étangs. Car sauf coup de théâtre, la saison de chasse 2020-2021 au gibier d’eau prendra bien fin le 31 janvier. La demande des chasseurs de pouvoir tirer des oies en février semble, une fois encore, enterrée… par les pouvoirs publics : «Les demandes de la fédération nationale comme celle de la fédération de la Somme restent lettre morte, malgré des arguments scientifiques mis à disposition», constate Nicolas Portois. 

Pour lui, il ne fait aucun doute que le blocage est avant tout «politique» : «La décision revient à notre ministre de tutelle (Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, ndlr) qui est d’abord une militante écologiste avant d’être ministre de la République». Au contact des chasseurs de gibier d’eau du département, notamment lors de leurs récentes démonstrations d’incompréhension et de colère, Nicolas Portois partage leur sentiment d’incompréhension : «Il y a un énorme sentiment d’injustice. On nous demande des arguments. On les donne et cela ne suffit pas encore…» 

 

Confinement, grippe aviaire 

Quelques mois plus tôt, à l’aube d’une nouvelle saison, les chasseurs de gibier portaient quand même de nombreux espoirs de réussite et de plaisir : «La saison s’annonçait favorable, expliquait le président de la commission gibier d’eau de la FDC 80 en ce milieu de semaine. Les mois de septembre et octobre ont été bons. Et puis on est arrivé en novembre, qui devait être le meilleur mois, mais qui a été littéralement plombé par le confinement. Sitôt le confinement terminé, des dépressions sont arrivées et les oiseaux n’étaient plus au rendez-vous…» 

À ces conditions particulières s’est ajoutée l’interdiction pour nombre de chasseurs de gibier d’utiliser leurs appelants pour cause de grippe aviaire : «L’interdiction ne porte pas en tant que telle sur l’utilisation, mais sur le transport entre le lieu où ils sont élevés et le lieu d’utilisation. Pour utiliser ses appelants, il fallait donc les avoir sur place…» Pour l’élu fédéral, le risque de propagation du virus via les appelants est pourtant négligeable : «Ces transports sont sans danger puisqu’ils s’effectuent dans des véhicules privés, dans des cages étanches ou dans des sacs jusqu’à la hutte où ils sont ensuite attelés le plus souvent dans des eaux salées. Si virus il y a, dans ces conditions, il ne survit pas.»   

 

Favorable à la vaccination des appelants

Pour les chasseurs de gibier d’eau et leurs représentants, c’est un sentiment d’incompréhension qui domine : «Le virus de la grippe aviaire n’est pas nouveau. Par le passé, les chasseurs ont accepté de tenir des registres d’appelants, de baguer leurs oiseaux pour pouvoir continuer à les utiliser en cas d’épisode de grippe aviaire. On ne peut pas dire qu’ils n’ont pas joué le jeu et malgré cela, au moindre problème qui concerne l’élevage, on les prive de leur passion et de leurs oiseaux», constate Nicolas Portois. La «pillule» est d’autant plus difficile à avaler que ces règles sont de temps à autres détournées à des fins de contrôle, quelle que soit la situation sanitaire. À l’avenir, la solution passera-t-elle par une vaccination des appelants destinés à la chasse ? Du côté de la fédération des chasseurs de la Somme, on y est favorable : «Il y a un espoir avec le vaccin proposé par un laboratoire français. Il a été testé et il est efficace», rapporte M. Portois ; qui voit dans cette solution une «porte de sortie» intéressante sur laquelle il souhaite un échange avec le monde agricole.

 

Une saison globalement bonne pour le reste

En ce qui concerne les autres espèces, la saison qui s’achève aura été plutôt «correcte» selon Nicolas Portois. «En lièvre, c’est effectivement une bonne année. Pour la perdrix, les choses restent compliquées, ce qui n’est pas le cas pour le faisan pour lequel c’est une année normale, dans la moyenne. On voit en ce moment pas mal de pigeons revenir. Pour le lapin, c’est bon aussi et l’on constate que nombre de chasseurs sont contents de pouvoir le chasser ; ce qui fait plaisir aussi aux agriculteurs.» Pour le grand gibier, le chevreuil a été bien présent dans le département, malgré des soucis de reproduction liés à la sécheresse. Du côté du sanglier, l’objectif de prélèvement de 3 500 animaux dans le département pourrait être dépassé, «même s’il reste des points noirs dans le département et des zones où il n’est pas chassé, ce qui complique la maîtrise des populations et des dégâts». Contrariées par le confinement, les chasses professionnelles du département ont obtenu quant à elles la possibilité de prolonger leur saison, soulageant les éleveurs de gibier. Une possibilité dont ont également pu bénéficier les chasseurs de plaine département avec une «rallonge» de quinze jours Mais cela n’enlève rien de la frustration ressentie par certaines catégories de chasseurs qui s’estiment cette année encore floués.

 

Chasser les oies en février ? Quand Yves Butel rappelle le chef de l’État à ses promesses

C’est un samarien qui s’adresse à une samarienne. Le président de la fédération des chasseurs de la Somme et président de l’Union nationale des fédérations côtières de chasseurs a écrit le 11 janvier dernier à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili pour demander l’autorisation de la chasse des oies en février. Alors que la saison de chasse au gibier d’eau s’achèvera dans quelques jours, Yves Butel fait déjà le constat que celle-ci aura été «quasiment blanche» puisque «rabotée» à la fois par des périodes de confinement et l’influenza aviaire. Dans sa lettre, il y souligne l’importance que revêt la chasse du gibier d’eau pour un certain nombre de chasseurs de son département : «Sur le littoral picard, et tout au long du fleuve Somme, l’activité de chasse au gibier d’eau prend souvent le pas sur la vie professionnelle et familiale», indique-t-il. Mais surtout, il rappelle à la ministre de la Transition écologique, numéro 2 du gouvernement, que l’ouverture de la chasse aux oies en février est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron aux chasseurs de France. Or, constate M. Butel, celle-ci est «jusqu’à maintenant non tenue». Enfin, assure le président des chasseurs de la Somme, il existerait aujourd’hui des «avancées scientifiques» suffisantes pour créer «un socle juridique sûr et durable». La ministre de la Transition écologique y sera-t-elle sensible au point de «lâcher» ces quelques semaines qui auraient alors un goût de «rattrapage» aux chasseurs ? Les espoirs sont maigres mais les paris sont ouverts… 
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