Elevage : l'adieu aux cornes
L’utilisation du gène sans cornes se développe, mais on est loin de pouvoir penser que l’ensemble du troupeau français sera sans cornes dans peu de temps.
L’écornage est très répandu en production laitière, mais reste une pratique encore trop discrète en production de viande bovine. Pour preuve, un sondage réalisé dans les ateliers d’engraissement révèle que seulement 14 % des mâles sont écornés.
Les freins à la technique sont encore très présents. C’est du temps de travail supplémentaire. Sans cornes, comment attraper les animaux et les contentionner ?
Ou encore, je n’ai pas le matériel nécessaire… Je fais mes femelles mais pas les mâles, car les broutards ne sont pas payés plus chers… Mes animaux vêlent en prairie, et je n’ai pas les moyens de rattraper les veaux…
Conséquences
Les oppositions invoquées sont entendues, mais ne pas écorner est préjudiciable au bon fonctionnement du troupeau. Ne pas écorner, c’est accepter d’avoir des animaux avec des hématomes et des saisies en abattoir. C’est aussi avoir plus facilement des avortements. C’est encore avoir des veaux maltraités qui auront des difficultés à réaliser des bonnes croissances. Ou bien, dans tous les ateliers d’engraissement, il y a des animaux qui souffrent d’une corne cassée et, pour ceux-là, c’est certain, ils ne rapporteront rien à leur engraisseur. D’autre part, lors des mélanges d’animaux, l’éleveur n’est jamais à l’abri des combats d’animaux et des ennuis qui en découlent.
Pensez aussi aux primipares qui sont stressées lorsqu’elles sont introduites dans le troupeau après leur vêlage. Elles iront manger après les autres et auront plus de difficultés à reprendre de l’état. Elles auront beaucoup de difficultés à s’intégrer dans le troupeau face aux grandes cornes de leurs congénères et, par conséquent, à extérioriser leur chaleur.
L’écornage doit être intégré à la conduite technique du troupeau, et le temps qui y est consacré fait partie du travail de l’éleveur et intervient aussi dans la sécurité au travail. La vaccination est un acte de prévention, c’est pareil pour l’écornage.
Vincent Dufour, de l’Institut de l’élevage, intervient souvent dans le cadre des formations écornage réalisées au travers de la France. Vous pourrez utiliser les différents types d’écorneurs et faire votre propre expérience. Quant à ceux qui écornent déjà leurs animaux, bravo. Cependant, cela ne vous empêche pas de vous inscrire et d’en savoir plus sur la réglementation du bien-être animal et sur les principes de l’écornage pour parfaire votre savoir-faire. Vous pourrez apporter votre écorneur pour contrôler la température du fer. D’autre part, l’intervention dans les élevages et leur présentation technique sera un plus à ces formations.
Formation
Le 29 janvier 2019, formation de 9h30 à 18h, ouverte aux éleveurs laitiers et allaitants.
Partie théorique en salle à Villers-Bocage, à la Chambre d’agriculture de la Somme, et pour la partie pratique l’après-midi, à la SCEA Moullart, hameau de Septenville, à Rubempré. Elevage de soixante charolaises en système naisseur engraisseur.
Renseignement : Anthony Chemin 06 20 03 76 53
Daniel Platel 06 77 64 05 58