Agroalimentaire
Elchais cherche des producteurs de légumes
Elchais, spécialiste de la déshydratation de légumes située à Marchais dans l’Aisne, vient d’investir plus de 3,5 millions d’euros dans son outil industriel pour optimiser l’utilisation de l’énergie et augmenter la cadence journalière. Cette dynamique offensive de l’industriel offre de nouvelles perspectives pour les producteurs intéressés.
Elchais, spécialiste de la déshydratation de légumes située à Marchais dans l’Aisne, vient d’investir plus de 3,5 millions d’euros dans son outil industriel pour optimiser l’utilisation de l’énergie et augmenter la cadence journalière. Cette dynamique offensive de l’industriel offre de nouvelles perspectives pour les producteurs intéressés.
Elchais, avec ses 55 employés, est une entreprise discrète, située à quelques encablures de Laon. Son marché, celui des légumes déshydratés. Créée par une poignée d’agriculteurs du Laonnois et de la Marne en 1985 sous forme d’une coopérative nommée Déshylaon, puis passée sous forme privée par un groupe américain pour devenir Sensient Natural Ingredients, l’usine de Marchais et sa petite sœur à Elburg en Hollande, ont été rachetées en 2017 par un investisseur privé. Elchais, son nouveau nom, est issu de la contraction des deux sites à Elburg et Marchais. Les nouveaux actionnaires croient aux légumes et veulent obtenir plus de compétitivité en faisant tourner toute l’année l’usine qui déshydrate principalement des haricots verts, des grosses carottes type Flakée, des pois verts, des oignons de semis et pommes de terre, collectés dans un rayon de 50 à 150 km.
«Nous sommes désormais une entreprise indépendante. Aussi, nous souhaitons saturer les usines, moderniser les outils», explique François Vanderlynden, directeur de l’entreprise axonaise dont le chiffre d’affaires avoisine les 13 millions d’euros. «Les nouveaux actionnaires ont investi depuis deux ans, plus de 3,5 millions d’euros dans l’outil industriel pour améliorer ses performances, donner des perspectives et lancer une véritable dynamique pour demain.»
Un savoir-faire connu et reconnu
Axée sur les segments de marché de la consommation humaine, de l’alimentation infantile et de celles des animaux de compagnie, l’usine utilise 1 200 ha de cultures légumières contractualisées chaque année avec quelque 70 agriculteurs regroupés dans l’association «des producteurs de légumes livrant à Elchais». «Cette association a été créée en 1995 et représente les producteurs qui livrent chez nous. Elle les accompagne aussi sur les techniques culturales, sur les variétés et participe à la négociation les prix», précise le directeur. «Les contrats sont élaborés en bon équilibre basés sur un système juste qui tient compte des choix techniques et économiques. L’association est un véritable canal de discussions». Pour François Vanderlynden, pas de doute, la culture de légumes est attractive même en cas de conjoncture difficile : covid, aléas climatiques, géopolitique... À titre d’exemple il cite : «pour les oignons ou les carottes, nous avons augmenté nos prix pour générer 1 500 € de plus par hectare pour couvrir les charges supplémentaires mais aussi donner une différence d’intérêt à la culture».
S’appuyer sur son service agronomique
À l’heure où les agriculteurs choisissent leurs prochains emblavements, les dirigeants d’Elchais les incitent à s’orienter vers les cultures légumières, «en tout cas pour ceux qui sont déjà équipés en irrigation. Sauf pour le pois qui lui, s’adapte assez bien en terre profonde» explique Bruno De Bock, manager agronomie. «Pour les débutants, nous proposons des formules toutes faites, notamment par rapport aux phytos avec des itinéraires techniques précis. Un véritable mode d’emploi avec un suivi personnalisé et quasi permanent au fil de la campagne. On veut tout savoir sur la culture», sourit-il. Pour les personnes qui irriguent mais qui n’ont pas de matériels spécifiques aux légumes, pas de problème, Elchais travaille avec des entreprises de travaux agricoles. «Notre but est de trouver de nouveaux producteurs, mais aussi des cultures plus précoces pour alimenter nos chaînes toute l’année.» Pour compléter ses plans de production entre janvier et avril, Elchais peut acheter des pommes de terre et des carottes en grande quantité «écart de tri» issues d’autres filières telles le marché du frais.
Pour tous renseignements : Bruno De Bock, manager agronomie : 07.81.78.64.46
Ou Vincent Leclère, responsable des cultures : 06.11.99.15.44
L'avis d'un producteur
Je consacre 10 % de sa SAU à la culture légumière répartis entre oignons et petits pois contractualisés chez Elchais. Travailler avec cette entreprise, c’est avoir un partenaire avec qui on peut avoir des discussions franches, nettes, saines aux niveaux agronomique et économique. Nous sommes toujours associés aux évolutions de marché, à la recherche de plus-value et le retour aux producteurs. Une confiance s’est instaurée et nous discutons en toute transparence.
Avec la nouvelle Pac, il est nécessaire d’avoir une vision à long terme avec nos outils industriels locaux qui ont compris qu’il faut évoluer et diversifier ses productions. Avec l’évolution des autres cultures et notamment des céréales, les légumes sont plus profitables pour nous.
Une entreprise connue et reconnue
Qualité, savoir-faire et confiance
Qualité, savoir-faire et confiance sont les maîtres-mots chez Elchais. «Nos concurrents en Europe occidentale sont peu nombreux. La compétition vient des pays à bas coûts. Cependant, les clients reconnaissent de plus en plus la différence de qualité de nos légumes et peuvent s’appuyer sur un approvisionnement régulier sans rupture dans la chaîne de production. Durant le Covid, nos deux usines ont répondu à la demande de nos clients et même à de nouveaux. Nous n’avons jamais manqué une seule commande ni une seule date de livraison», met en avant François Vanderlynden. «Nous explorons régulièrement de nouveaux produits pour certains clients qui misent sur le made in France ou en raison des difficultés à produire dans d’autres régions du monde», explique-t-il, assurant que Elchais pourrait encore aller plus loin en construisant une deuxième ligne de production. «Les agriculteurs qui travaillent avec nous sont attentifs à la qualité et nos rapports se font en toute confiance», avoue le directeur, se félicitant de l’obtention par Elchais, de la certification FSSC 22000, «le standard le plus exigeant axé sur la sécurité alimentaire et obligatoire pour livrer ses clients». Pour François Vanderlynden, il faudra toujours être préoccupé par un mode de production durable en peaufinant les itinéraires techniques, les conditions économiques, le mode de relation de travail. «Les clients nous regardent et nous évaluent. Marchais, c’est aussi l’usine des producteurs et ils doivent y jouer un rôle moteur. Des changements techniques majeurs nous attendent dans les techniques de production et plus vite que nous le croyons.»