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Etre performants pour faire face aux aléas sociaux

Une des six fermes pilotes du projet européen EuroDairy a ouvert ses portes afin de témoigner de ses pratiques pour tendre vers une résilience optimale.

Damien Lecuir a ouvert les portes de son exploitation afin de faire part des pratiques mises en place au Gaec pour renforcer la durabilité de son élevage.
Damien Lecuir a ouvert les portes de son exploitation afin de faire part des pratiques mises en place au Gaec pour renforcer la durabilité de son élevage.
© c. delisle

Depuis plus d'un an, des éleveurs laitiers normands sont engagés dans le projet européen EuroDairy et travaillent à déterminer et caractériser les différents leviers permettant à une exploitation d'appréhender et de gérer tous les aléas. Ils ont ainsi défini la résilience comme étant la capacité d'adaptation de l'exploitation à s'adapter aux aléas sociaux, économiques et environnementaux.
Concrètement, elle doit faire face à des risques externes (climat, crise, sanitaire) et internes (social). Sa faculté à les affronter pour poursuivre sa course détermine sa résilience. Afin de partager les premiers résultats de ce projet, une journée d'échanges a été organisée. Elle s'est déroulée au Gaec Noury, à Ryes, dans le Calvados (Normandie).
Damien Lecuir, l'un des deux associés du Gaec, depuis 2006, a fait part de leur vision de la résilience en rationalisant leur système pour, aujourd'hui, aller vers «un système décisionnel et productif afin de gagner en sécurité, efficacité, performance et sérénité».

Mutualisation des compétences
Le premier axe de travail mis en place dans l'exploitation a été la mutualisation des compétences entre les associés du Gaec, mais aussi les salariés. «Ainsi, les compétences ont été identifiées et réparties sur l'ensemble du collectif de travail. Chacun des associés prend ses décisions. Les salariés sont, quant à eux, polyvalents. On a mis des facteurs de travail en commun. Notre système est organisé. Une obligation, lorsque l'on gère de la main-d'oeuvre salariale et des saisonniers. Des panneaux d'affichage sont installés partout pour communiquer. Notre système est également rentable. Une nécessité pour manager correctement une équipe. On a une règle, manger ensemble le midi. Je prépare le repas pour tout le monde. On en profite pour faire le planning de la semaine et définir précisément le travail de l'après-midi et du lendemain matin. D'autre part, on n'oublie pas de se dégager du temps libre. Chaque associé dispose de deux à trois semaines de congés par an et de trois week-ends par mois. Du samedi midi au lundi matin, une personne seule suffit pour faire le travail», explique Damien Lecuir.
Pour répondre aux contraintes sociales, les deux associés ont créé en 2017 un groupement d'employeurs. Son second intérêt est de conforter l'emploi des salariés chez d'autres employeurs pendant les périodes calmes, comme l'hiver. En matière de durabilité sociale, les salariés peuvent obtenir des primes sur la qualité du travail, une prime d'ancienneté et bénéficient de plusieurs avantages en nature : repas, véhicule. Une réflexion a, par ailleurs, été engagée sur un projet de rénovation de logement proche de l'exploitation et dédié aux employés.

Simplification du système
Le deuxième axe étudié est celui de la simplification du système de production. «Les itinéraires techniques sont simplifiés. On a maximisé le pâturage avec peu de récoltes mécaniques. On réfléchit, par ailleurs, à une possible conversion en agriculture biologique du troupeau laitier. La reproduction s'effectue en monte naturelle. Les vêlages sont regroupés sur trois mois (avril-mai et septembre). Aucun vêlage n'a lieu de novembre à février pour limiter les risques sanitaires, ni en juillet et août pendant les moissons. Les veaux mâles et femelles sont séparés pour le même motif, lors des enlèvements des mâles. Les vaches sont taries par lot», note l'éleveur.

Chiffres clés : 900 000 litres de lait, 300 hectares, dont 60 de prairies et le reste cultures de vente, 100 vaches laitières Prim'Holstein et croisées, deux associés et deux salariés. 
Prestation pour le travail des champs.

Un réseau européen

Le projet européen EuroDairy rassemble les principaux pays laitiers européens (Royaume-Uni, Irlande, Pays-Bas, Danemark, Suède, Finlande, Belgique, Allemagne, Pologne, Italie, Espagne, Portugal, Slovénie et France), et regroupe vingt partenaires. Le projet, axé sur le transfert des connaissances et références, consiste à mettre en réseau les groupes d'innovation et à stimuler les échanges entre éleveurs, experts et scientifiques des différents pays partenaires. L'Union européenne a choisi de financer le projet EuroDairy dans le cadre de son programme pour la recherche et l'innovation (Horizon 2020). Il met l'accent sur les problématiques qui affecteront la durabilité future : l'utilisation efficiente des ressources, la biodiversité, le bien-être et la santé animale, ainsi que la résilience socio-économique. En France, cinq régions sont impliquées : les Hauts-de-France, la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes. EuroDairy repose en particulier sur la construction d'un réseau de cent vingt fermes laitières pilotes innovantes et de quarante-deux groupes opérationnels d'échange au niveau européen.

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