Faire rimer autonomie et économie dans l’alimentation des vaches
La notion d’autonomie est très régulièrement mise en avant dans les réflexions d’avenir des élevages. Mais, au fait, de quoi parle-t-on ? S’agit-il d’autonomie en fourrages, en concentrés, en protéines, voire en énergie pour des systèmes plus
herbagers ? Le point avec Avenir conseil élevage (ACE).
La notion d’autonomie est très régulièrement mise en avant dans les réflexions d’avenir des élevages. Mais, au fait, de quoi parle-t-on ? S’agit-il d’autonomie en fourrages, en concentrés, en protéines, voire en énergie pour des systèmes plus
herbagers ? Le point avec Avenir conseil élevage (ACE).
Au-delà d’une volonté technique ou «philosophique», la recherche d’autonomie doit s’inscrire dans une démarche globale afin de valider la viabilité et la durabilité des changements à opérer et ne pas remettre en cause le revenu économique. Comme toujours, l’évolution requiert une méthode et un plan.
Une SFP* cohérente pour plus d’autonomie
La recherche d’autonomie fourragère est d’abord l’occasion de faire une analyse du système fourrager et de vérifier sa cohérence. Pour cela, le calcul des volumes de fourrages produits et des besoins des effectifs permet de voir si la balance est positive ou négative. Dans ce deuxième cas, avant de modifier le système, il convient de vérifier l’adéquation entre l’effectif et le volume de lait à produire. À production de lait équivalente, la quantité de fourrages nécessaires peut varier dans des proportions non négligeables en fonction du nombre de vaches, de leur efficacité alimentaire (kg de lait /kg MS ingérée), des génisses présentes (nombre, âge au vêlage), de l’objectif de niveau de production… D’après les données marge brute (MB) d’Avenir conseil élevage, pour produire 100 000 litres de lait, le besoin fourrager théorique varie de plus de 20 % selon ces différents éléments. La première étape est donc de comparer les apports réels de fourrages avec les besoins théoriques afin d’améliorer l’efficacité alimentaire.
Parallèlement, et de la même manière, le volume de fourrages produits doit être mis en relation avec les variables d’ajustements possibles : mes rendements sont-ils conformes au potentiel de la SFP actuelle ? Dans certains cas concrets, l’amélioration du pâturage (date de sorties, suivi de la pousse de l’herbe et de ses stades végétatifs, fertilisation…) a suffi à fournir le surplus de stock fourrager pour sécuriser un bilan et limiter, voire supprimer, les achats extérieurs.
Lorsque ces points sont validés et qu’il n’est plus opportun d’améliorer les leviers précités, alors il faut se tourner vers les solutions pour accroître l’offre fourragère. L’augmentation de la proportion de SFP dans la SAU est à arbitrer selon le résultat du calcul d’intérêt par rapport aux cultures de vente et la volonté d’atteindre l’autonomie. Il peut être économiquement plus intéressant d’acheter un complément de fourrage.
Même méthode, mêmes effets
D’après les chiffres des élevages en suivi économique marge brute ACE, 16 à 17 tonnes de matière azotée totale sont distribuées pour produire 100 000 litres de lait. Pour aller vers plus d’autonomie protéique (ou énergétique), le principe de réflexion est identique à ce qui a été expliqué précédemment. Autrement dit, le traitement des incohérences (efficacité des apports, gaspillages) est essentiel. Il peut s’agir, par exemple, de revoir le rationnement d’une catégorie d’animaux afin d’optimiser les apports. Cela passe par des questions concrètes : quel aliment est distribué, à quelle période, à quelle catégorie et pour faire quoi ?
Ces ajustements peuvent avoir un effet immédiat. Ensuite, l’autonomie protéique passe par la qualité des fourrages, leur stade de récolte et leur conservation. En complément, il faut peut-être expérimenter d’autres espèces plus adaptées aux besoins en termes de rendement, MAT, UF… C’est avant tout l’optimisation des fourrages qui permettra de diminuer les achats extérieurs de correcteurs azotés et énergétiques. Le pourcentage d’autonomie protéique (MAT produites/MAT utilisées) augmentera grâce aux choix et à la qualité des fourrages, et ensuite par la pertinence et l’efficacité des concentrés distribués.
Finalement, pour orienter un élevage vers davantage d’autonomie, nous regarderons d’abord à ajuster les apports et, seulement après, nous entamerons le travail pour réduire les achats. La recherche d’autonomie favorise la remise en question. C’est un objectif qui peut faire bouger les lignes de votre système fourrager pour le rendre plus efficace et plus cohérent. C’est aussi un travail qui peut être perçu différemment : besoin de s’affranchir des fluctuations de marchés, de limiter son impact environnemental en produisant sur place plutôt qu’à l’extérieur… Ces volontés doivent s’accorder avec les besoins économiques de l’élevage, attention à ne pas aller trop loin et trop vite.
*SFP = Surface fourragère principale