Des pistes pour une justice climatique
Dans la lignée de l’Accord de Paris et en amont de la Cop 22, le Cese a voté un avis sur les enjeux de la justice climatique pour la France.
Si l’Accord de Paris peut être considéré comme un succès, le réchauffement climatique restera tout de même une réalité à la fin du siècle. Et même limité à 2 °C, ce changement aura des conséquences économiques, sociales et sanitaires. Les populations les plus vulnérables seront les premières impactées, que ce soit dans les pays en développement, mais également dans les pays développés où les plus pauvres n’auront pas les mêmes possibilités d’adaptation que les classes favorisées.
C’est pour limiter au maximum ce déséquilibre que la section Environnement du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a voté le 27 septembre un avis sur la justice climatique. Les deux rapporteurs, Jean Jouzel, directeur de recherche au CEA, et Agnès Michelot, enseignante chercheuse en droit, proposent une méthode globale pour anticiper le changement climatique, transversale à tous les secteurs d’activité.
Parmi leurs principales recommandations figurent la nécessité de sécuriser les ressources élémentaires pour les plus démunis, notamment dans les projets d’investissement via une meilleure considération du taux d’actualisation (valeur qui permet de comparer les coûts et bénéfices à deux dates différentes, pour vérifier qu’avec la somme d’argent investie les bénéfices sont toujours importants, d’un point de vue économique mais aussi social, plusieurs années après le projet).
D’autres axes importants sont évoqués dans l’avis, comme le lien entre climat et santé à renforcer dans les politiques publiques, le développement d’une politique de logement en accord avec les enjeux climatiques, ou encore les investissements vers les populations vulnérables.
L’agriculture, un des secteurs les plus impactés
«Au niveau planétaire, le réchauffement climatique va peser sur la production agricole, rendre plus difficile la situation de centaines de millions d’agriculteurs et générer des pénuries. En France, les conséquences du réchauffement climatique seront importantes pour l’agriculture, l’aquaculture et la sylviculture, et de façon peut-être plus proche, pour la viticulture», indique l’avis. Pour le secteur spécifiquement, le Cese propose quelques grandes pistes d’adaptation : améliorer les capacités de stockage et de transfert des eaux de surface, développer les rotations et associations de cultures, favoriser les espèces les plus résistantes et opérer des sélections génétiques, structurer le secteur et soutenir la capacité d’adaptation des producteurs, valoriser les opportunités agricoles liées aux évolutions climatiques.
Parmi les mesures plus globales, le Cese propose de refonder la couverture des risques climatiques et du régime de catastrophe naturelle, et évoque la possibilité d’augmenter les franchises pour les communes qui n’ont pas de Plan de prévention des risques (PPR). L’objectif est également de favoriser une égalité de traitement entre les territoires. Les populations sont en effet diversement impactées par le changement climatique en fonction de leur situation géographique : les zones de montagne sont privilégiées, tandis que les littoraux sont plus menacés. Les zones urbaines très peuplées concentrent aussi
les risques, notamment une vulnérabilité accrue face aux canicules.