Elevage : passer le cap de la pénurie d’herbe
L’herbe se fait de plus en plus rare. Voici quelques moyens de s’adapter à la pénurie.
Il est peut-être inutile de s’alarmer, car si la pluie revient, la pousse d’herbe reprendra. Mais, en attendant, il faut faire face.
1. Sevrer les veaux
Si l’on pense que l’herbe va manquer, la première chose à faire est de sevrer les veaux pour diminuer le chargement des prairies. Le sevrage peut se faire à l’âge de quatre mois. C’est très jeune. C’est pourquoi le veau doit, dans ces conditions, déjà être habitué à consommer des aliments grossiers ou du concentré.
On profitera de vermifuger les mâles à la rentrée des prairies et ils seront préparés à l’étable pour la vente ou l’engraissement. Les femelles seront complémentées de manière rationnée au bac (tableau 1).
2. La chasse aux bouches inutiles
Autre avantage du sevrage des veaux : rentrer les vaches prévues pour la réforme. Elles seront ramenées au bâtiment et engraissées avec les moyens du bord ou vendues en l’état. Avec des cours de la viande peu dynamiques, inutile de parfaire la finition de vos animaux, avec une alimentation sèche coûteuse entre 2,50 € et 3 € par jour.
3. Réorganiser le pâturage
Il est utile de porter de la paille dans toutes les prairies en attendant le retour de la pluie. Si cela devait durer, il vaut mieux décharger les prairies et concentrer les animaux près de l’exploitation où du fourrage sera mis à disposition. Les vaches sevrées et les génisses pleines peuvent être ensemble et consommer de la paille. En revanche, pour les génisses de quinze mois, il faudra veiller à une alimentation plus soutenue du fait de la croissance à préserver. Elles seront prioritaires s’il reste du foin ou de l’enrubannage.
4. De la paille, encore de la paille
La paille est un fourrage médiocre : 0,4 UF. Elle est pauvre en tout, peu digestible et encombrante. Elle sera cependant précieuse pour compenser partiellement un déficit en herbe. Sa digestibilité et sa consommation seront augmentées de 10 à 20 % en y ajoutant de l’aliment liquide à base de mélasse et d’urée, à raison de 5 à 10 %. Un arrosoir au minimum pour une boule de 300 kg de paille. Si la sécheresse devait perdurer, la paille ne sera pas suffisante et il faudra alterner avec du foin ou de l’enrubannage.
5. Tenir jusqu’au retour de la pluie
Acheter à cette époque des pulpes sèches ou des coproduits est onéreux, mais le prix augmentera encore si la demande s’emballe. Si c’est possible, il est préférable d’utiliser ses céréales en complément à condition de pouvoir les aplatir. Attention, cependant, à ne jamais donner de céréales fraîches au risque d’empoisonner vos animaux. Il faut attendre trois semaines après le battage avant de les utiliser progressivement (tableau 2).
6. Se constituer un stock de dérobées
Une moisson précoce, le semis de dérobées est à envisager. Souvent, le faible rendement aboutit rapidement à un coût élevé, de plus de 100 Ä la tonne de matière sèche.
Le retour de la pluie
Il faut l’espérer… Ne vous précipitez pas sur votre semoir d’engrais pour booster la production d’herbe des prairies. Les derniers apports n’ont pas toujours joué pleinement, et dans tous les cas, laissez donc la nitrification naturelle des sols riches en humus dans les prairies relancer la production d’herbe.
Comment mettre la mélasse ?
Pour mettre la mélasse, disposez deux balles l’une sur l’autre. Avec votre arrosoir, déversez la mélasse sur la balle du haut, ce qui n’est pas forcément aisé. Le lendemain, utilisez la balle du haut et replacer une balle en dessous de celle qui a absorbé l’excédent de mélasse. Et ainsi de suite. Si la mélasse vous semble trop coûteuse, vous pouvez verser de l’eau salée à raison de 500 g de sel par balle pour stimuler l’appétit.