Elevage laitier
Eleveurs bovins (3/10) : il investit (encore) dans l'atelier lait
Ils sont éleveurs bovins par choix, et leur professionnalisme leur permet de vivre de leur métier. Chaque semaine, nous allons à la rencontre de l’un de ces passionnés de la Somme. François Boucher, à Drucat, a investi pour plus de fonctionnalité et de rentabilité de l’atelier lait.
Ils sont éleveurs bovins par choix, et leur professionnalisme leur permet de vivre de leur métier. Chaque semaine, nous allons à la rencontre de l’un de ces passionnés de la Somme. François Boucher, à Drucat, a investi pour plus de fonctionnalité et de rentabilité de l’atelier lait.
Depuis son installation en janvier 2017, François Boucher a révolutionné l’exploitation familiale, à Drucat, près d’Abbeville. Reprendre des terres pour augmenter le chiffre d’affaires ? C’était inenvisageable. «Conduire un tracteur ne me motive pas. Mon métier, c’est l’élevage avant tout. Alors, j’ai choisi de me concentrer sur le troupeau de laitières.» L’objectif : augmenter la production de 500 000 l en quatre ans. «Nous avons 1 250 000 l de référence et on va produire 1 100 000 l cette année. On en approche !» Pour augmenter le cheptel, il a recours à l’insémination artificielle et aux paillettes sexées. Même les génisses sont inséminées de la sorte. «Une opportunité d’un litrage supplémentaire peut toujours se présenter.» Pour gérer tout ce monde, il a donc fallu se donner les moyens de ces ambitions.
«Je cherche la rentabilité plus que la productivité.»
La préoccupation majeure, concernant le développement de l’élevage, était le confort de travail et celui des animaux. «Je cherche la rentabilité plus que la productivité.» Des travaux d’ampleur, réalisés grâce à deux demandes de subventions dans le cadre du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE), ont permis de délocaliser entièrement l’atelier lait. «Nous avons doublé le bâtiment des génisses et installé une salle de traite de 2x20, en simple équipement.» Sa mise en route a été un vrai soulagement. «Avec la 2x6, nous mettions 3h pour traire, à deux personnes. Aujourd’hui, une heure suffit pour traire les cent vaches.»
La deuxième partie des travaux concernait l’aménagement du bâtiment des laitières, avec logettes sur matelas à eau, et système lisier caillebotis intégral, avec robot aspirateur. «Cette installation offre un vrai gain de temps par rapport à l’aire paillée. En revanche, il faut que les vaches s’adaptent. Aujourd’hui encore, quelques-unes cherchent leurs marques», confie-t-il.
L’alimentation déléguée
Pour réduire la charge de travail, François Boucher a fait le choix de déléguer l’alimentation. Le PCAE lui a notamment permis d’investir dans de nouveaux silos, avec reprise automatique des concentrés. «Pour la distribution, j’ai recours à la prestation de service avec un éleveur voisin. Chaque jour, il vient avec son automotrice nourrir les vaches réparties en deux lots.» Ne reste que l’entretien des silos à effectuer. La ration, à base de paille, ensilage d’herbe, pulpes, maïs et correcteur, est ajustée si besoin. «Tous les matins, selon les refus, j’envoie un message pour indiquer les quantités. C’est un fonctionnement souple et pratique.» Les prairies sont aussi valorisées par une partie du troupeau. «Je dispose de 4 ha pour les cinquante vaches en fin de lactation. Pour celles en début de lactation, il s’agit plus d’une aire de promenade, bénéfique à la bonne santé des pattes.»
Ce poste délégué a permis d’optimiser le parc matériel. «J’ai revendu deux tracteurs, dont un qui ne servait qu’à nourrir les vaches, pour n’en acheter qu’un.» Largement suffisant pour les travaux des champs (85 ha, plus 12 ha de prairies temporaires et 30 de prairies permanentes).
Pouvoir dégager du temps
Aujourd’hui, l’éleveur sort néanmoins tout juste la tête du guidon. «Ces travaux étaient très chronophages, d’autant que j’ai beaucoup fait moi-même pour réduire les coûts.» Malgré l’aide de son père, désormais à la retraite, ainsi que d’un apprenti et d’un stagiaire, difficile de se relayer pour dégager du temps libre. «Nous avons toujours voulu participer à la formation des jeunes. Ils donnent un bon coup de main, mais ne sont pas autonomes tout de suite. Il faut les encadrer.» Le père de famille espère pouvoir trouver une organisation plus souple à l’avenir. «Cela passera peut-être par l’embauche d’un salarié ?» Quant à la rentabilité de l’exploitation, François Boucher se projette à long terme : «le temps d’amortir les investissements, j’espère en vivre correctement dans une dizaine d’années.»
PCAE : le coup de pouce à saisir
Comme François Boucher, de nombreux éleveurs sollicitent des subventions dans le cadre du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) pour booster leur projet. L’objectif de ce plan est d’aider les investissements réalisés par les exploitants agricoles permettant de moderniser l’appareil de production, d’innover, de combiner performance économique, environnementale, sanitaire et sociale, et de favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs. Il englobe également les mesures spécifiques de la région sur la gestion de l’herbe (DGSE) et les conditions de travail (DACT).
Le PCAE est financé grâce à des crédits de l’État, du Conseil régional, des Agences de l’eau Artois-Picardie et Seine-Normandie, des conseils départementaux de l’Aisne et de la Somme, et de la Communauté de communes de la région de Château-Thierry. Le co-financement de l’Europe par le Feader représente la part la plus importante. L’autorité de gestion de ce dispositif est le Conseil régional. La demande doit porter sur au moins 10 000 € HT d’investissement éligible, sinon le dossier ne sera pas instruit. De même, vous ne pouvez pas engager les dépenses avant d’avoir déposé votre dossier de subvention. Pour les dispositifs d’investissement individuel, le taux de base de la subvention est de 40 % de l’investissement, exception faite de la mesure 5.10 (protection des productions fruitières). Ce taux de base peut être majoré grâce à certains critères, notamment : JA, bio, Maec. Le taux obtenu est dégressif au-delà de 40 000 € d’investissement. Le montant maximum des investissements éligibles est de 600 000 €. Le prochain appel à projets (dossiers à déposer à la DDT(M)) aura lieu du 15 février au 30 avril.