Environnement : premier bilan de la loi Labbé
Depuis un an, les collectivités locales ne peuvent plus
employer de produits phytosanitaires pour l’entretien
des espaces verts. Dans les Hauts-de-France, les salariés des communes mettent en œuvre des méthodes alternatives et communiquent auprès des habitants.
Le «zéro phyto» dans les rues et les places de village est aujourd’hui une réalité. Parallèlement au plan Ecophyto réglementant la profession agricole, l’entrée en application de la loi Labbé en janvier dernier a changé la donne dans la tenue des lieux publics. Les techniciens en charge de l’entretien des parcs, des routes ou des voiries étaient en contact direct ou indirect avec les intrants. Aujourd’hui, ils ont l’obligation de se former aux pratiques plus durables et de les appliquer au quotidien dans leur métier.
Plusieurs milliers de certiphyto délivrés
Près de deux cents professionnels des services techniques de toute la région se sont réunis à Arques (62) pour dresser un premier bilan d’une année riche en changement. «Sur les 42 194 Certiphyto* attribués dans les Hauts-de-France, 6 515 ont été remis à des opérateurs ou applicateurs de collectivités territoriales, indique Christine Bernier, de la Draaf. Ces chiffres montrent bien que ces derniers sont mobilisés en faveur de la sécurité environnementale. » Les employés des municipalités pouvaient passer le Certiphyto depuis 2012, mais il n’était pas encore obligatoire. Vingt-deux organismes de formation organisent des sessions régulières dans la région. L’attestation doit être renouvelée tous les cinq ans. Les premiers diplômés doivent donc penser à faire une demande de renouvellement auprès de nos services, trois à six mois avant la date d’échéance», précise Christine Bernier.
Associer la population
De l’avis général des participants à la journée, la loi Labbé a permis d’établir des avancées prometteuses dans les communes. «Les nouvelles mesures (lutte biologique intégrée, méthodes alternatives, gestion différenciée, ndlr) sont très bien perçues par les riverains, note David Brunet, responsable du service espaces verts à Arques. Il est maintenant nécessaire d’associer la population à nos efforts et de communiquer auprès des habitants afin qu’eux aussi soient vigilants.» Afin de garantir la délivrance d’un conseil adapté, notamment pour les produits les plus dangereux, la vente aux particuliers en libre-service n’est également plus possible depuis neuf mois. Les distributeurs ont installé des aménagements spécifiques empêchant l’accès direct au produit : la création de nouveaux espaces de vente animés par un conseiller ou l’installation de bornes interactives se sont progressivement mises en place.
«Cette mesure préfigure la prochaine étape prévue par la loi de transition énergétique : au 1er janvier 2019, la vente de produits sera interdite aux particuliers», rappelle Sylvie Barois, responsable environnement à la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) du Nord-Pas-de-Calais. «Nous avons un rôle d’accompagnement envers la population (affichage, réunions…)», souligne Céline Melmies, de la Capso**. «La réussite d’une municipalité “zéro phyto” en va de la responsabilité de tous», complète Sylvain Pauwels, chef du service cadre de vie de Saint-Omer (62).
Une charte pour aller plus loin
Pour mobiliser les citoyens, certaines communes souhaitent aller plus loin dans leurs démarches. Elles s’engagent à respecter la «charte d’entretien des espaces publics», proposée par l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Celle-ci repose sur une démarche volontariste et progressive (cinq niveaux sont définis), visant à faire évoluer les pratiques. «Elle décrit les actions dans lesquelles s’engage la collectivité pour maîtriser les risques de pollutions ponctuelles et diffuses des ressources en eau, liées notamment aux habitudes de désherbage», explique Nolwenn Thépaut de l’agence de l’eau.
Un cahier de suivi annuel est à remplir au fil du temps par les équipes d’entretien. Si des points de la charte ne sont pas complètement respectés, des observations et conseils d’amélioration peuvent être apportés par les partenaires. Des objectifs de réalisation sont alors proposés en concertation avec la collectivité afin de les atteindre.
* Certificat individuel délivré aux professionnels à l’issu d’une formation sur les pratiques durables.
** Communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer.