Des outils innovants pour la maîtrise des mammites
Chez les petits ruminants, les outils d’intervention et de gestion en matière d’infections mammaires, doivent être repensés en tenant compte de leurs spécificités.
Le contrôle des infections mammaires joue un rôle essentiel dans la maîtrise de la qualité sanitaire du lait et des produits laitiers. Sur le terrain, des mesures de maîtrise des concentrations cellulaires ont été proposées, mais n’ont été que partiellement adoptées, car elles ne prenaient pas en compte les spécificités des petits ruminants.
Un projet(1) a ainsi été lancé afin de proposer des critères de sélection des animaux à traiter (ou réformer) et adaptés au contexte d’élevage et de suivi technique. «Ce programme de recherche visait ainsi à soumettre, sur le plan génétique, de nouveaux objectifs de sélection combinant santé de la mamelle et aptitude à la traite et, sur le plan sanitaire, de nouveaux outils d’intervention et/ou d’aide à la décision à inclure dans les démarches existantes, en tenant compte de leur acceptabilité par les acteurs du développement», notent les auteurs de l’étude.
Complémentarité des méthodes disponibles
La détection moléculaire donne des résultats satisfaisants en matière de diagnostic des infections mammaires. Selon les auteurs, «cette technologie offre la possibilité de caractériser des facteurs de virulence importants ou des gènes de résistance aux antibiotiques et, de ce fait, mériterait de se généraliser et d’être appliquée chez les petits ruminants».
Une valorisation génétique et sanitaire des concentrations cellulaires peut être, par ailleurs, possible, alors que les signatures spectrales en moyen-infrarouge des infections mammaires sont peu informatives. L’examen des mamelles pour le repérage des mammites chroniques est également un bon moyen pour en identifier les principaux signes.
De nouvelles approches
Différentes techniques de caractérisation morphologique par imagerie, de la mamelle et du trayon, ont été développées en stations expérimentales (prises de vue numériques, échographies, thermographies). Elles laissent envisager une aide quant à la caractérisation des conformations mammaires et de l’analyse du traumatisme des tissus. Une approche typologique des données de pointage permettrait, quant à elle, une prise en compte plus globale des caractères.
Chez la chèvre, par ailleurs, un référentiel des lésions des trayons comme témoins de la qualité de la traite a été élaboré. «La fréquence des lésions du trayon semble majoritairement augmenter avec le temps de traite et le niveau de production. Le stade de lactation paraît également avoir une incidence : diminution de la fréquence des congestions, des hyperkératoses et des anneaux de compression, mais augmentation des pincements ou des kystes.»
Les outils de test pendant la traite offrent une appréciation de l’aptitude fonctionnelle de la mamelle et des conditions de traite. L’utilisation de LactoCorder en caprins fait apparaître le débit de première minute comme répétable et, par conséquent, elle peut être considérée comme une mesure valable d’un point de vue génétique.
Les références acquises en matière de fréquences des incidents de traite suggèrent des voies d’amélioration possibles à la fois en termes de techniques de traite et de l’emploi et/ou du fonctionnement du matériel. Ces résultats semblent intéressants pour analyser la traite. Par contre, chez la chèvre, il existe peu de relations entre conformation mammaire et cinétique de traite.
Déploiement en cours
En ovins, en l’absence de LactoCorder, cette approche s’est appuyée sur les enregistrements de temps de traite et de fluctuations de vide à l’aide du VaDia. Comme chez les chèvres, des déséquilibres fonctionnels ont été mis en évidence. Le VaDia semble d’ores et déjà intéressant pour analyser la traite, fournir une indication sur les niveaux et fluctuations du vide, et investiguer l’impact des pratiques de traite sur l’extrémité du trayon.
«Les tests pendant la traite se déploient aujourd’hui sur le terrain pour appréhender les conditions de traite à l’interface animal-machine-trayeur, permettant ainsi de les objectiver et de disposer d’éléments de pilotage de la traite. L’étude des fluctuations de vide demande à être poursuivie pour mieux interpréter les données obtenues. Les objectifs de sélection ont d’ores et déjà évolué pour prendre en compte la résistance aux infections mammaires.»
(1) Ce projet a été porté par les Unités mixtes technologiques «Santé des troupeaux de petits ruminants» et «Génétique génomique des petits ruminants» associant l’Institut de l’élevage et l’Inra. Source : Journée Casdar 2018.