Désherbage du maïs fourrage : le plus tôt est le mieux !
Voici quelques repères pour élaborer sa stratégie de désherbage selon la flore dominante et les conditions
de l’année.
Les adventices dégradent rendement et qualité du maïs fourrage. Les interventions précoces sur adventices non levées ou à des stades très jeunes garantissent les meilleurs résultats. Selon la nature et la densité de la flore, la nuisibilité des mauvaises herbes peut aller jusqu’à 80 % du rendement. Un désherbage mal maîtrisé, une intervention trop tardive, un choix de produit inadapté peuvent faire perdre plusieurs tonnes de matière sèche par hectare.
A titre d’illustration, la présence en cours de végétation de seulement vingt chénopodes par m² peut réduire de 15 % le rendement, soit deux tonnes de matière sèche perdues par hectare. La perte peut être beaucoup plus importante en présence de renouées, de véroniques ou de ray-grass. Les adventices exercent une concurrence sur le maïs jusqu’au stade 8-10 feuilles. Un désherbage trop tardif, ou un désherbage raté peut entraîner une perte de rendement de plus de 20 % ! A cause de la concurrence des adventices, le gabarit de la plante est diminué, mais c’est le nombre de grains au m² qui est le plus affecté et donc la teneur en amidon dans la plante entière.
A contrario, un désherbage réussi garantit, au-delà du rendement, l’absence de plantes toxiques dans le fourrage récolté (datura, morelle, mercuriale) et préserve le capital propreté des parcelles.
Diversifier les modes d’action
Dans un objectif de gestion durable du désherbage à la parcelle, la diversification et l’alternance des modes d’actions des herbicides sont essentielles pour prévenir les risques de résistance. Sur maïs, plusieurs possibilités existent en combinant les produits à action racinaire et les produits foliaires issus de différentes familles chimiques.
Les graminées et les véroniques se gèrent plus facilement en prélevée. En présence de graminées et/ou de véroniques, les stratégies de désherbage du maïs à base de produits racinaires (chloroacétamides), en prélevée ou en post-levée très précoce, sont les plus efficaces. Une dose modulée de ces produits, suivie d’un rattrapage en postlevée permet d’obtenir un désherbage satisfaisant, pour un coût maîtrisé. Ce rattrapage est très souvent nécessaire en raison du spectre limité de ces produits (insuffisants sur renouées liseron, mercuriale et fumeterre notamment).
Post-levée précoce : un seul passage peut parfois suffire. La stratégie de post-levée précoce associe des produits agissant selon plusieurs modes d’action : racinaire et foliaire. Par rapport à la prélevée, cette stratégie apporte de la persistance d’action, intéressant en semis précoce, et un spectre d’efficacité plus large. Mais il est impératif d’intervenir tôt, à 2-3 feuilles du maïs, sur des adventices non levées ou au stade plantule (deux feuilles maximum), avec une bonne hygrométrie et un sol qui reste humide après le traitement. L’investissement est relativement élevé pour ce type de désherbage, qui peut se suffire à lui-même quand les conditions sont favorables.
Nombreuses solutions en post-levée
La stratégie de double post-levée est adaptée à la plupart des flores. Hors pression forte de graminées ou de véronique, ce programme donne régulièrement de bons résultats, dans la mesure où le premier passage est réalisé suffisamment tôt, avant 3-4 feuilles des adventices. En présence de dicotylédones difficiles, notamment renouées, mercuriale, fumeterre, véronique…, le programme de base (le plus souvent une association tricétone + sulfonylurée) doit être complété par un herbicide antidicotylédones.
Quelle que soit la stratégie choisie, elle sera adaptée aux conditions de l’année. Ainsi, la réussite de la prélevée ou de la post-levée très précoce - associant modes d’action racinaires et foliaires - est conditionnée par une bonne humidité du sol au moment de l’application. Il faudra renoncer à ces interventions si le sol est trop sec à la période où elles doivent être réalisées.
Suite à un premier passage, un rattrapage de postlevée peut être réalisé soit par désherbage chimique, soit par binage(s). Les stratégies «combinées», associant intervention chimique et mécanique assurent des niveaux d’efficacité et de sélectivité proches des stratégies «tout chimique» dans la mesure où les facteurs de réussite du binage sont réunis.
