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Elevage laitier : les logettes creuses : tout sauf une idée creuse !

Economiques et confortables, les logettes creuses reviennent à la mode.

Le sable dans la logette procurera aussi un aspect non glissant au béton.
Le sable dans la logette procurera aussi un aspect non glissant au béton.
© © N. C.



Ce type de logettes a longtemps été décrié et abandonné par le passé, car il était associé à des bâtiments de type «intrabois». Ces installations étaient certes économiques mais, à l’époque, elles étaient gourmandes en main-d’œuvre. Aujourd’hui, les logettes creuses font progressivement leur retour suite à des expériences concluantes à l’étranger, notamment vers des zones avec peu de disponibilité en paille. A titre d’exemple, dans l’Ain, un département limitrophe de la Suisse et comparable à celui de la Somme au niveau de l’élevage laitier, plus de soixante-dix élevages ont adopté ce type de logettes.
Surtout, elles apportent une réelle réponse à la fois en termes de problèmes de confort au couchage individualisé, mais aussi aux volumes de paille à manipuler dans les systèmes traditionnels de logettes paillées. Les résultats techniques concernant la quantité et la qualité de lait sont également au rendez-vous.

Une conception rigoureuse
Le principe de ce type de logettes repose en grande partie sur la confection d’un matelas compact de 30 cm d’épaisseur, composé soit de paille hachée et de chaux (carbonate de calcium), soit de sable, soit de la fraction solide issue d’une séparation de phase de déjections.
Ce matelas confectionné par accumulation régulière du mélange finit par former une masse tassée par les animaux qui s’y couchent, formant en quelque sorte un petit nid douillet. La litière stabilisée permet des fermentations microbiennes faibles et orientées vers une flore anaérobie, non pathogène pour les animaux et la mamelle.
La construction de ce type de logettes est simple et économique. Un seuil en béton arrondi ou encore des bastaings en bois non traité et taillés en biseau sont installés à l’arrière pour retenir les 30 cm de litière accumulée sur un sol non bétonné. Cette particularité impose des tubulures de logettes adaptées. Le dimensionnement reste conforme à ce qui peut être proposé par ailleurs. Les logettes dites «souples» sont même particulièrement adaptées dans la mesure où, le nid ainsi formé, la vache n’a pas tendance à empiéter sur la logette voisine.

Des logettes confortables à entretenir avec soin
Ce type de logettes apporte avant tout un confort et une propreté maximum, difficile à obtenir, même parfois avec de très bons matelas, pour lesquels il faut généralement apporter également un substrat absorbant en complément. Un sol non glissant, mou, «naturel» (avec la présence de paille), absorbant très rapidement d’éventuelles pertes de lait ou d’urine… tels sont les avantages fréquemment évoqués par les éleveurs équipés.
En revanche, le terme logette «creuse» porte bien son nom ! En effet, le maintien d’une litière saine, mais surtout compacte, oblige à rester rigoureux. La réussite passe à la fois par un bon entretien régulier réalisé par l’éleveur, mais également par un excellent réglage des tubulaires. Plus la vache sera à l’aise, meilleurs seront les mouvements de lever et coucher, et moins celle-ci «brassera» la litière.

Un accompagnement important
A la mise en place et à la mise en route de ces logettes, un accompagnement technique est indispensable. Références techniques, visites d’élevages équipés… permettront de guider l’éleveur et de définir si un projet de ce type peut lui convenir.
Les résultats sont alors satisfaisants. L’avantage le plus cité est l’amélioration de la qualité sanitaire du couchage (avec diminution considérable du nombre de mammites et du niveau cellulaire en passant de l’aire paillée à logettes creuses) avec une grande propreté des vaches. Le point de vigilance reste l’entretien des logettes, qui doit être rigoureux, car les résultats en dépendent.
Une étude réalisée en 2017 par les conseillers bâtiments des Chambres d’agriculture Hauts-de-France ne fait pas apparaître de différences très significatives entre les différents substrats utilisés dans la logette. Plusieurs constats apparaissent cependant. Le système avec paille chaux eau donne un bon pouvoir absorbant grâce à l’aspect assainissant de la chaux. Cette dernière est coûteuse, mais elle termine son parcours dans les champs. Elle contribue donc à une synergie encore meilleure entre l’élevage et la plaine. Si on retire le coût lié à l’achat de la chaux, ce système est le plus économique en coûts annuels (investissement + fonctionnement).
Le système avec sable, lui, est très confortable, mais son prix viendra sans doute pénaliser à la longue les coûts de fonctionnement. Il faut ajouter à cela une usure prématurée du matériel (racleurs, béton, pompes…) et des difficultés de reprise à l’épandage. Enfin,  système avec fraction solide du lisier donne des résultats plus hétérogènes : du très bon comme du très mauvais en termes de propreté et de qualité du lait. Le mode d’emploi pour ce substrat n’est pas encore clairement établi, mais en ce qui concerne la gestion des effluents, ce système apporte des avantages indéniables.

TEMOIGNAGE

A Vergies, au hameau Le Fay, William et Béatrice Guillot sont associés au sein d’un Gaec sur une exploitation de type polyculture élevage.

«Nos vaches ont peu de blessures»

Le parcellaire a pour particularité d’être scindé en deux blocs distants de 40 km. Une autre particularité de cette structure est d’être un des rares élevages du département de la Somme à utiliser la logette creuse comme mode de couchage pour ses soixante-dix vaches laitières. Pour le reste, on trouve un assolement assez typique de la zone avec 33 ha de prairies, 28 ha de maïs fourrage et 94 ha de Scop. Les installations bovines ont été mises en conformité et modernisées en 2007.
Dès le départ, William Guillot avait orienté son choix de gestion des déjections vers un système lisier avec séparation de phase, de manière à pouvoir mieux valoriser les déjections, y compris sur les surfaces éloignées. Puis, lors d’une visite d’atelier laitier en Alsace, les époux Guillot rencontrent un autre éleveur qui les prévient : «Surtout ne faites pas la même bêtise que moi : commencez par la logette creuse, et si ça ne vous convient pas, vous mettrez du béton et des tapis, moi j’ai fait l’inverse !»
La décision est prise alors d’essayer, William Guillot entreprend donc la construction de ces fameuses logettes avec, au niveau du seuil, des arrondis faits maison au moyen de tuyaux PVC coupés en deux. Les logettes avec un fond en craie sont ensuite remplies avec la phase solide issue de la séparation du lisier. Après quelque temps, l’éleveur trouve la bonne formule pour l’utilisation de ce produit (durée de maturation, fréquence et quantité d’apport) adaptée au logement de ses animaux. L’expérience est une réussite. «Aujourd’hui, je n’ai pas plus de comptage cellulaire dans le lait qu’un autre, je dirais même moins… Nous disposons d’un asséchant à profusion et gratuit, mais surtout nos vaches ont peu de blessures», conclut l’éleveur. N. C.

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