Betteraves
Devenir une ferme Mont Blanc : place à l’expérimentation
Près de quatre-vingt dix planteurs font partie du réseau Mont Blanc qu’a lancé Saint Louis Sucre en 2014. Celui-ci est ouvert à qui veut expérimenter dans ces parcelles.
Près de quatre-vingt dix planteurs font partie du réseau Mont Blanc qu’a lancé Saint Louis Sucre en 2014. Celui-ci est ouvert à qui veut expérimenter dans ces parcelles.
parcelles.
Partager pour mieux avancer était le quatrième thème évoqué lors de la journée Mont Blanc organisée à Rollot, ce 15 mai. Il s’agissait en fait de présenter le réseau Mont Blanc aux agriculteurs et d’encourager les volontaires. Le programme agronomique Mont Blanc, du groupe Südzucker, est déployé en France par sa filiale Saint Louis Sucre depuis 2013. Il s’agit d’un panel d’outils spécialement dédiés aux agriculteurs pour les aider à améliorer leurs rendements.
Et pour les développer, Saint Louis Sucre compte sur les fermes Mont Blanc qui rejoignent le réseau. De dix en 2014, ils sont désormais près de quatre-vingt-dix. «Chaque exploitant qui identifie un besoin chez lui peut nous contacter pour mener une expérimentation, explique Thomas Nuytten, responsable betteravier des établissements de Roye et d’ Eppeville. Nous apportons un accompagnement technique, financier et mettons en relation avec des entreprises spécialisées.» Le cheminement est le suivant : un protocole est établi, puis les résultats attendus sont définis, conjointement entre le planteur et Saint Louis Sucre. Saint Louis Sucre interprète ensuite les données, et fait le bilan des résultats, avec le gain en rendement et le gain économique. «Les feuilles de synthèse sont consultables sur le blog “la betterave on y croit “ auquel ont accès nos planteurs, car l’objectif est de partager pour que tout le monde puisse avancer», ajoute Thomas Nuytten. A noter : une modalité représente au minimum deux ou trois hectares.
Des essais sur des betteraves doubles tolérerantes à la rhizomanie et aux nématodes ont, par exemple, été menés dans une parcelle infestée de nématodes et dans une parcelle saine. Deux variétés, l’une simple tolérante à la rhizomanie, l’autre double tolérante, sont ainsi comparées. Différents axes de recherches sont étudiés, dont la quantification de l’infestation du champ, la productivité et la rentabilité. Le protocole est le suivant : les semis ont été réalisés autour du 20 mars 2017 dans des parcelles homogènes, en bandes de six rangs. «Le semoir 12 rangs était rempli à moitié de graines de variété simple tolérante et à moitié de graines de variété double tolérante, pour tester l’emplacement des infestations dans l’ensemble de la parcelle», précise la synthèse. Résultat :
dès lors qu’il y a présence de nématodes, une augmentation de rendement est observée, ce qui permet de rentabiliser le prix des graines doubles tolérantes. Le gain économique moyen sur parcelle infestée est d’environ 266 €/ha. Les variétés doubles tolérantes n’induisent pas non plus de perte de rendement dans des terrains sains, mais le coût est supérieur de 50 €/ha, puisque les graines sont plus chères. Les essais se poursuivent en 2018.
Azote localisée et fumure organique
Autre expérimentation : l’azote localisée. Elle permettrait d’apporter un aliment «premier âge» à proximité du système racinaire car, très vite après la levée, les plantules épuisent la graine et doivent trouver des éléments nutritifs grâce à leurs racines. «La localisation améliorerait l’efficience de la fertilisation, réduit les pertes par érosion, diminue la quantité d’engrais et limite toute perturbation minérale de synthèse sur la biologie de l’inter-rang», est-il précisé.
Lors du semis, l’azote est donc localisé à 7 cm de la ligne de semis et à 5 cm de profondeur grâce à un enfouisseur d’engrais intégré au semoir. Ceci permet de réduire d’au moins 20 % l’apport de cet engrais. Saint Louis Sucre et les planteurs ont relevé une tendance à l’augmentation de rendements, plus particulièrement avec l’ammonitrate. Les résultats obtenus en réduction de dose illustrent bien le gain économique possible avec la localisation de l’azote.
Dernier exemple, des tests réalisés sur la fumure organique. Les objectifs étaient de limiter les apports d’engrais minéraux au profit de la fumure organique et de connaître quel apport organique est le plus favorisé par la betterave, entre un amendement organique type lisier et un type fumier.
Les résultats sont clairs. Il y a une différence assez nette en termes de rendement : + 13,49 t/ha en faveur du fumier. «Les richesses étant sensiblement les mêmes, la différence de rendement se situe sur le tonnage du poids racine à l’hectare». Tous deux apportent en fait la même dose d’azote et de phosphore, mais il y a une différence de 66 U de K2O en faveur du fumier, et il y a un lien fort entre l’addition de potassium et l’augmentation du rendement racine. Le coût du fertilisant, lui, était nul, car l’agriculteur procédait à un échange paille-fumier/lisier. La charge de mécanisation est de 60 €/ha pour le lisier et de 120 €/ha pour le fumier. Ce dernier a permis de dégager un gain supplémentaire de 264 €/ha.