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Protéger sa santé grâce aux équipements de protection individuelle
La manipulation de produits phytosanitaires n’est pas une opération anodine. Afin de préserver sa santé, il est primordial de connaître les caractéristiques des produits utilisés et les moyens pour réduire les risques d’exposition.
Les équipements de protection individuelle (EPI) sont des moyens pour éviter le contact avec un produit. Ils doivent assurer une bonne protection tout en préservant un confort de travail correct.
Ils visent à protéger toutes les parties du corps susceptibles d’entrer en contact avec les produits phytosanitaires. L’EPI doit être adapté aux risques encourus. L’équipement complet comporte des bottes ou chaussures imperméables, une combinaison, voire un tablier, des lunettes, et un masque pour un prix inférieur à 100 Ä/an et par personne. Avant toute manipulation des produits phytosanitaires, il est vivement conseillé de lire les étiquettes afin de s’informer des dangers inhérents à leur utilisation. Un homme avertit en vaut deux !
Les mains sont la principale voie de contamination, par pénétration directe ou indirecte (contact avec la bouche ou les yeux). Si elles ne constituent que 5 % de la surface de la peau, elles représentent à elles seules 60 à 80 % des contacts avec les produits. Le port des gants est donc absolument indispensable et doit commencer dès le début du chantier de préparation. Les gants adéquats sont en nitrile ou néoprène, à longues manchettes, suffisamment solides et de taille adaptée à la main. Des gants fins jetables en nitrile peuvent être utilisés au champ pour des opérations nécessitant une plus grande dextérité, comme le débouchage d’une buse, par exemple.
Quelques précautions d’usage :enfiler les gants sur des mains propres et sèches, laver les gants à l’eau claire avant de les retirer, retirer les gants avant de monter dans la cabine du tracteur, renouveler la paire à la moindre détérioration.
Penser aux yeux…
La protection des yeux est importante au moment de la préparation de la bouillie. Le produit concentré peut entrer en contact avec les yeux et causer de graves troubles pour la santé. L’équipement doit offrir une bonne protection latérale, et être compatible avec des lunettes de vue ou un masque respiratoire. Aujourd’hui, une large gamme de produits (lunettes, sur-lunettes ou visière) répond à ces critères.Le port d’un masque respiratoire durant la manipulation des produits phytosanitaires et le traitement est également vivement recommandé.
Tout chantier de pulvérisation de bouillie phytosanitaire, puis d’application au champ peut engendrer des contacts plus ou moins importants avec les produits. Le port d’un vêtement et de chaussures adaptés permet d’éviter les contaminations du corps. Cet équipement spécifique est retiré à la fin du chantier, ce qui évite les contaminations indirectes le reste de la journée.
La combinaison doit être étanche aux produits chimiques, avec un niveau de protection de type 4 au minimum et adaptée à la taille de l’utilisateur. Elle doit être portée pendant la préparation et le traitement. La combinaison jetable présente l’avantage d’être peu onéreuse, mais elle est fragile et ne peut être lavée. Elle doit être changée dès qu’elle est souillée ou abîmée. Les combinaisons lavables sont plus résistantes et certains matériaux offrent un bon confort de travail, mais elles sont beaucoup plus chères. Pour la protection des pieds, le mieux est d’opter selon la saison pour une paire de bottes ou de chaussures imperméables, en revêtement nitrile.
Après utilisation, les équipements doivent être nettoyés, séchés, puis rangés dans une armoire vestiaire réservée à cet usage, à proximité du local de stockage. Cet espace technique peut être complété par une douche, obligatoire en présence de salarié et fortement conseillé à la fin du traitement, et par un coin «bureau» pour le rangement de la documentation technique et l’enregistrement des traitements.
Que faire en cas d’intoxication aigüe ? En cas de contact avec les yeux ou la peau, lavez immédiatement et abondamment (pendant quinze minutes) à l’eau, puis consultez un ophtalmologiste ou un médecin généraliste au moindre doute. En cas d’ingestion ou d’inhalation accidentelle, contactez immédiatement un médecin et/ou le centre anti-poison : n°15 ou 18. Ne vous faîtes pas vomir, n’absorbez rien.
Arvalis - Institut du végétal