Durabilité et transmissibilité des grands troupeaux
Le projet Orgue vise à faciliter l’agrandissement et la transmissibilité des grands troupeaux laitiers par l’organisation du travail et la gestion des relations humaines.
en élevages laitiers dans un contexte de suppression des quotas et de libéralisation du marché laitier.
Avec l’agrandissement des troupeaux, l’émergence de nouveaux collectifs de travail et le développement de technologies innovantes (automates, capteurs…), des interrogations apparaissent sur la durabilité des grands troupeaux laitiers et leur capacité à se transmettre. Les questions de travail, de qualité de vie et de relations humaines deviennent ainsi un enjeu majeur pour les choix stratégiques des éleveurs et, plus globalement, de pérennité et d’attractivité du secteur. Aussi, l’Institut de l’élevage(1), dans le cadre du projet Orgue (Organisation du travail, durabilité sociale et transmissibilité des grandes exploitations laitières), initié en 2016 pour une durée de trois ans, s’est penché sur cette problématique.
Des enquêtes et des réunions participatives d’éleveurs laitiers ont été menées afin d’évaluer les spécificités de la conduite des grands troupeaux laitiers français en matière de trajectoires d’agrandissement, de collectifs de travail, mais aussi de définir les attentes et les besoins des éleveurs et des conseillers qui les accompagnent. Ce travail a été effectué dans trois zones laitières : zones de plaines (Ouest de la France : Bretagne, Normandie, Pays-de-la-Loire), zones de polyculture-élevage (Grand-Est : Lorraine, Alsace) et zones de montagne (Alpes et Massif central). Trois types de collectifs de travail (petits collectifs très productifs, grands avec salariés et grands avec associés) ont été suivis, afin de représenter le plus fidèlement possible la diversité des situations rencontrées sur le terrain.
Modes d’organisation
En 2017, quarante-neuf exploitations laitières ont été enquêtées, dont 96 % sont sous statuts sociétaires. Les premiers résultats du projet montrent une grande variété de modes d’organisation des éleveurs. «Il en découle des écarts très importants de productivité physique (lait/UMO lait), qui rendent compte de possibilités de combinaisons et de choix différents forts (logique équipement ou logique main-d’œuvre).
Décrire ces modes d’organisation et étudier le lien avec la perception de qualité de vie peut faire ressortir des modes de fonctionnement plus robustes. Cette gestion demande aussi à être interrogée quant à sa capacité à faire face aux aléas et à gérer les risques. Le temps de travail des bénévoles a aussi souvent interpellé les éleveurs enquêtés, comme facteur de fragilité future de leur organisation», note l’Institut de l’élevage.
Des spécificités
Les éleveurs et les conseillers interrogés ont fait part de leur intérêt à échanger sur les grandes exploitations laitières et leurs modes d’organisation, car ils identifient des spécificités autour des ressources humaines, mais aussi par rapport à la conduite en lots, au travail administratif et de gestion de l’exploitation, à l’équilibre vie privée et vie professionnelle.
La question de la transmission pose plus particulièrement les processus de renouvellement des collectifs de travail avec la place du salariat (en remplacement d’un associé, par exemple), l’anticipation des aspects économiques, les décisions d’investissement. La gestion des relations humaines est aussi essentielle, que ce soit dans l’organisation opérationnelle ou dans la qualité des relations entre associés et salariés.
(1) Ce projet Casdar, piloté par l’Institut de l’élevage, rassemble un large partenariat : chambres d’agriculture, Inra, BTPL, Irstea, EDE, Eïlyps, Littoral Normand, Agro Sup Dijon, EPL Le Rheu, Agrocampus Ouest, EPLEFPA Meurthe et Moselle, EPLEFPA Yssingeaux, ALPA, Gaec et Sociétés.
Objectifs du projet
Trois grands objectifs ont été définis au travers de ce programme. Il cherche en premier lieu à caractériser les modes d’organisation du travail (forces et faiblesses), les trajectoires de développement et la gestion des phases de changements. Ensuite, il se propose d’étudier les nouveaux besoins en compétences, et de concevoir des méthodes d’accompagnement et des supports pédagogiques pour une meilleure prise en compte du travail dans les projets des éleveurs. Enfin, il vise à identifier les leviers humains et organisationnels, et les bonnes pratiques pour réussir à renouveler le collectif de travail et les générations.
Afin de mettre les résultats nationaux en perspective, plusieurs enquêtes seront réalisées dans des pays voisins (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni).