Syndicalisme
En pleine récolte de pommes de terre, le directeur de la DDTM du champ à l’usine
Le directeur de la DDTM de la Somme, Xavier Rousset, a consacré ce mercredi 2 octobre, une matinée aux filières pommes de terre.
Le directeur de la DDTM de la Somme, Xavier Rousset, a consacré ce mercredi 2 octobre, une matinée aux filières pommes de terre.
Le ciel est bas, et la terre grasse en ce mercredi matin sur le plateau de Cerisy, surplombant la commune de Sailly-Laurette où l’on voit encore les stigmates de l’orage de mai dernier. «On arrache péniblement dans ces terres un peu argileuses et caillouteuses. Ça tourne à 1,3 km/h, on n’avance pas et si le soleil ne vient pas, on va devoir changer de secteur», commente Xavier Palpied, président du SEA Chaulnes-Rosières en accueillant Xavier Rousset, directeur de la DDTM de la Somme. Accompagné de Jean-Luc Becel, chef du service économie agricole et de Denis Bully, président de la FDSEA, celui-ci poursuit son immersion dans les filières clé du département. En ce 2 octobre, la matinée est ainsi consacrée à la pomme de terre. Dans les champs, autour du chantier d’arrachage, la parcelle raconte son histoire : le travail du sol et la qualité d’implantation au printemps, la tubérisation favorable cette année, les différences de variété et de process entre les segments de commercialisation (chips, frites, ou frais), les périodes critiques pour la production, la pression maladie très forte en 2024… Au fil de la conversation, Xavier Palpied illustre toutes les phases clé de la production, l’enthousiasme des marchés à l’heure actuelle, mais aussi la sensibilité de la production aux maladies et aux stress, et l’organisation des chantiers pour déployer les moyens matériels et humains avec une grande réactivité sur un temps bref et contraint par la météo. La dimension humaine prend tout son sens en arrivant au hangar de stockage où sept personnes s’affairent entre le déterreur, les palox, le répartiteur de tas, les bennes et les chariots. «La terre, c’est le cocon de la pomme de terre jusqu’au dernier moment dans le champ : elle impacte la productivité, mais aussi la taille et la richesse des tubercules ou la qualité de la peau pour être en phase avec les marchés. Par contre, toute la difficulté de l’arrachage et du chantier de triage consiste à enlever la terre sans choquer la pomme de terre», poursuit-il. Et d’expliquer ensuite le rôle des systèmes de ventilation dans l’abaissement de la température du tas après sa stabilisation, à des températures précises selon la perspective de durée de stockage.
Immersion à Vecquemont
Autre filière, autre ambiance : à Vecquemont, c’est Patrick Poret, directeur du site industriel féculier, qui a personnellement conduit une visite complète du site Roquette. «À l’échelle européenne, Roquette est le plus petit des quatre groupes majeurs de la fécule de pomme de terre, et le site de Vecquemont est le seul site de production de fécule de pomme de terre, que ce soit à l’échelle du groupe ou sur le territoire national», commente-t-il. Après la bascule et l’échantillonnage, il a présenté toutes les phases traversées par la pomme de terre féculière, dont le site «extrait l’intégralité du contenu, que ce soit en fécule, en fibres, en protéines ou en solubles, chaque composante correspondant à un marché spécifique».
Le site mobilise compte tout au long de l’année environ 125 collaborateurs pour les activités de conditionnement et recomposition des produits pour son activité permanente, et voit son effectif doubler durant les quatre mois de campagne. Ses adaptations industrielles reposent sur les nouveaux débouchés en croissance, ce qui implique des process à valider puis à déployer massivement (pour les protéines fibres et solubles), les économies d’énergie - même si le site dispose d’un méthaniseur, cette énergie ne correspond qu’à 15 % de ses besoins - ou d’eau - le groupe Roquette a annoncé un plan d’économie de 30 % sur ses sites à horizon 2030 -, et l’adaptation à des contraintes normatives ou réglementaires en croissance constante. «À titre d’illustration, si les eaux d’épandages avaient été considérées comme un effluent organique tel que les lisiers, comme le prévoyait la directive nitrates, les investissements à réaliser sur site n’auraient pas été supportables ni supportés d’ailleurs», a souligné Patrick Poret.
Des concurrences et des complémentarités
Au cours des diverses explications fournies et des compléments et interrogations qu’il a formulés, Xavier Rousset a exprimé à plusieurs reprise son intérêt pour ces productions qui font partie de la même famille et vivent aussi en concurrence en termes d’attractivité pour les producteurs. Et d’appréhender les sujets de recherche sur les variétés pour appréhender au mieux la menace la plus commune à ces deux filières : le changement climatique et la protection des plantes. Denis Bully a insisté sur l’impact des filières, tant pour l’économie des exploitations que celles des territoires, entre les salariés directement concernés sur les exploitations ou dans les usines, mais aussi tous les acteurs de maintenance aux alentours. Quoi qu’il en soit, la matinée a été riche et dense pour Xavier Rousset, qui continue ainsi son immersion dans les filières samariennes.