Des mesures «fortes» pour le bien-être animal
Le ministre de l'Agriculture a annoncé une série de mesures pour la protection et l'amélioration du bien-être animal dont l'arrêt définitif du broyage des poussins mâles et de la castration à vif des porcelets fin 2021.
«Nous prévoyons un dispositif fort, jamais mis en place dans ce pays», a déclaré le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, en présentant son plan d'ensemble de lutte contre la maltraitance animale, le 28 janvier à Paris. Premières mesures annoncées, «l'interdiction des pratiques douloureuses», à commencer par l'arrêt du broyage des poussins mâles. La décision s'appliquera fin 2021 comme d'ailleurs en Allemagne avec laquelle le ministre mène une politique de concertation en la matière. La dernière réunion, qui s'est déroulée à Berlin au mois de décembre, s'est conclue par la création d'un consortium franco-allemand sur un programme de recherche portant sur les alternatives au broyage et, notamment, le sexage «in ovo». La France y consacre 4,3 millions d'euros, l'Allemagne, 8 millions d'euros, a déclaré le ministre, tout en reconnaissant que «les résultats n'étaient pas encore là».
Interdiction de la castration à vif des porcelets
Deuxième mesure annoncée, l'interdiction de la castration à vif des porcelets fin 2021 également. L'alternative sera de procéder à une anesthésie locale avant la castration. Un protocole en ce sens sera mis en place avec les vétérinaires, a indiqué le ministre, y compris avec une formation à la clef des éleveurs pour qu'ils puissent procéder à cette opération. «Dans moins de deux ans, rien ne sera comme avant», a poursuivi le ministre, déplorant qu'on ait poussé trop loin le niveau de productivité dans les élevages. Quoiqu'il en soit «les dates seront tenues, éventuellement par la loi s'il le faut», a martelé Didier Guillaume.
Étiquetage sur le mode d'élevage
Autre mesure phare, la mise en place espérée à l'échelle européenne d'un étiquetage sur les modes d'élevage. Une expérimentation sera lancée en 2020 avant que le projet soit porté à Bruxelles, le ministre souhaitant que la France soit avec l'Allemagne, le modèle en la matière en exerçant un effet d'entraînement sur les autres pays. Et s'agissant de la prochaine Pac, le ministre souhaite conditionner les financements de la Pac pour les investissements dans les bâtiments d'élevage au respect des normes en matière de bien-être animal. En France, les financements publics seront d'ores et déjà fléchés prioritairement vers les bâtiments favorisant l'expression naturelle des comportements des animaux d'élevage. Le plan est accompagné de dispositions visant à améliorer le transport des animaux. Des textes réglementaires seront pris prochainement pour augmenter les contrôles et renforcer les sanctions par rapport à la densité des chargements et la durée de déplacements de longue durée notamment.
Une formation au bien-être animal
Autres mesures annoncées : l'intégration d'une formation au bien-être animal dans les établissements d'enseignement agricole dès la rentrée prochaine, ainsi que l'introduction d'un référent en charge du bien-être animal dans les élevages de porcs et de volailles, prévu pour 2022. Ce programme d'ensemble pour le bien-être animal n'est pas dénué d'arrières pensées électorales et de l'intérêt croissant de l'opinion publique sur ce sujet, à la veille des élections municipales. Il fait suite, notamment, à de nombreux débats au Sénat et à l'Assemblée nationale sur ce sujet, y compris à l'occasion de l'adoption de la loi Egalim. Lors de la campagne électorale de 2017, le président de la République s'était lui-même engagé dans ce sens en faisant de la lutte contre la maltraitance animale, une priorité. Sans oublier la performance inattendue du parti animaliste, lors des élections européennes de 2019 où il a recueilli 2,2 % des voix, presqu'autant que le Parti communiste (2,5 %).
Une mission pour les animaux de compagnie
Le ministre a décidé de confier à Loïc Dombreval, député LREM des Alpes Maritimes, une mission de six mois sur la maltraitance des animaux de compagnie. Il sera chargé de procéder à un état des lieux de la situation actuelle et de proposer des mesures contre l'abandon des animaux de compagnie et la lutte contre les chiens et chats errants notamment. Sans attendre ses recommandations attendues pour le 1er juillet prochain, le ministre a d'ores et déjà décidé d'interdire les ventes dans les véhicules pour prévenir les achats impulsifs et la mise en place de contraventions pour le non-respect de l'identification obligatoire.