Elevage : un suivi des génisses laitières minutieux
Le troupeau moyen des adhérents d’Avenir conseil élevage
a augmenté de dix-sept vaches laitières en cinq ans. Mais l’élevage des génisses ne semble pas être une priorité, alors qu’il s’agit de l’avenir du troupeau.
Pour aborder le thème des génisses, il faut commencer par évoquer la fin de carrière des vaches. L’élevage de génisses n’a en effet qu’un objectif : prendre le relai des vaches qui ne vêleront plus. Mais jeunesse ne rime pas avec perfection…
Pour prendre la décision de réformer un animal plutôt qu’un autre, l’éleveur analyse un ensemble de données. Sans surprise, la qualité du lait est toujours en tête des causes de réforme, la reproduction arrive en deuxième position et les problèmes de pattes se placent sur la troisième marche du podium.
En revanche, il faut noter les similitudes de ce classement avec les problématiques rencontrées par les génisses ou primipares. Avec 37 % des primipares à plus de 100 000 cellules au premier contrôle, la problématique qualité du lait n’est clairement pas réservée aux vaches en fin de carrière. Pour ce qui est de la reproduction, uniquement 23 % des élevages parviennent à obtenir un taux de réussite à la première IA supérieur ou égale à 50 % (tableau 1).
Ces résultats de reproduction ne sont pas en faveur d’un abaissement de l’âge au premier vêlage qui stagne toujours autour de trente mois. Ce dernier critère est pourtant prépondérant dans l’analyse économique du renouvellement. En effet, pendant cette phase improductive, des surfaces fourragères sont consacrées à l’alimentation et de l’espace dans le bâtiment au logement des génisses. Ne pas maîtriser l’âge au vêlage peut très rapidement faire grimper la facture !
Mesurer pour gagner
Pour parvenir à inséminer les génisses au bon moment, il est essentiel d’avoir des repères de croissance durant la vie de l’animal. Le poids de naissance est principalement conditionné par l’alimentation de la mère avant vêlage.
Au sevrage, une génisse devrait avoir doublé son poids de naissance. Compte tenu des durées de phases lactées variables, ce repère peut présenter des situations bien différentes. Afin de s’affranchir de ce biais dans les comparaisons, il est admis qu’à trois mois une génisse doit se rapprocher des 120 kg. Dans tous les cas, à six mois, elle doit atteindre les 200 kg
quel que soit l’objectif d’âge au vêlage. Ce dernier repère est très important puisqu’il détermine le gabarit adulte de l’animal. Le moindre retard de croissance à six mois ne se rattrape pas !
Le logement et le confort du veau jouent un rôle important, tout comme un plan d’alimentation adapté à chaque phase de croissance. Dans tous les cas, pour valider les pratiques ou les améliorer, il est indispensable de disposer de repères, tels que la pesée des génisses.
Le poids de naissance est important, il constitue la base de l’analyse. Contrairement à une idée répandue, l’estimation à l’œil reste approximative. Par la suite, la pesée régulière permet de bénéficier d’un véritable suivi de croissance. A trois mois, seulement 17 % des génisses pèsent plus de 120 kg. Et même si, à six mois,
26 % des génisses pesées atteignent l’objectif des 200 kg, il est clair que tout retard de croissance (y compris lors de la phase prénatale) est préjudiciable et peu réversible (tableau 2).
Pour travailler à l’amélioration de la situation, il est donc nécessaire de peser régulièrement les génisses et pas seulement au moment de sélectionner les animaux à inséminer sous peine de perdre des informations utiles pour ajuster l’alimentation.
Avec une croissance suivie, il est possible d’équilibrer les rations en fonction du poids des animaux. En d’autres termes peser les génisses, c’est investir dans l’avenir du troupeau pour forcément gagner sur le long terme.