Des vendeurs directs «plutôt épargnés» par le Covid-19
Une enquête réalisée par l’ARVD auprès des producteurs laitiers fermiers en Hauts-de-France montre des effets divers du Covid-19 sur leur activité.
Producteurs laitiers fermiers, pensez-vous que la pandémie de coronavirus qui a touché la France et contrarié le comportement des consommateurs en les obligeant à rester chez eux a impacté votre activité ? Cette question, c’est l’une de celles à laquelle ont répondu une quarantaine (37) d’adhérents de l’Association régionale des vendeurs directs de produits laitiers des Hauts-de-France. D’une manière générale, l’association qui a présenté les résultats de son enquête il y a quelques jours – elle a été réalisée en ligne –, montre que si les producteurs ont été d’une manière générale impactés par la crise du Covid-19 en subissant une baisse de leur chiffre d’affaires, celle-ci a été «amortie», pour certains, par la diversité des modes de commercialisation.
Les producteurs ont bien résisté
Si entre le 15 et le 31 mars 2020, la moitié des producteurs déclaraient des pertes, et pour 8 % d’entre eux plus de 50 %, à partir d’avril 2020, 37 % des producteurs en subissaient encore. Néanmoins, ceci démontre une certaine dynamique à pouvoir se réorienter... ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres régions de France. Pour l’ARVD Hauts-de-France, cela s’expliquerait par le type de produits fabriqués - des produits frais (beurre, lait cru, crème, yaourt, fromage frais) fortement sollicités par les consommateurs confinés en demande de produits simples pour la préparation de mets «maison» -, par la densité de population présente en Hauts-de-France et la diversité des circuits de vente possible et, enfin, la présence de nombreuses exploitations présentes en milieu péri-urbain. À l’inverse, rapporte l’association, les producteurs les plus touchés par la crise sont plutôt des producteurs qui pratiquaient la vente sur les marchés (40 %), restauration collective (35 %) ou commerciale (15 %) via des grossistes (ou non). On constate aussi qu’elle impacte plus les fromagers en zone rurale : les 2/3 des producteurs ayant perdu plus de 20 % de leurs chiffres d’affaires sont des fromagers et 50 % étaient des éleveurs caprins qui ne pouvaient pas compenser par une vente de lait à la laiterie et qui ont parfois dû jeter leur lait.
Nouvelles formes de commercialisation
La suspension de l’approvisionnement aux collectivités comme la fermeture de nombreux marchés hebdomadaires ont contraint les producteurs à chercher de nouvelles formes de commercialisation de leurs produits. «Les créneaux de commercialisation en direct au consommateur se sont fortement développés», constate ainsi l’ARVD ; et de citer en vrac la mise en place de tournées à domicile, la vente via une Amap, par précommande via des sites internet dédiés, à la ferme, via des magasins de producteurs ou petits détaillants... Chacun de ces modes de distribution a permis de «sauver» de la destruction un certain volume de produits, même si certains ont nécessité des adaptations ou se sont révélés prenants. C’est le cas par exemple des tournées : «Largement pratiquée il y a plus de trente ans dans notre région, la tournée à domicile a refait son apparition et a été largement plébiscitée par les consommateurs confinés, relève l’ARVD. Mais son inconvénient est d’être très chronophage, surtout lors de la mise en place.» Le rôle de la GMS apparaît quant à lui mineur, d’autant qu’un certain nombre d’enseignes ont eu à subir «manque de main-d’œuvre, problèmes d’approvisionnement et de référencement», explique l’association.
En conclusion, l’ARVD témoigne d’une certaine souplesse de ses adhérents qui ont, soit augmenté ou diminué certains produits afin de répondre à la nouvelle demande des consommateurs. Ainsi, dans la pratique, pour les producteurs ayant une gamme large, les ventes se sont davantage reportées sur les produits frais. Les producteurs de fromages exclusifs ont, quant à eux, souvent fortement ralenti leur production et réorienté leur lait vers la laiterie. Reste désormais à savoir comment les choses vont évoluer et si les consommateurs garderont, au delà du confinement, les comportements d’achat qu’ils ont adopté pendant la crise.