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Politique
Des représentations diverses de la ruralité française se réunissent dans L’Alliance rurale

Qu’est-ce que L’Alliance rurale, cette liste formée et emmenée par le nordiste Willy Schraen en vue des prochaines élections européennes ? Décryptage au travers de quelques propositions et des premiers portraits de candidats.

«Notre combat n’est pas celui d’irréductibles gaulois réfractaires au changement», a assuré Willy Schraen, chef d’entreprise dans les Hauts-de-France, président de la Fédération nationale des chasseurs de France, et désormais à la tête de la liste L’Alliance rurale pour les élections européennes de juin 2024. «Notre combat consiste à préserver des modes de vie fondés sur des valeurs étonnamment modernes», a-t-il déclaré le 5 décembre dernier à Paris pour la présentation de sa liste et de ses premiers colistiers. Leur point commun ? D’être des femmes et des hommes «de la société civile», jusqu’à présent sans mandat politique, mais ayant à cœur de faire perdurer «un art de vivre à la française». Dans cette logique, chasseurs, pêcheurs, amateurs des traditions, du bien-manger, du sport convivial sont invités. À leurs côtés, artisans et agriculteurs sont aussi de l’aventure «tellement il y a de normes, tellement il y a de lois, d’administrations dans cette Europe qui nous étouffe à petits feux».

 

Pas des professionnels de la politique

Avant de présenter des propositions concrètes et l’ensemble des personnes qui seront candidats sur sa liste, Willy Schraen en a longuement exposé la philosophie : «Nous plaidons pour le droit et le respect des différences dans ce monde normé que l’Europe nous impose.» «Aimer l’agriculture et l’élevage, la chasse et la pêche, les animaux et le monde taurin, le vin et la viande, le rugby et le football, la pétanque et le barbecue, l’apéro et la cochonnaille, nos métiers et notre monde rural ne fait pas de nous des salauds», a-t-il dit. Quant au monde économique installé à la campagne, il entend lui donner les conditions d’un développement futur : «Nous voulons une ruralité vivante dans laquelle il est possible d’entreprendre et de créer des richesses, de profiter des technologies et de la richesse. Nous voulons des services publics, des services de santé et d’aide à la personne (…) favoriser une vie économique, sociale et associative dynamique et sans entrave.»

 

Pas un CPNT «bis»

À ceux qui seraient tentés de comparer L’Alliance rurale à feu CPNT (Chasse pêche nature et traditions devenu Le Mouvement de la ruralité en 2019), Willy Schraen balaie d’un revers de main : «CNPT était très marqué par la chasse. Aujourd’hui, l’Alliance rurale rassemble toutes les composantes de la ruralité. Si j’avais voulu faire une liste chasse, j’aurais demandé aux présidents des fédérations départementales des chasseurs et cela aurait été facile…» Selon les mots de Willy Schraen, sa liste n’est pas non plus «un stratagème imaginée au Château pour servir la cause de son occupant (…) Nous ne sommes pas les soldats occultes d’un parti politique et nous ne suivrons que notre bon sens paysan dans la défense des intérêts des gens que nous représenterons à cette élection» ; autrement dit, il entend ainsi balayer la rumeur selon laquelle L’Alliance rurale aurait été créée avec la bienveillance du président de la République, Emmanuel Macron, pour affaiblir d’autres représentations politiques, dont le Rassemblement national.

 

Pas eurosceptiques

«Constater des disfonctionnements et les combattre, ce n’est pas être anti-européen», a encore asséné Willy Schraen, assurant qu’il ne faudra donc pas le chercher du côté des eurosceptiques en cas d’élection. «Notre premier objectif, c’est d’avoir des élus», a souligné la tête de liste de l’Alliance rurale. Et d’expliquer que son initiative est «regardée ailleurs, dans d’autres pays européens». Pour autant, l’Alliance Rurale n’envisage pas pour le moment de s’inscrire dans le paysage politique local : «L’Alliance rurale n’a pas vocation à devenir un parti politique, mais de faire en sorte qu’au soir des élections européennes, les responsables politiques français et européens prennent enfin en compte cette France qui se tait, cette France des cultures, cette France des plaisirs simples et des sourires, celle des jours heureux qui aspire simplement qu’on lui foute la paix.»

Pour faire campagne face à des formations politiques «poids lourds» et rodées à l’exercice, l’Alliance rurale compte s’appuyer sur un réseau de sympathisants et de la bienveillance : «Notre campagne va être sage, a promis M. Schraen. Nous allons faire une campagne de terrain, sans grands meetings puisqu’on n’en aura pas les moyens, en privilégiant les salles des fêtes des villages que l’on parcourt régulièrement.»


Les premiers colistiers de Willy Schraen dévoilés

Lorsqu’on lui demande s’il entend prendre la tête de la liste Alliance rurale, la réponse de Willy Schraen est franche : «oui, évidemment». Pour la présentation de la liste aux journalistes, le candidat nordiste était entouré des premières personnalités à l’avoir rejoint : la présidente du syndicat des bouchers de Paris, Véronique Langlais ; Camille Hoteman, cheffe d’entreprise et ambassadrice de la culture provençale ; l’ancien international de rugby, Louis Picamoles ; la présidente de l’entreprise de maroquinerie haut de gamme, Alexandre Mareuil, Sophie-Charlotte Van Robais ou encore Agathe Raimbert, exploitante agricole dans la Vienne et Jérémy Grandière, président de la fédération des pêcheurs d’Ille-et-Vilaine. Si ce dernier s’engage dans le combat des élections européennes, c’est «parce que depuis des années, nous avons cru que pour vivre heureux, il fallait vivre caché, mais ce n’est plus possible aujourd’hui». Présentant la pêche comme «une façon d’exister, un mode de vie, une liberté», il fustige «des élus antispécistes qui veulent nous dicter les conditions dans lesquelles pratiquer notre pêche afin de nous opposer les uns les autres» et s’oppose «à une dictature idéologique verte qui s’attaque à différents acteurs ruraux». Favorable à la régulation du cormoran qui «vide nos eaux», Jérémy Grandière veut défendre le «droit d’accrocher un asticot au bout d’un hameçon» ou encore «la pêche au vif» menacés par les opposants à la pêche. Dans le discours d’Agathe Raimbert, 25 ans, on trouve une même volonté de s’opposer à la stigmatisation… de l’agriculture, cette fois : «Si j’ai décidé de m’engager avec L’Alliance rurale, c’est pour faire entendre et soutenir le monde agricole qui subit des attaques sans précédents depuis plusieurs années. Nous ne sommes plus libres d’exercer le métier comme bon nous semble, mais certains sont persuadés de savoir à notre place et veulent nous apprendre notre métier…»

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