Élevage
Des espaces naturels à pâturer gratuitement… sous conditions
Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France met à disposition d’éleveurs des espaces de pâturage dont il a la gestion sur les communes d’Abbeville et Mareuil-Caubert. Les candidatures sont à adresser avant le 10 mars prochain.
Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France met à disposition d’éleveurs des espaces de pâturage dont il a la gestion sur les communes d’Abbeville et Mareuil-Caubert. Les candidatures sont à adresser avant le 10 mars prochain.
Alors que l’intérêt des pratiques pastorales n’est plus à démontrer pour l’entretien de milieux naturels sensibles, notamment parce qu’elles participent à l’enrichissement de la biodiversité, le Conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France lance un appel à candidatures pour l’occupation de plusieurs sites naturels et leur valorisation par le pâturage ou la fauche à l’ouest de la Somme. Les territoires dont il est question sont situés sur les communes d’Abbeville et de Mareuil-Caubert.
30 hectares offerts à la fauche et au pâturage
Le premier lot proposé par le Conservatoire se situe sur la commune de Mareuil-Caubert et s’étend sur 30 hectares, «au sein de la Vallée de la Somme». Propriété de la commune, ces 30 hectares étaient par le passé «utilisés pour le pâturage, la fauche et la production de bois de chauffage», relate une note descriptive. Divisés en deux, ils ont, pour une partie, fait l’objet de travaux de déboisement, tandis que d’autres interventions devront y être réalisées. Sur ces espaces aujourd’hui constitués de boisements, de prairies humides parfois à l’abandon, de prairies de fauche et de quelques zones encore pâturées, le Conservatoire veut d’abord y proposer une exploitation par la fauche – le temps de la restauration écologique. L’installation d’un troupeau pour un pâturage extensif pourra intervenir dans un second temps, avec une préférence pour des bovins «de race rustique», ou un mélange bovins-équins. Plusieurs espèces patrimoniales y sont présentes, pour la plupart caractéristiques des milieux tourbeux : Ache rampante, Gesse des marais, Fritillaire pintade, Orchis négligé et Orchis incarnat, Linaigrette à feuilles étroite ou encore Mouron délicat. Le lot étant constitué de deux espaces – l’un fait 15,5 hectares et l’autre s’étend 14,5 hectares –, le Conservatoire se réserve le droit de choisir deux exploitants différents, en fonction des candidatures reçues.
Jusqu’à 7,5 hectares entre Abbeville et Mareuil-Caubert
Le second lot est plus modeste puisqu’il s’étend sur une surface d’environ 3 hectares «dans un premier temps», avant la possibilité qu’elle soit étendue à 7,5 hectares. Le lot se situe cette fois sur les communes d’Abbeville et de Mareuil-Caubert, en aval de la Vallée de la Somme, sur le site des Monts de Caubert. Pour ce territoire, le Conservatoire cherche un éleveur de caprins et d’ovins, ou d’ovins uniquement. L’objectif ? Entretenir le coteau calcaire alors que l’abandon progressif du pâturage sur ces coteaux à partir du début du XXème siècle a eu pour conséquence leur embroussaillement progressif, voire leur boisement. «La partie nord, concernée par l’appel à candidatures, n’est plus entretenue depuis plusieurs dizaines d’années et est constituée principalement d’une végétation d’ourlet calcicole très dense en cours d’embroussaillement. Des espèces typiques des coteaux calcaires sont néanmoins toujours présentes : Chlore perfoliée, Gentianelle d’Allemagne, Polygale du calcaire, Criquet noir-ébène...», détaille le Conservatoire. Alors que des travaux de restauration importants ont déjà permis de débroussailler la partie située sur la commune d’Abbeville en 2022, et de l’équiper de clôtures fixes permettant de remettre en œuvre du pâturage pour l’entretien du larris, des travaux supplémentaires pourraient être engagés sur la commune de Mareuil-Caubert, permettant ainsi la création, à terme, de deux parcs de pâturage. La surface passerait ainsi à 7,5 hectares.
Des règles communes
Pour l’un comme pour l’autre des territoires proposés, des règles similaires sont imposées par le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France. D’une manière générale, l’exploitant devra s’engager à «participer au maintien en bon état des installations et à leur entretien courant», à «ne pas stocker de véhicules ou de matériels», «ne pas abandonner tout dépôt ou détritus de quelque nature que ce soit sur les parcelles», ou encore «ne pas réaliser de semis sur les parcelles». Enfin, en toute logique s’agissant d’espaces naturels remarquables, haies et arbres champêtres y sont particulièrement protégés. L’écobuage comme la fertilisation ou l’utilisation de produits phytosanitaires y sont interdits. En dernier lieu, les terrains devront rester vierges de toute construction liée ou non à l’activité agricole, et toute activité autre que celle d’élevage – camping, hébergement, parcours équestre –, y est interdite.
Parmi les critères de sélection des candidats, le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France dit vouloir privilégier «la valorisation des races locales ou rustiques, des pratiques respectueuses de l’environnement, une proximité entre l’exploitation agricole et le site». En tout dernier lieu, être porteur d’un projet d’installation et envisager une activité à temps plein permet de «gagner» des points.